jeudi 29 septembre 2011

Si j'étais Grec...

Je ne veux pas être Grec. Je devrais plutôt préciser : je ne veux pas être dans la situation des Grecs d'aujourd'hui. Je vais même encore ajouter : je ne veux pas me faire attaquer de toutes parts par les requins des finances et du monde richissime qui veulent me manger tout cru. Je ne voudrais pas voir l'arrivée des prédateurs qui ont appauvri mon pays pour mieux me le voler.

C'est très facile pour l'Europe et le monde entier de venir pointer le doigt sur la mauvaise gestion du pays et la corruption latente. C'est très simple de venir accuser le peuple Grec dans son ensemble et venir lui imputer tous les maux. Bien sûr, il est évidemment beaucoup plus agréable de rejeter la faute sur le plus faible.

Mais avoir la lâcheté de venir dire que les citoyens lambdas sont responsables de la crise de l'Euro et de toutes les calamités qui tombent sur le continent est d'une facilité déconcertante que je refuse de cautionner. Car l'Europe, justement, est fautive. C'est la Communauté Européenne qui doit donc assumer sa honteuse collaboration à la ruine du pays.

Revenons rapidement sur l'Histoire contemporaine grecque. La dictature des colonels se termine en 1974, en 1980 elle réintègre l'O.T.A.N. et en 1981 elle intègre la C.E.E. La pauvreté du pays était bien connue, mais qui aurait pu aller contre l'intégration du berceau de la démocratie? Le pays était catalogué socialiste et stratégique dans la situation géopolitique des Balkans.

Dans les années de 1994 à 1999, le Hainaut (ma région) avait été aidée par la Communauté Européenne. Je me souviens très bien qu'à l'époque nous n'étions pas fiers d'être aidés au même titre que la Grèce ou le Portugal... Tiens donc, c'est bien avant l'Euro, non? Ce que je veux dire par là, c'est que nous savions tous quelle était la situation de la Grèce.

Je n'étais pas très content de la gestion de ma province à l'époque, mais que se serait-il passé si à l'époque j'avais été un citoyen Grec? Et surtout qu'est ce que j'aurais pu faire? Qu'est-ce que j'aurais pu mettre en oeuvre si mon gouvernement avait détourné tout cet argent et que j'aurais été incapable de l'en empêcher? Rien, probablement.

Car tout est là, durant plus de vingt ans, les gouvernements grecs qui se sont succédés à la tête du pays ont été corrompus par les dirigeants européens et par les différents lobbies. Qui a continué à donner de l'argent sans contrôle? Qui a fourni de l'armement? Qui a donné les jeux olympiques? Qui a laissé faire tout cela sans jamais intervenir?

Toute personne qui a voyagé en Grèce sait que les habitants avaient les yeux bien ouverts. Tout le monde savait ce qu'il se passait, c'est vrai. Qui peut me faire croire que nos dirigeants, eux, ne savaient pas? Qui ose venir me dire que personne ne voyait rien et que c'est en toute ignorance que l'Europe a laissé faire?

Si vous aviez eu 30 ans en 1990 et que vous aviez connu le régime dictatorial des colonels, est-ce que vous auriez osé sortir dans la rue? Est-ce que vous auriez risqué d'être torturé ou tué alors que l'avenir semblait radieux? Est-ce que si, au même moment, vous aviez eu l'Europe qui vous vendait de l'espoir, vous n'y auriez pas cru?

Au début du deuxième millénaire, l'Europe justement a continué à déverser des millions d'euros à fonds perdu. C'est pourtant cette même Europe qui a accepté que la Grèce entre dans la zone euro. Est-ce que c'était un choix judicieux? A qui profitait le crime? Et quels intérêts étaient en jeu pour accepter cette aberration? Est-ce que le citoyen lambda, pour en revenir à lui, pouvait donner son avis?

Si j'étais Grec en 2011, je vomirais l'Europe. Oui, sincèrement. L'Europe, l'Euro et le F.M.I. Je ferais un beau gros doigt d'honneur à tous ces états qui veulent soi-disant m'aider. Parce que ce sont ces mêmes états qui ont laissé la situation actuelle se dégrader. Ce sont eux qui ont soutenu et parrainé la décadence de mes gouvernants, sans qu'ils ne me laissent intervenir.

Si j'étais Grec, que devrais-je penser de Sarkozy qui m'impose la terreur des plans de rigueur tout en ayant des contrats d'armement dans sa mallette? Que devrais-je penser de Merkel qui voudrait me prêter de l'argent à taux usurier tout en voulant me refourguer des sous-marins? Si j'étais Grec, j'exècrerais ces personnages.

Si j'avais été ce grec lambda pendant les années 80, 90 et 2000, j'aurais été dégoûté de voir mon pays corrompu, mais l'optimisme et la soif d'un projet d'avenir m'auraient probablement porté vers une aspiration de solution. J'aurais eu l'assurance que la commission européenne aurait fait cesser ces actes de haute trahison de mes propres édiles.

Mais si j'étais Grec aujourd'hui, en septembre 2011, et qu'après toutes ces années d'aide au pillage, de sauvegarde du système de détournement et de soutien au pourrissement de mon pays, les Européens oseraient me demander de leur vendre mon pays, et bien je les enverrais chier. Point. Comment pourrait-il en être autrement?

Si j'étais Grec, je mettrais mon pays en faillite et j'enverrais toute l'Europe se faire voir... chez les Grecs.


Voici une vidéo qui illustre mon billet du jour on-news.gr

#cestjoelle

Ce n'est plus un scoop pour personne en Belgique, mais il est important de le signaler pour mes lecteurs du monde entier : la nomination d'Yves Leterme à l'OCDE a été rendue possible par Joëlle Milquet. Il paraîtrait que c'est grâce aux bons résultats de la politique de l'emploi en Belgique, et notre ministre en est fière.

Heureusement, les enquêteurs du monde planétaire universel ont des archives ultra confidentielles qu'ils peuvent ouvrir de temps en temps. Et c'est, une fois de plus, sur Twitter que ces informations ont été écoulées au compte-goutte. C'est tout simplement sidérant, celle qui était laconiquement surnommée «madame Non» est en fait bienfaitrice de l'humanité #cestjoelle.

En effet, ils suffit de taper #cestjoelle dans la barre de recherche pour se rendre compte que sa notoriété et ses compétences ont largement dépassé les frontières linguistiques. Au départ, il y a son travail personnel : le cdh #cestjoelle, les oranges #cestjoelle , le jumelage avec le PS #cestjoelle, ou encore Benoît Lutgen #cestjoelle.

Personne ne le savait, cependant notre Joëlle nationale est présente sur tous les fronts, elle est de toutes les batailles. Elle a mis son nez partout afin de régler tous les problèmes du genre humain. Il faut dire que les négociations en Belgique lui ont donné une sacrée expérience. Parce que oui, le sauvetage de la Belgique #cestjoelle.

La bataille de Waterloo #cestjoelle, le pont de la rivière kwai #cestjoelle, le débarquement #cestjoelle, la capture de Saddam Hussein #cestjoelle. Elle a même été jusqu'au pakistan ! Plus de doute possible, le commando contre Oussama Ben Laden #cestjoelleaussi. Il paraît qu'on peut remonter jusqu'au sauvetage du peuple juif, car le partage des eaux#cetaitdejajoelle.

Les internautes témoins des actions de Joëlle Milquet nous ouvrent les yeux à la réalité. Le monde tourne #cestjoelle. Le big bang #cestjoelle. Les neutrinos qui vont plus vite que la vitesse de la lumière #cestjoelle. La théorie de la relativité #cestjoelle. Les bases de la physique quantique aussi #cestjoelle. Vous vous rendez compte, elle était là, sous les projecteurs et nous ne le savions pas.

La discretion #cestjoelle. L'abnégation #cestjoelle. La modestie, le mystère et la réserve de pudeur retenue, oui #cestjoelle. Est-ce que vos yeux s'ouvrent à l'émerveillement aussi? Le ciel bleu, le soleil, les étoiles #cestjoelle. Les petites fleurs, les papillons qui virevoltent, le papillon d'Elio aussi tiens, toutes ces belles choses #cestjoelle.

Ce que personne ne savait, c'est que le patrimoine belge #cestjoelle. Le grand Jojo, Plastic Bertrand ou encore Annie Cordy#cestjoelle! Tintin, Magritte, Horta #cestjoelle. Le Quick, Chez Léon ou encore les gaufres de Wafelman #cestjoelle! Walibi, les grottes de Han ou la cascade de Coo#cestjoelletoutça. Même Milquet#cestjoelle.

Le seul qui n'est pas content dans l'histoire, c'est Chuck Norris. Parce que qui fait le buzz mieux que Chuck ? #cestjoelle. Quand google ne trouve pas quelque chose, il demande à Chuck Norris, mais celle qui lui souffle la réponse #cestjoelle. Chuck Norris fait pleurer les oignons, mais celle qui le fait pleurer #cestjoelle.

Le buzz change de nom #cestjoelle.


L'origine du buzz c'est ici

mercredi 28 septembre 2011

Soyez fiers, Européens!

J'attendais avec impatience le discours de José Barroso de ce matin. Mon côté idéaliste espérait un vrai bond vers l'avant, une remise en question ou encore un coup de poing sur la table. Mais non, rien : du vent, du consensuel, du politicard de base. La seule impression qui en ressort, c'est que l'Europe est une machine très lourde, très éloignée de ses concitoyens et totalement inefficace.

Mais c'est vrai, qu'est-ce que je pouvais attendre d'autre? Les mots du président de la Commission européenne m'ont simplement rappelé que les politiciens ne sont pas là pour prendre des décisions énergiques, mais uniquement pour être certain que les personnes qui les ont boulonnées sur un siège ne décideront pas de les déboulonner. Où est l'inspiration? Où est le leadership? Où est le visionnaire?

Oui, j'espérais une allocution puissante, un coup de pied dans la fourmilière, un regard incisif et mordant sur le comportement des États membres. J'aurais aimé qu'il fustige l'immobilisme de l'Union. J'aurais applaudi qu'il décide de mettre un petit peu d'ordre dans cette grande cour maternelle. J'aurais voulu qu'il prenne ses responsabilités.

Mais c'est vrai, il n'est pas là pour cela. Ô non, il faut s'auto-congratuler, se féliciter mutuellement, être positif, et plaire à tout le monde. Ce pantin n'a jamais réussi à faire autre chose que cela. Il paraît que la commission fonctionne bien. Et bien qu'elle le montre! Au lieu de s'envoyer des sourires et des bisous alors que tout va mal.

Pour l'Euro? Rien. A part des phrases vides du type «Il va falloir faire quelque chose». Bravo, félicitations. Vous êtes comme moi, Monsieur Barroso, vous aimez enfoncer des portes ouvertes. Par contre, dire aux États qu'il est temps d'arrêter leurs gamineries et leurs divisions, qu'ils doivent penser Europe et pas Nation cela aurait certainement été un manque de tact.

Aujourd'hui, chaque pays attend beaucoup de l'Europe mais ne veut rien lui donner. Ce sont ces luttes intestines qui tuent l'union à petit feu. Comment voulez vous que l'Européen, moi par exemple, se sente concerné par ce Parlement qui, au mieux, ne fait rien, au pire, me fait chier dans la vie de tous les jours. Et qui, en passant, coûte une fortune.

Il ne faut pas croire que je sois anti-européen, loin de là. Je suis surtout anti-immobilisme. Je ne supporte plus de savoir que les euro-députés sont assis sur le siège à gagner des milliers d'euros par mois, et qu'ils sont incapables de faire quoique ce soit pour le bien-être des européens. Vous croyez sincèrement que l'homme de la rue a d'autres préoccupations que celles de manger et d'avoir un boulot?

Cela fait trois ans que les marchés financiers pourrissent la vie de l'Europe, mais que les États préfèrent défendre leurs petits intérêts personnels à court terme plutôt que d'avoir une vision stratégique pour l'ensemble de l'Union Européenne. Allez, même pour l'Euro, ils ne sont pas capables de s'entendre. Cela aurait été difficile de le prononcer devant l'assemblée?

Monsieur Barroso, vous nous annoncez fièrement que grâce à une taxe sur les transactions financières, l'Europe va lever 50 milliards d'euros. La somme est rondelette à vue de nez, mais c'est juste peanuts, et vous le savez. Cela correspond à environ 100 euros par année par citoyen européen! Vous pensez sincèrement que les marchés vont arrêter de détruire l'économie européenne pour si peu?

Vous avez eu un petit mot pour «les plus pauvres d'entre-nous». Mais cela vous aurait écorché la bouche de parler directement de la situation des Roms? De condamner le sort affreux qui leur est réservé dans toute la communauté? Cela vous aurait fait mal de pointer le doigt sur la Hongrie qui les met au travail forcé?

Aujourd'hui, j'aurais aimé que l'Europe ait des couilles, oui des balloches, des guts et qu'elle se montre musclée. J'aurais voulu que l'Europe décide de son destin : qu'elle devienne une entité supra-nationale avec tous les pouvoirs qui en découlent, qu'elle empêche les blocus des États, qu'elle stoppe la politique des tous petits pas, qu'elle se bouge.

Moi, je vais pointer l'inefficacité de l'Europe sur un seul point : l'Euro. Cela fait trois ans que la monnaie unique est dans la tourmente. Tout ce que les élus ont réussi à faire, c'est de se diviser et de pointer les plus faibles. Nous avons eu droit à des discours, à des explications pour nous dire à quel point les Grecs sont nuls. Quelle efficacité! Quelle solidarité dans l'adversité!

Au début septembre, c'est la Suisse qui a stoppé sa chute en intervenant sur le marché des changes. Suisse qui n'est ni dans l'Euro, ni dans la communauté. Toute l'incompétence de la commission contre-balancée par un agissement énergique d'un pays de moins de huit millions d'habitants. Cela n'a pas touché votre amour-propre?

C'est cela votre fierté d'être européen?

mardi 27 septembre 2011

Ah, la Wallonie!

Ah, la Wallonie! Voilà une belle région qui est pourtant méconnue. Je vais profiter aujourd'hui de la fête de la Communauté Française de Belgique pour faire un tour non exhaustif des richesses, des atouts et des particularités de ce territoire peuplé de personnages hétéroclites et fort sympathiques appelés Wallons.

Ah, la Wallonie et sa jovialité reconnue dans le monde. Ses habitants sont toujours prêts à faire la fête. Qu'il pleuve, qu'il vente ou qu'il neige, le Wallon ne recule devant rien pour une partie de franche rigolade. Il a une philosophie positive qui lui permet de sortir souriant de toute situation qui pourrait être pathétique. Son secret : l'auto-dérision.

La Wallonie a ses associations, ses cercles, ses clubs, ses partis, ses réseaux : le Wallon n'a pas attendu internet pour être en relation avec ses comparses. Tout prétexte est bon à prendre pour faire la fête. Et, justement, les assemblées sont un bon alibi pour sortir le week-end : le souper spaghetti, le stoemp, ou encore une petite soif-party pour soutenir les jeunes, c'est important.

La tradition wallonne des bistrots et des cabarets est bien plus qu'un mythe, qu'une légende : c'est la base de la vie collective du Wallon. Il y déguste quelques bières en jouant au couyon ou au whist. Peut-être choisira-t-il plutôt de tenter sa chance avec le bingo, ou tout simplement, il s'y arrêtera pour lire sa gazette ou fêter un quelconque évènement?

Il faut goûter à la fête et au folklore Wallons. La propension du Wallon à trouver et à développer des traditions festives est absolument édifiante. Et cela du premier janvier au trente-et-un décembre. Qui ne connaît pas le carnaval de Binche et ses Gilles qui envoient des oranges aux spectateurs? Bien que cela soit un des piliers du patrimoine folklorique, c'est une fête parmi tant d'autres.

Cela commence au nouvel an, et cela se termine par les fêtes de fin d'année qui commencent début décembre avec la Sainte-Barbe, Saint-Eloi ou Saint-Nicolas. Entre temps, il y aura eu les carnaval, les laetare la saint-Toré, Pâques, les communions, le doudou, la fête nationale, le quinze août, les fêtes de Wallonie, et toutes les fêtes régionales comme le goûter matrimonial ou la Simpélour.

N'oublions pas les étudiants wallons et leur sérieux. Celui qui n'a pas visité les campus lors de la rentrée académique ne peut pas s'imaginer l'ambiance irréelle qui règne pour fêter l'arrivée des jeunes adultes dans le monde de l'élite intellectuelle. A coup de « Bleu, gueule en terre ! » ou d' « à-fonds » ils ont la chance d'être recoiffés à la tondeuse tout en apprenant des chants paillards.

Il faut voir ces futurs ingénieurs ou futurs médecins se tenant main dans la main et chantant « j'ai, j'ai, j'ai, j'ai quelquechose de pointu qui me rentre dans le cul qui m'empêche de marcher » Ou encore voir les cortèges de la Saint-Nicolas avec tous ses étudiants assoiffés tendant leurs chopes vers le char à bière tout en fredonnant leur admiration à leur faculté.

La politique Wallonne est un concept en soi. La patrie de Zola, Jaurès et des enfants de Germinal, c'est la Wallonie. Ici, même la droite est à gauche. Le diction régional est le suivant: « rien ne sert de travailler, il suffit d'avoir la carte F.G.T.B.» A coup de réformes sociales, les dirigeants politiques ont réussi à fidéliser leurs électeurs, c'est un modèle universel de clientélisme.

Ne nous éternisons pas sur les choses négatives et faisons un détour par la gastronomie Wallonne : Chimay, Leffe, Orval, Rochefort, Ciney, St-Feuillien, Bush, ou encore Maredsous, Herve, Trou d'Sottai,... Péket, Maitrank, Genièvre... Le chocolat Galler ou Jacques, les fraises de Wépion, les cougnoles, le cramique, le sirop de liège... La tarte al djote, le lapin du lundi parjuré ou encore le pâté gaumais. Qui oserait seulement évoquer les frites?

Il est à noter que la Wallonie a un rayonnement planétaire. Les wallons sont très discrets là-dessus, et pourtant, elle s'est offerte au monde : les verres Durobor, Simenon, Julos Beaucarne, Sandra Kim ou encore Raymond Devos. Évidemment, le plus connu d'entre tous, est le célèbrissime Jean-Claude Vandamme : il a réussi à éclipser tous les autres.

Il est impossible de refermer ce billet sans évoquer ce qui représente le plus la joyeuseté, le folklore, la fête et la convivialité de la Wallonie insouciante. Grâce à une mélodie bien rythmée, des paroles inspirées et la bonne humeur contagieuse, ce wallon a fait danser la planète avec son tube : je parle bien entendu de la Danse des Canards de J.J. Lionel. Ça aussi, c'est la Wallonie.

C'est tout ça la Wallonie. N'est-ce pas Brandon?

lundi 26 septembre 2011

J'aime les Salopes!

J'aime les salopes. Oui, je les aime! Je trouve même complètement absurde qu'elles doivent manifester pour rappeler le droit fondamental à s'habiller comme elles le désirent. Et je me joins à leur combat, car je ne peux pas imaginer ma vie sans elles. Ce n'est pas seulement un combat pour le bien-être des femmes, mais c'est également une lutte pour la Beauté.

J'ai toujours été contre toute forme de censure ou de limitation de droit. Ici, les bien-pensants veulent pouvoir imposer aux femmes ce qu'elles doivent porter. Ce serait non seulement un affront fait à leur beauté, mais c'est surtout un retour vers des pratiques moyen-âgeuses qui ont été bannies depuis très longtemps.

Dès l'aube des temps, les filles d'Ève ont inventé des stratagèmes, des potions, des couleurs, des bijoux pour nous attirer vers elles. Depuis toujours, la mise-en-scène et le jeu de la séduction nous font fantasmer, nous font rêver, nous les hommes. Oui, nous succombons à la tentation, oui, nous tombons dans leurs doux pièges, mais avec Bonheur et Volupté.

Cela ne veut pas dire que lorsqu'elle est est habillé sexy ou que ses jambes sont dénudées, c'est moi qu'elle attend. Cela ne veut pas dire que je dois la prendre de force ou qu'elle veut être violée. Non, cela peut vouloir dire qu'elle se sent unique et qu'elle veut le montrer. Peut-être veut elle se sentir la plus belle des femmes pour son prince? Qui sait?

Peu importe le pourquoi du comment elle s'habille ainsi. C'est son droit, son envie, ses goûts et ses couleurs. Et personne ne doit pouvoir l'insulter ou la contredire dans sa manière d'être. Si certains hommes ont des problèmes avec leur libido et qu'ils ne peuvent pas dompter kiki à chaque fois qu'ils voient le début du commencement d'une paire de fesses, qu'ils aillent se faire soigner.

Comment peut-on imaginer un monde où le chef d’œuvre de la création serait caché? Dans le pire de mes cauchemars, je ne peux envisager un univers où les formes de ces jolies donzelles soient camouflées. Je veux avoir le droit de voir ces seins qui se dévoilent, ces jambes qui se dénudent, ces fesses qui se trémoussent. Regarder, mais sans (nécessairement) toucher.

Que seraient les jours ensoleillés si nous ne pouvions admirer nos bourgeoises qui tombent leur manteaux? Je veux pouvoir croiser ces décolletés qui pigeonnent, je veux admirer ces jupes qui virevoltent, je veux être ébloui par la blancheur de la peau douce qui prend le soleil, je veux admirer ces bras dans lesquels j'aimerais me lover.

Dans chaque rue, dans chaque magasin, je veux pouvoir continuer à me retourner sur une joconde qui passe à mes côtés. Je veux continuer à rechercher le regard coquin de cette splendide inconnue qui, pendant quelques instants, se trouve bellissime dans ma façon de l'admirer. Je veux pouvoir arrêter le temps pour aborder cette douce anonyme et la faire valser pour l'éternité.

Je veux pouvoir laisser vagabonder mon esprit vers des images lubriques lorsque cette business-women sculptée dans son tailleur vient s’asseoir face à moi dans le train. Je veux pouvoir admirer toutes ces déesses qui passent devant la terrasse de mon bistrot favori, et goûter à ma bière en pensant aux baisers fougueux que nous aurions pu échanger.

Je veux continuer à rêver qu'elles viennent se protéger sous mon parapluie lorsqu'elles se font surprendre par une averse. Je veux m'imaginer quelques instants seulement que c'est moi qui suis attendu par cette autre noble sirène solitaire. Je veux laisser sortir la poésie de mes mots qui glisseront vers l'exquise égérie surprise par mon regard émerveillé.

Chères salopes, que vous ayez vingt ans ou nonante, que vous soyez minces ou dodues, que vous soyez petite ou grande, continuez à vous faire belle. Chères salopes, enfilez cette jupe qui me laisse pantois, décrochez ce bouton qui me fait plonger dans votre décolleté, chaussez ces hauts-talons qui dessinent vos jambes et me font chavirer. Chères salopes, restez belles.

Chères salopes, n'écoutez pas ces conservateurs conformistes, n'entendez pas les injures qu'ils vous crient parce que vous leur faites de l'effet. Ne vous laissez pas dicter votre comportement par ces cafards qui veulent vous soumettre. Ô non, chères salopes, ne les prenez pas au sérieux, ce ne sont que des réfractaires imperméables à la douceur de votre Beauté.

Que vous sortiez vos atours, que vous vous maquilliez, que vous vous coiffiez, que vous préfériez être délicatement naturelles ou que vous soyez théâtrales, peu m'importe. Soyez coquettes, soyez sexy, soyez baroques, soyez authentiques, soyez folles, soyez sobres, soyez pures, ou plutôt obscures, ou exotiques, mais surtout soyez ce que vous êtes : soyez Belles, soyez Femmes!

Car je vous aime, Ô, Salopes!

dimanche 25 septembre 2011

Pour 7km/s de plus.

MÀJ: Le 17/03/12 Le CERN donnait raison à Einstein. (il faudrait que l'auteur apprenne à écrire au conditionnel)


Ces jours-ci, c'est un séisme qui s'est produit dans le monde de la physique. En effet, un dépassement de la vitesse de la lumière a été mesuré par des scientifiques dans le cadre du programme Opéra. Des neutrinos, particules élémentaires de la lumière ont été mesurées à une vitesse de 299 799+-1,2 km/s.

Je ne voudrais pas faire vous faire affront, chers lecteurs, mais je suis obligé de rappeler rapidement quelques bases évidentes de physique même si je me doute que ces notions sont bien ancrées dans vos cerveaux. Nous savons que la vitesse de la lumière est de 299 792 458 m/s dans le vide. Communément désignée par c.

Je ne vais pas m'éterniser sur le fait que c'est une constante, et que l'additivité des vitesses est rejetée. En gros, deux vaisseaux spatiaux voyageant à 0,8 c (par rapport à un troisième observateur) ne percevront pas une vitesse relative de 1,6 c, mais de 0,98c. Nous avons utilisé la transformation de Lorentz pour arriver à ce résultat. (u= v+w/1+vw/c²). Elle est, enfin était, également considérée comme maximale.

Je pense qu'il est totalement futile de revenir sur le fait que les lois physiques s'expriment de manière identique dans tous les référentiels inertiels, car tout le monde le sait. Je n'ai pas non plus envie de m'éterniser sur une énième explication de la différence entre un baryon, un luxon et un tachyon.

Par contre, il est très important de faire une petite halte du côté du paradoxe EPR. En effet, cette manière de penser nous montre que la possibilité d'aller plus vite que la vitesse de la lumière avait été évoquée. Dans ce cas, nous pouvons voir qu'Einstein l'avait envisagé, même si nous serions tentés de croire le contraire.

Dans leur expérience de pensée Einstein-Podolsky-Rosen veulent réfuter l'interprétation de Copenhague de la physique quantique. Ils s'opposent énergiquement à toute existence d'un quelconque état d'un système quantique avant toute mesure. Pour eux, il n'y a aucune preuve que cet état existe avant cette observation.

Les trois hommes ont donné leur nom au paradoxe EPR : si on estime que les états intriqués existent réellement, soit une influence se déplace plus rapidement, soit la physique quantique est incomplète. Dans cette pensée, il était inconcevable que l'état quantique de deux objets doive être décrit globalement, sans pouvoir séparer un objet de l'autre, bien qu'ils puissent être spatialement séparés.

Le problème dans ce cas, pour Einstein et ses comparses, c'est que cela n'obéit pas au principe du «réalisme local» : principe selon lequel les propriétés d'un système ne peuvent varier que par interaction avec un autre système. Alors que deux systèmes placés dans un état intriqué doivent être considérés comme un système unique, même s'ils sont séparés par des grandes distances spatiales.

Je vais faire une parenthèse : l'état intriqué peut être visualisé en le comparant avec le cas des jumeaux. C'est schématique, mais c'est assez simple à comprendre : deux jumeaux peuvent être analysés séparément, comme deux humains totalement différents, mais les résultats seront plus proches de la réalité si le fait qu'ils soient jumeaux est intégré, même s'ils ont été séparés à la naissance. C'est vulgarisé, mais c'est à peu près cela.

Revenons-en au fait qui nous intéresse: le dépassement de vitesse de la lumière a été observé et mesuré. Nous pouvons donc constater que le fameux paradoxe EPR était correct : il y a bien quelque chose qui se déplace plus rapidement. Mais est-ce que l'état intriqué peut être considéré comme validé? 

Ce qui est extraordinaire dans cette mesure, c'est le nombre de questions qui viennent se pousser au portillon. Qu'en est-il de la théorie de la relativité où c était la vitesse maximale? Comment font les éléments pour aller plus vite que c? Quels effets apparaissent dans la téléportation quantique? Y a-t-il une dimension au delà des quatre connues?

Tout ça pour 7km/s de plus qu'une vitesse communément arrondie à 300 000 km/s.

MÀJ 10/10/2011 Serait-ce dû a un problème de synchronisation des horloges? Excès de vitesse des neutrinos?

vendredi 23 septembre 2011

Le secret de Brandon

Ce matin, j'ai téléphoné à Brandon un peu plus tôt que d'habitude, et c'est sa douce voix toute enrouée qui m'a répondu. Il est 10h45 et je peux sentir l'odeur de son haleine post-ripaille au travers de mon GSM. Je dois attendre quelques instants, le temps qu'il se verse une anisette. Il paraît que ça fait le même effet que de se brosser les dents. Parfois, il préfère le Get 27, ça marche aussi.

Je lui explique qu'il a dorénavant de nombreux fans et qu'ils me demandent de ses nouvelles. Je lui propose donc, s'il veut bien, de répondre à une question par semaine. « Mi dj'veu bi. Mais dins touss ces foleuw up, inda bi kelke koumer ? Passke mi si c'est poukelle pass doussi, non hein ! Inda des lieuss pu discress, ça oui, mi d'chui toudi priess pour une fiess». Les filles, il y a message : en gros il est dispo mais discrètement.

Je lui pose donc la question qui nous brûle les lèvres depuis une semaine. Celle qui nous empêche de dormir : «Brandon, pourquoi n'aimes tu pas les flamands?». (Cher lecteur, à partir de maintenant, je vais faire la traduction de ses dires, sinon, nous ne sommes pas sortis de l'auberge.) Grande nouvelle : ce n'est pas que Brandon n'aime pas les flamands, c'est qu'ils lui ont fait du mal.

Brandon a été amoureux d'une flamande. En effet, lorsqu'il avait 14 ans, son beau-père, Didier, et son demi-frère, Kevin, lui ont appris à draguer en Flandre. Parfois, Didj était un peu en brisbouille avec la jeune Natasha, maman de Brandon. Alors, il emmenait les garçons faire un tour, le temps que celle-ci se remaquille après être tombée dans les escaliers.

C'est ainsi, que presque chaque samedi soir, ils partaient faire un tour à Anvers. Pour Brandon, c'était noël chaque semaine. En effet, il voyait des femmes, des vraies, à moitié nues dans les vitrines. Comme il n'avait que quatorze ans, il n'avait pas le droit de les toucher, mais rien que de les voir, il était déjà tout ému.

Un beau soir d'automne, il rencontra la belle Anneke. Elle partageait son kot avec Thérèse, une travailleuse qui arrivait directement du Rwanda. Un jour que cette dernière s'occupait de Didj et de Kevin, Brandon a eu le droit de les attendre dans le couloir. Anneke est arrivée et lui a servi un verre de coca. Il n'avait jamais été aussi proche des seins d'une femme autre que sa mère.

Encore aujourd'hui, il lui arrive de penser à la belle Anneke. Il se souviendra toute sa vie qu'il a eu le droit de toucher et d'embrasser ses têtons. Il aurait aimé faire beaucoup plus avec sa dulcinéa, mais il n'avait que 14 ans et c'était déjà beaucoup pour son âge. En plus, il venait de lui donner ses 150€ pour goûter à ses seins, et il n'avait plus d'argent. C'était son premier amour.

Malheureusement, un soir les policiers sont venu chercher Didj. Cette plaie de Natasha en avait marre de tomber sur les marches et elle a inventé qu'il la frappait. Mais Brandon savait très bien que c'est parce qu'elle était saoule qu'elle perdait l'équilibre. Il l'a même dit au juge, mais Didj n'est plus jamais revenu et plus personne ne l'a emmené voir sa chère Anneke.

Depuis ce jour, il en a toujours pincé pour les flamandes. Alors, lorsqu'en janvier il a entendu que le mot de l'année était «tentsletje», son sang n'a fait qu'un tour. Malgré le froid, il devait retourner dans le Nord du pays et retrouver son Anneke (ou une autre, plus jeune). Il a donc été chercher son camping-car Leyland 1980, a rempli le frigo de carapils et est parti à La Rocca.

La petite Jessica voulait venir avec lui, mais il devait y aller seul et changer de vie. C'est ainsi qu'il abandonna ses familles et monta à 80 km/h sur l'autoroute. Après 4h de route, et grâce au GPS de son iphone 4 qu'il a gracieusement échangé à un enfant de 8 ans devant son école contre une gifle, il arriva sur le parking de la disco.

Là, ses ennuis commencèrent. En effet, les vigiles ne voulaient pas le laisser se garer avec son vieux tacot. Après avoir partagé une carapils entre hommes à l'arrière de sa caravane, ils ont réussi à lui trouver une place à 3km de la discothèque. Il lui ont même dit qu'il aura certainement la chance de trouver une «mobilhomeslejte». Il était plein de courage, notre Brandon.

Il se regarda une dernière fois dans le rétroviseur. Casquette Justin Bieber, cheveux péroxydés, veste en (fausse) peau de mouton blanche, chemise rouge standard de liège. Sans oublier ses petites fesses bien moulées dans son slim taille basse à 168€ trouvé à Ville 2. Son string est bien visible, il est prêt à trouver son Anneke.

Mais voilà, arrivée à l'entrée, on lui signifia que ses converses bleues ne sont pas admises. Il s'est fait refouler comme un sale vagabond, notre Brandon! Ses chaussures qu'il avait spécialement achetées chez Brantano pour une grande occasion comme celle-ci le bloquaient vers son Amour. Il a voulu insister, le malabar ne l'entendait pas de cette oreille et lui a mis une petite torgnole. Il s'est réveillé au poste de police, sans sa casquette fétiche.

Il s'est retrouvé en cellule avec un certain Siegfried Brackemar qui lui a expliqué le terme « kerkersletje »... Le lendemain, les flics l'ont reconduit à son véhicule. Ils l'ont verbalisé pour mauvais stationnement. Ensuite, ils l'ont arrêté 250m plus loin quand il a brûlé le stop tout en buvant une carapils au volant : défaut d'assurance, défaut de contrôle technique, et conduite en état d'ébriété.

«Dj'peu nin m'impécher de braire...em mopilhôôm çastou m'vie! Mi les flamins, hin...».

*Je ne peux pas m'empêcher de pleurer... mon mobile-home, c'était ma vie. Moi, les flamands, hein...


Il ne faut pas croire que Brandon est le roi de la glande : le travail de Brandon

Les démons du Wallon.

La Belgique est accrochée aux négociations de la loi de financement, et d'après ce qui filtre dans les médias, c'est de nouveau des visions opposées entre le Nord et le Sud du pays. Je n'arrive vraiment pas à comprendre pourquoi les partis francophones sont incapables de réussir leur rendez-vous avec l'Histoire.

Alors qu'il y a, enfin, la possibilité de faire une grande réforme de l'État, ils sont inaptes à laisser tomber leurs vieux démons. Quand est-ce que des actions énergiques vont être mises en place en Wallonie? Quand est-ce que les politiques vont se retrousser les manches et commencer à gérer les régions sinistrées en «bon père de famille» ?

Est-ce vraiment si difficile que cela de s'attaquer au chômage? Est-il possible de mettre en chantier des grands projets visionnaires? Mais surtout, par dessus tout, n'est-il pas grand temps de sortir de cette passivité? Peut-on espérer un jour sortir de l'assistanat? Aurons nous la chance de voir des décideurs qui prennent le taureau par les cornes?

Cela suffit réellement. J'en ai plus qu'assez de voir des chômeurs qui gagnent plus que les travailleurs parce qu'ils passent leurs journées à faire du noir, comme Brandon. J'en ai ras-le-bol de voir l'argent du contribuable qui part en fumée dans des a.s.b.l. ou des intercommunales. Je n'en peux plus de voir les nouvelles routes qui ressemblent à du gruyère après les premières gelées.

Parce que c'est ça la Wallonie! L'empire du bric-à-brac, le royaume des petits arrangements où les pots-de-vin et autres coups de main sont légion. Il est impossible d'imaginer l'avenir de notre région sans s'attaquer à ces problèmes. J'irai même plus loin : une paix communautaire est inatteignable si le cancer des magouilles n'est pas traité.

Je ne veux lancer la pierre vers aucun parti. Je dirais plutôt que c'est vers tous les politicards et les wallons que je lance mes boulets de canon. À un moment donné, il faut que l'ensemble politique du monde Wallon se dise qu'il est grand temps de se remettre au combat. C'est aujourd'hui qu'il faut se préparer pour les années futures. Non pas à deux ou à trois ans, mais à vingt ou trente ans.

J'aime imaginer qu'à partir de demain il y aura des fonctionnaires qui seront recrutés, formés et motivés pour ramener de l'argent dans les caisses de l'État. J'aime penser à ces jeunes ingénieurs qui pourraient être payés à des salaires décents et incitatifs pour aller contrôler tous les chantiers, sans exception, payés par les citoyens.

J'aimerais entendre nos élites dirigeantes qui annoncent que le problème du non-emploi est pris en main dans sa globalité. Au lieu d'être découpé en chômeur, interimaire, C.P.A.S., pré-pensionné, etc... Je me prends à imaginer que toute ces mêmes caisses soient gérées ensemble dans un soucis de simplicité.

Pourrait-on également imaginer que les formations dispensées aux demandeurs d'emploi soient sanctionnées par un diplôme d'État? C'est tout de même aberrant de voir que le FOREM paie des entreprises extérieures pour fournir un papier que le chômeur ne pourra même pas utiliser. Ce serait trop efficace de le former via la communauté française?

Évidemment, tout le monde sait où se situe le problème : dans l'électorat. À force d'avoir réussi à endormir l'électeur dans son assistanat et lui donner sa perfusion mensuelle, celui-ci se retrouve dans la même relation qu'un junkie et son dealer. Mais ce n'est pas ce qui va faire avancer la région, la Wallonie, MA Wallonie.

Les politiciens flamands ont peur d'une circonscription fédérale, à cause des quelques milliers de voix francophones à BHV. Pourtant, je leur tends la main, je leur envoie des messages : pensez-y! Nous sommes de plus en plus nombreux en Wallonie à lorgner vers le programme des partis flamands. Ce n'est pas une question de langue, c'est une question de vision commune.

Nous comprenons entièrement votre combat contre la fraude. Nous sommes tout à fait d'accord pour lutter contre les exagérations. Nous voulons mettre fin à ce gouffre financier et nous ne sommes pas entendus par nos politiciens qui ont peur de perdre leur électorat. Nous voulons réformer la Wallonie et la rendre économiquement viable.

C'est possible, mais nos politiciens ont d'autres préoccupations.

jeudi 22 septembre 2011

Dernières pensées.

Ô Seigneur, je me tourne vers toi et je ne sais même pas pourquoi. Depuis ma naissance, des tas de gens ont essayé de me faire croire en toi. Je n'y suis pas arrivé, et encore moins depuis que les hommes m'ont enfermé dans cette geôle. Je t'ai appelé, je t'ai supplié, je t'ai pleuré, pourtant tu ne m'es jamais apparu. Il faut avoir la Foi, peut-être, je ne sais pas.

Dans quelques heures, mes bourreaux ouvriront la porte et m'emmèneront pour m'exécuter. Il paraît que je le mérite. La société, les juges, l'humanité m'a condamné. La seule solution pour une sale bête comme moi ne pouvait être que la peine de mort. Mais Toi qui connais le plus profond de mon coeur, Toi Seigneur, le penses tu aussi?

Toi qui as créé la Vie, toi qui as créé l'Homme, l'as tu fait pour qu'il puisse détruire ton œuvre? Penses-tu Seigneur, qu'ils ont le droit de faire cela? Si jamais tu existes, sache qu'Eux ils le font en ton Nom. Ils vont m'assassiner en te priant, en te glorifiant, en te chantant. Penses-tu que cela me donne envie de croire en Toi?

J'aurais tellement aimé qu'ils m'oublient encore un peu, que je vieillisse encore de quelques années. Je me suis habitué à ma cave, malgré sa froideur, malgré ses barreaux. J'aurais voulu encore en profiter, mais bientôt, quelqu'un d'autre prendra ma place. Parce qu'Ils en ont besoin, parce qu'Ils doivent continuer leurs homicides.

Ils me proposent un dernier repas. À quoi bon? Je n'aurai même pas l'occasion de le déféquer. Pourtant, l'envie me démange de leur chier à la gueule, de creuser un trou, de les mettre au fond et de me vider sur Eux et sur leur Injustice. Mais cela serait un péché, non? C'est cela que Tu nous apprends dans la Bible, non? Ce qui est Bien ou Mal.

J'entends la clé de la cellule qui vient de s'insérer. Ils sont là. Les Justiciers vont m'emmener. Ils m'enchaînent une dernière fois, de peur que j'échappe à mon sort. Ils ne ricanent pas, comme je l'aurais espéré. J'aurais tellement préféré qu'ils me haïssent, mais cela fait vingt ans que nous nous connaissons, et ils savent qui je suis.

Ils me parlent, mais je n'ai rien à leur dire. Je veux penser à autre chose, je veux m'évader par l'esprit. C'est tout ce qu'il me reste : la pensée. Ils ont même eu la délicatesse de faire venir un prêtre. Il récite tes paroles. J'ai envie de me retourner et de lui hurler «Ferme ta gueule! Tais toi! Arrête de prêcher le Pardon, alors que c'est toi qui massacres, qui tues!».

Je ferme les yeux et me laisse guider par mes tortionnaires. Je pense une dernière fois à tout ce qui peut me faire croire en Toi. Je m'imagine en haut des montagnes, sur les cimes en train d'observer les aigles. Je me vois voguant sur les mers à bord d'un voilier, je me vois me promener dans les forêts. Si je n'entendais pas le cliquetis de mes fers, je pourrais oublier que je vais mourir.

J'aurais aimé jouer Chopin une dernière fois. Rien que quelques notes de sa nocturne n°1 pour piano. J'aurais voulu encore une fois ressentir l'ivoire du clavier sous mes doigts, juste une fois. Faire rebondir mes phalanges sur un instrument et me laisser bercer par la douceur de la musique. Et recevoir l'aiguille dans mon bras ensuite. Si do ré la si sol...

Ils m'ont bien attaché, à la table. Je suis incapable de bouger. L'infirmier vient d'introduire sa pointe dans mon bras sans même me regarder. A-t-il mauvaise conscience? Je ne veux même pas y songer. Ils ont fermé les rideaux, le public, venu en nombre, ne me voit plus. Il me reste quelques instants, et je veux me remémorer les belles choses de la Vie.

J'aurais encore préféré être piqué par un vétérinaire. Même les chiens ont droit à plus de compassion dans leur agonie. Ils sont couchés sur les jambes de leur maître qui les caresse. J'aurais tellement voulu que quelqu'un me prenne sur ses genoux. Peu importe qui. Simplement poser ma tête, et sentir un être, une présence, juste de l'humanité.

Si tu existes, Seigneur, donne de la force à ceux qui ne m'ont pas pardonné. Si tu existes, Seigneur, donne de l'énergie à tous ceux qui m'ont aidé. Si tu existes, Seigneur, donne la Foi à celui qui m'a condamné. Si tu existes, Seigneur, pardonne à celui qui m'a dénoncé. Si tu existes, Seigneur, aie pitié de ceux qui ont faussement témoigné.

Si tu existes, Seigneur, attends moi, j'arrive.

mercredi 21 septembre 2011

Au bénéfice du doute?

Aujourd'hui, il y aura peut-être un innocent qui va se faire exécuter. Je ne parle pas d'un condamné à mort dans une dictature quelconque ou dans un pays où règne un régime de terreur. Non, je parle d'un être humain américain qui a été jugé coupable dans la société qui se veut la plus grande démocratie du monde. Seulement voilà, il est peut-être innocent.

Cela ne fait aucun doute.

Le doute, justement, ce fameux doute raisonnable doit profiter à l'accusé. Quoiqu'il arrive, c'est la base fondamentale, le pilier du droit dans une civilisation qui se veut juste. Personne ne peut et ne veut remettre en question ce grand pas en avant. Lors du verdict de culpabilité, il faut être absolument certain que c'est bien le cas.

Cela ne fait aucun doute.

L'accusé est noir. Le policier est blanc. L'arme du crime n'a pas été retrouvée. Aucune empreinte digitale n'a été relevée, l'A.D.N. non plus d'ailleurs. Sur les dix témoins qui ont comparu durant le procès, sept se sont récusés et ont parlé de pression exercée par les policiers. Deux d'entre-eux ont même désigné un autre coupable.

Cela ne fait aucun doute.

La fonction des tribunaux est de rendre un jugement, de faire justice ou de trouver un arrangement entre les parties. Cela dans le but ultime de faire la paix. Les hommes se réunissent pour être certain que la société dans laquelle ils vivent peut revenir à la quiétude. L'ambition de la Cour est d'être équilibrée, égalitaire, juste.

Cela ne fait aucun doute.

La loi divine, la loi du talion, les épisodes du type du vase de Soissons ou encore les exécutions par représailles sont utilisées par des sociétés qui n'ont pas encore atteint la maturité démocratique ou par temps de guerre. C'est-à-dire, des communautés qui ne vivent pas en paix avec elles-mêmes ou avec les autres.

Cela ne fait aucun doute.

Le sexe, la couleur de la peau, la situation financière ou sociale d'un individu ne peuvent pas lui être défavorable lors de son procès. Quoiqu'il arrive, le pouvoir judiciaire doit défendre cela depuis l'écriture de la constitution jusqu'au plus simple jugement rendu qui fera jurisprudence. Tous les moyens législatifs doivent servir cette cause.

Cela ne fait aucun doute.

Le policier a été tué dans l'exercice de ses fonctions. Sa famille est détruite et est victime d'un acte de barbarie. Ses deux enfant ont grandi sans connaître leur père. Que leur enfance ait été volée et que ce traumatisme soit indigne, que ce drame se soit abattu sur eux dans la plus parfaite absurdité, et que le crime doive être puni,

cela ne fait aucun doute.

Mais tuer un être humain, ça ne le ramènera pas un autre à la vie. Punir légalement par la peine de mort un criminel, même coupable du crime le plus odieux, c'est s'abaisser à sa férocité. Prendre une vie pour soi-disant rééquilibrer le malheur, c'est moyen-âgeux. Ce n'est plus une famille qui est en deuil, mais c'est cette même famille qui veut que l'autre ait au moins aussi mal qu'elle. Cela s'appelle de la vengeance, pas de la justice.

Et je n'ai aucun doute là dessus.

Que dans une société qui a pratiqué la ségrégation, que dans une société où le risque d'être condamné à mort est jusqu'à onze fois plus grand si le condamné est noir et que la victime est blanche, que dans une société où la parole d'un richissime blanc vaut plus que celle d'une femme de ménage noire,... Que dans cette société-là, Troy Davis ait eu droit un procès équitable?

Là, j'ai un doute. Un gros doute. Ce doute va bien au-delà du raisonnable.

[Le 24 septembre 2011, j'ai lu ceci : Troy devait mourir et bien que je sois toujours contre la peine de mort, cela m'a fait réfléchir au procès équitable ou non]

mardi 20 septembre 2011

Anti Zyklon sur la Belgique

Je fais partie du cercle assez fermé des lecteurs qui sont parvenus lire «Les Bienveillantes» jusqu'au bout. Ce livre est l’œuvre de Jonathan Littel et a obtenu le Grand Prix du Roman de l'Académie Française ainsi que le prix Goncourt en 2006. C'est un pavé de neuf cent page édité chez Gallimard. Ce n'est pas dans la longueur du livre que réside la difficulté de lecture.

J'ai rarement été autant frappé par le dégoût et l'envie de vomir en lisant. Il m'était impossible de lire plus de cinq à dix pages à la fois, tellement les scènes décrites étaient horribles. J'avais l'impression de participer aux massacres de la seconde guerre mondiale. Ce conflit est le sujet du livre, vu au travers les yeux d'un officier nazi homosexuel.

La description des méthodes utilisées par les Allemands est minutieuse. La stratégie des nazis est dépeinte avec des mots simples, mais l'impact en est encore plus fort, plus puissant. Si cela n'était pas réellement arrivé, le rédacteur de ce texte aurait pu être traité de pervers. Le ton juste et humain qu'il a utilisé nous entraîne dans un tourbillon de haut-le-cœur.

Si je devais choisir les scènes les plus horribles de ce livre, ce sont les passages sur les rafles de juifs en Ukraine, où «innocemment», ils étaient rassemblés via des appels placardés, et ensuite, emmenés en file indienne pour recevoir une balle avant de tomber dans une fosse commune. Mais parfois ils y basculaient sans être mort, et le héros est descendu parmi eux pour les achever.

Je me souviens aussi de l'emploi de camions pour gazer les ennemis. Ceux-ci étaient poussés à l'intérieur, et ensuite le tuyau d'échappement était connecté afin de les étouffer. Malheureusement, ce système n'était pas très pratique, car le nettoyage était ardu. En effet, les victimes se déféquaient dessus et c'était inhumain à récurer pour le soldat nazi.

Si je vous parle de tout ceci, c'est parce que des flamingants ont demandé l'utilisation du Zyklon B contre les francophones. Cela peut paraître anodin ou être juste un slogan parmi tant d'autres. Mais je ne peux pas me taire contre cela, il faut dénoncer, il faut hurler, il faut expliquer que nous allons dans la mauvaise direction.

L'Europe a été créée pour maintenir la paix sur le continent, et elle y arrive. Pour le moment. Nous traversons la plus grande crise depuis l'entre-deux guerres. Le nationalisme et le néo-fascisme pointent leurs horribles nez sur tout le continent. Que se passera-t-il lorsque les européens trouveront les coupables en commun?

Nous avons de la chance que la société anonyme ne réussit pas à pointer le doigt sur un ennemi, un fautif humain qui serait la cause de tous les maux. Du moins, il n'y en a pas un désigné unanimement par tous les européens. Chez certains, ce sont les migrants, chez d'autres, ce sont les pauvres. En économie, il est déjà trouvé. L'humanité simpliste est d'accord : ce sont les Grecs.

Il faut combattre cela, de toutes nos forces. Les idées nauséabondes commencent à trouver leur terreau fertile dans notre population. Les expulsions de roms se multiplient, les non-européens sont traités comme des moins que rien. Les appels à la haine sont nombreux. Les extrémistes flamingants demandent l'usage du Zyklon B contre les francophones et autres parasites.

Ce Zyklon B était un insecticide pas très efficace, car il se dispersait avec le vent. Par contre, en intérieur, il était redoutable. Il était tellement dangereux pour l'être humain que le fabricant avait ajouté un produit irritant afin que celui qui le manipule puisse se rendre compte qu'il était en danger en cas de fuite, et qu'il prenne des mesures.

Les juifs et les êtres humains massacrés par les nazis mouraient dans d'atroces souffrances provoquées surtout par l'aspect caustique. Bien que cet appel au gazage généralisé soit lancé par des néo-nazis, cela n'est pas banal, et donc ne peut être banalisé. Chaque jour, une barrière tombe et la protection contre l'extrémisme s'amincit. Il faut garantir ce mur protecteur et travailler à son maintien de toutes nos forces.

Pour la petite histoire dans la grande, un officier nazi a compris à quoi servait les quantités astronomiques commandées. Et il a demandé au fabricant du Zyklon B s'il y avait la possibilité de retirer le complément corrosif de son produit. Au vu des circonstances et suite à cette démarche, le directeur du laboratoire a très bien compris à quoi servait sa marchandise.

Vous croyez que ça l'a empêché de continuer à l'élaborer et à la vendre?

lundi 19 septembre 2011

Le francophone de Belgique ne vaut rien.

Je me demande ce qu'il se passerait si les chrétiens décidaient d'organiser une manifestation dans les rues d'Anvers pour affirmer son caractère catholique. Pas grand chose. Imaginons les mêmes, mais avec des banderoles «Jode ratten rol U matten». Et qu'en plus, ils hurlent à tout va «Israël Barst». Est-ce que ce serait considéré comme une marche familiale pacifique ?

Le MRAX interviendrait. Nous pouvons certainement imaginer que les associations juives seraient outrées, et que la condamnation serait relayée dans les médias. J'ose même penser qu'Israël ferait une déclaration officielle pour mettre en garde contre les dangers du racisme. Mais contre des francophones ? Circulez, il n'y a rien à voir.

Sur le parcours de l'excursion dominicale, des habitants de la petite commune de Linkebeek ont affiché une banderole demandant le respect. Ils ont accroché un appel au pacifisme, au dialogue, à la dignité. La police fédérale est rapidement arrivée pour l'arracher. «Aucune provocation ne sera tolérée». Quelqu'un peut me dire où et quand a déraillé le train de la démocratie? (photos : banderole intervention police respect)*

Je me demande sincèrement ce qu'il se passerait si une promenade était mise sur pied dans Molenbeek pour aller hurler des «Sales Musulmans rentrez chez vous» ou «Le Coran, c'est de la merde». Je ne suis pas certain que cela ne tournerait pas au vinaigre. Et il est plus que probable que les démocraties occidentales se seraient indignées.

Est-ce qu'un état de droit autoriserait des chants anti-nègres venant de la part des supporteurs du club hôte qui recevrait une équipe composée de joueurs de couleurs? Que ces hymnes à la haine soient scandés chaque semaine? Et par dessus tout que cela soit systématique, que cela se passe tous les dimanches? La Belgique, oui.

En Belgique, les francophones n'ont même pas le droit d'être défendu par les anti-racistes. Si une échelle d'untermenschen était mise en place, les Wallons seraient en dessous des Juifs, des Arabes, et des Noirs. Car les francophones de Belgique n'ont même pas une association de protection, même leurs politiciens ne s'insurgent pas. Personne ne vient à leur secours.

Dans n'importe quel pays d'Europe, aucun parti qui se dit démocrate n'oserait envoyer des élus se pavaner avec l'extrême droite. Mais en Belgique, si. Les mousquetaires de la NVA Ben Weyts, Sigfried Bracke et Jan Peumans sont de la partie. Ce sont les lieutenants de Bart De Wever. Mais le parti n'a évidemment aucun lien avec le Taal Aktie Komitee ou le VB.

Pour la petite histoire dans la grande, Jan Peumans considère les résistants comme des crapules. Mais c'est une coïncidence. Bart le communicateur n'était pas là non plus et ne peut donc être mis en cause. Par contre, sa garde rapprochée était bel et bien main dans la main avec le Vlaams Belang. Mais ça aussi, c'est une coïncidence.

Le plus effrayant, c'est que plus personne en Belgique ne condamne le racisme anti-francophone. Il est désormais tout à fait normal de les traiter de rat. Il est également de notoriété publique que la NVA n'est pas d'extrême droite, juste nationaliste. Ce parti n'est pas raciste car il ne combat pas les bougnoules, les moucaques et les youpins, uniquement les franse ratten.

Ce qui est encore plus terrible, c'est de savoir qu'aucun parti réellement démocratique du nord ne lutte contre ces agissements. Aucun média n'ose critiquer ce type d'engagement. En Belgique, il y a des défenseurs de tout sauf des francophones. Des associations dénoncent la loi sur la burka, d'autres se battent contre l'arrachage de platanes, on en trouve même contre la castration des porcs.

Un francophone, ça n'a même pas la valeur d'une couille de verrat.

*Les photos en lien ont été prises par Monsieur Poireau lors de la manifestation à Linkebeek. Merci à lui pour son courage. Vous retrouverez son blog et son compte rendu chez Monsieur Poireau

banderole intervention police respect

dimanche 18 septembre 2011

450 jours pour quoi?

L'encre de l'accord sur B.H.V. n'est pas encore sèche que déjà les nationalistes flamands défilent à Linkebeek pour combattre le système des facilités. Et voilà, c'est fait, nous connaissons le prochain combat de nos compatriotes du nord. Cette fois, ce n'est plus une gueule de bois, mais bel et bien l'impression d'avoir été roulé dans la farine.

Hier, Alexander De Croo répondait à un tweet de Rik Van Cauwelaert, directeur du magazine Knack, qui lui demandait le texte de l'accord: «Eerst onderhandelen, dan communiceren. Er werd teveel omgekeerd gedaan voorbije maanden». «D'abord négocier, ensuite communiquer. L'inverse a été trop souvent fait durant les mois précédents».

Je rejoins tout à fait le jeune De Croo, mais il y a tout de même de nombreuses questions qui se pressent dans ma tête. La première, et la plus pertinente: «Est ce que le texte a été signé en français par le Sud et en néerlandais par le Nord?». Parce qu'à écouter nos hommes politiques, ils n'ont vraiment pas le même discours.

D'un côté, on nous dit que Bruxelles n'est pas une région à part entière, et de l'autre, que l'élargissement de cette même ville est sur les rails. Une oreille entend que les droits des francophones sont bétonnés dans la constitution tandis que l'autre nous dit que la révolution copernicienne est en marche.

Bruxelles, justement, était déjà dans une situation administrative inextricable avec ses communautés, sa Cocof, sa justice, son non-financement, etc, etc... Était-il vraiment nécessaire de compliquer un peu plus avec une «communauté métropolitaine»? Est ce que cela donne l'exemple de la responsabilité qui est demandée aux Belges pour les prochaines années?

Lorsque nos élites politiques vont nous annoncer des plans de restructuration, des coupes dans les budgets et qu'ils vont nous parler de nous serrer la ceinture, aurons nous l'occasion de prendre des décisions aussi surréalistes qu'eux? Est-ce qu'élargir Bruxelles aux communes qui le désiraient et donner le statut de région à la capitale du pays était trop simple?

Est-ce que suivre les lois et la jurisprudence sur les relations internationales aurait été trop efficace pour réguler les questions linguistiques en Belgique? Est-ce qu'instaurer une taxation par région était vraiment une concurrence déloyale? Est-ce que refuser le droit aux minorités d'une région d'un côté et imposer le bilinguisme dans une autre pour protéger une minorité encore moindre est vraiment utile?

Ou encore, prendre exemple sur ce qu'il se passe de très bien en Europe aurait été trop ambitieux? Au Luxembourg, tous les enfants sont éduqués dans trois langues, et pour les nôtres, c'est trop difficile? Le confédéralisme fonctionne très bien en Suisse, ce modèle n'aurait pas pu nous servir d'exemple?

À un moment donné, durant ces 450 jours, je pense qu'il aurait été temps de tout mettre sur la table, et de trouver une réforme énergique, infaillible, voire héroïque. Dans ce cadre, ça aurait été génial. J'ai plutôt la désagréable impression que le pays a été sauvé, parce que les partenaires sont tombés d'accord pour trouver un accord. Tragique. Pathétique.

Bien que, comme tout le monde, je ne connaisse absolument rien de ce qui a été mis sur ce fameux bout de papier, j'ai la fâcheuse intuition que la forme a été touchée, mais pas le fond. Les francophones accrochés à leur transfusion face aux flamands accrochés à leur (futur) territoire national. Quel gâchis.

Les flamands ont des projets communs aussi bien pour leur région et leur communauté, le tout intégré dans une belgique fédérale, et en face, il n'y avait que des pantins scellés à leur strapontins et à leurs cartels. J'ai envie de hurler «Mais il est où votre plan B?». Avec lui, il y aurait eu la possibilité de négocier.

Ce plan B, même s'il n'avait pas vocation à briser la Belgique aurait pu aider à montrer ce que la Wallonie et Bruxelles étaient capable de faire sans la solidarité flamande. Ça aurait pu servir à faire comprendre à nos amis du nord que nous sommes sommes prêts à prendre notre destinée en main, et que nous pouvons ne plus être à la merci de leur euroduc. Mais en sommes nous capables?

Les seul plan B que je connaisse est un rattachement à la France. Bravo l'originalité. Au lieu d'avoir du pognon qui coule à flot depuis les réserves flamandes, vite, on connecte le tuyau à un autre robinet, plus «amical». La honte, c'est ça le sentiment qui devrait accabler les politiciens francophones. 450 jours, et même pas un projet performant commun.

Et au nord? La NVA soi-disant démocrate qui marche main dans la main avec le VB vers Linkebeek, c'est aussi pour sauver la Belgique? C'est certainement un manque de tact ou peut-être un clin d'oeil? Tout comme les pommes envoyées dans des cibles Di Rupo, juste un peu de communication 2.0? Alors pourquoi aucun flamand ne condamne?

450 jours pour quoi?

samedi 17 septembre 2011

La vie de Brandon.

J'ai eu la chance d'avoir été lu par Brandon, de Warquignies. Il m'a contacté afin que je puisse l'aider à retranscrire son quotidien. Accessoirement, il me demande explicitement d'ajouter ceci : « Vé djir à c'ti barakis d'flamins kéminga mî d'j'nin né ri à fout' d'leur gueû et ki n'ont ka viff sur dleu planess et kiz aret de nou fair tchi ».

Pour la petite histoire, j'ai reçu son mail il y a 15 jours, et je viens de plus ou moins comprendre ce qu'il voulait dire. En gros, et très poliment, si j'ai bien suivi, notre nouvel ami désire faire un doigt d'honneur aux flamands qui l'enquiquinent. J'ai bel et bien essayé de lui demander par courriel s'il pouvait me confirmer mes dires, mais apparemment, j'écris en hiéroglyphes.

J'ai décidé de le contacter par téléphone, mais j'avoue que ma mission a été ardue. Si je l'appelais avant de partir au boulot, il ne répondait pas. Si je le sonnais au retour, je pouvais sentir l'odeur de la carapils à travers mon gsm. Heureusement, la patience est une de mes vertus, et ma prévoyance légendaire m'a murmuré de l'appeler un samedi vers 11h30. Bingo!

Brandon, jeune habitant d'une commune du borinage, a 20 ans, des rêves à foison, mais malheureusement, la société ne l'a pas beaucoup aidé. Il y a même une certaine frustration qui l'habite. Avec bonheur, sa force de caractère lui a permis de rependre l'activité de ses parents. Un métier de petites gens, un boulot simple, mais important dans sa cité : chômeur professionnel.

Lorsqu'il m'a raconté cela, j'ai senti un tremblement dans sa voix. J'ai pensé au drame humain qui devait briser ce petit-enfant de Germinal, mais j'ai compris quelques instants plus tard, que c'est la fierté qui l'envahissait. En effet, de toute sa classe, c'est le seul qui a réussi. Tous les autres sont au CPAS, mais lui, il est au chômage. Et ça, c'est une vraie victoire.

Pendant toute sa jeune vie, il a été moqué, raillé. Il a entendu à chaque coin de rue : «Ouskelle est Brenda?», et justement, les Brendas, elles étaient partout! Toutes amoureuses de Dylan. Il y en avait cinq, rien que dans sa classe. Toutes des putes. Et lui, il a passé sa vie d'enfant déjà rejeté par ses camarades. Il aurait tellement préféré s'appeler tout simplement Jean, comme Jaurès.

Déjà gamin, il surclassait ses camarades : il a réussi à écrire son prénom avant tous les autres. Il avait 8 ans, et est rentré à l'école. A 18 ans, après s'être acharné durant des années, il a réussi à obtenir son diplôme de primaire. Il y a longtemps que ses comparses avaient été abandonnés par le système, mais lui, s'était accroché. Il arrive même à écrire son nom, maintenant.

Mais voilà, dans la jungle hostile du marché du travail, il a été très vite rejeté. Certains disent qu'il a décroché son diplôme uniquement parce qu'il a couché avec Dora, l'institutrice, et que c'est pour cela qu'il n'a pas réussi à trouver de travail. Mais Brandon m'explique que c'était tout de suite le grand amour : il l'a coincé après le cours, et c'était fait.

Lorsque Ronaldo est né, il a fallu qu'il trouve une voie professionnelle. Et c'est tout naturellement qu'il a suivi les conseils avinés ou avisés de ses parents. D'abord, il s'est marié avec Dora. Puis ils ont vite divorcé. La prof a gardé son boulot et est venue acheter à droite des parents de Brandon. Attention, il faut suivre.

Lui, a bénéficié d'un prêt social pour racheter la maison d'ouvrier juste à gauche de celle des ses parents, où il est domicilié, avec Jessica, la petite soeur de Dora qui a 16 ans et dont il a la garde en plus de celle de son fils Ronaldo. Avec son ex, ils ont tenté de sauver leur couple, et cela à donné naissance aux jumeaux et Igor et Grischka. Mais leur union était impossible sous le même toit.

En effet, un soir de mélange de Carapils et de Ravini, Brandon a reconnu la Dora qu'il avait aimée en se couchant près de Jessica. Cette bonne poire tomba malencontreusement enceinte et elle donna naissance à la belle Hélène. Celle-ci est née de père inconnu, mais grand seigneur, notre Brandon l'accueillit sous son toit.

Brandon a vraiment réussi à faire tourner sa petite entreprise familiale. Il a sa maison, et son ex-épouse aussi. Lui est indemnisé d'environ 1600€ par mois, et elle perçoit un salaire de 1250€ et les allocs pour les jumeaux. La petite Jessica réussit bien à l'école. Elle aimerait finir son apprentissage professionnel de coiffure l'année prochaine, en attendant, elle va chez « ses p'tits vieux » pour 25€ la coupe. Elle a 10 clients par semaine.

Brandon est vraiment fier de lui. Comme il dit, il n'a pas été aidé par la société, mais il a réussi à se faire aimer par sa famille. Il aimerait bien s'acheter une Seat Ibiza 1.4l de 180 chv, mais il doit coupler ça avec l'achat de son nouvel écran plat et son home cinema, parce qu'ainsi, il pourra se mettre en surendettement et ne devra pas payer les intérêts.

J'aurais voulu l'encourager à devenir comptable ou encore à apprendre à écrire un peu mieux pour qu'il fasse des études d'assistant social, vu ses talents innés, mais je n'en ai pas eu le temps: on est samedi et il va aider dans un cabaret. Il a raison, il touche 15€/h pour servir et boire des pils et il fait une vingtaine d'heure par week-end. Il faut bien, les temps sont durs.

« N'oubli nin d'leu dirrrr : les flamins mi djlé inmert' »*. Je pense que le message est passé, oui.

*N'oublie pas de leur dire : les flamands, moi, je les scrogneugneux. Ces propos n'engagent que Brandon. NDT.


Pour savoir pourquoi Brandon déteste les flamands, lisez le secret de Brandon

vendredi 16 septembre 2011

Gueule de bois.

Ce matin, j'ai un goût amer dans la bouche. C'est un peu comme se réveiller après avoir fait la fête avec du vin à 1,2€/l de l'Aldi. Une sacré gueule de bois. Parce qu'en y regardant bien, ce fameux accord n'a rien changé. Tout le monde y gagne ? Je dirais plutôt que tout le monde y perd ! Rien n'a été réglé, et je ne suis même pas certain que le pays ait été sauvé.

Ce que j'aimerais ce matin, c'est expliquer tout ce qui nous agace réellement avec nos compatriotes du nord. Et tout ce qui n'a pas été abordé, loin de là. Le monde politique trouve que c'est un jour «historique», mais je me pose encore la question du pourquoi. Pour le Sud, BHV a été partiellement scindé, tandis que pour le Nord, c'est la fameuse révolution copernicienne qui est en marche. Ils ont vraiment trouvé un accord?

Je vais revenir une fois de plus sur la fameuse frontière linguistique, car c'est le nœud du problème. La loi linguistique de 1932 autorisa les provinces flamandes et les arrondissements de Leuven et de Bruxelles à utiliser exclusivement le néerlandais. Sauf pour l'agglomération Bruxelloise. Et, dans toute la Belgique, si une minorité dépassait les 30% d'habitants, le bilinguisme était rendu obligatoire. La langue officielle serait modifiée suivant la règle des 50%. Le tout était coordonné par un recensement linguistique. Facile, non?

Mais voilà, les flamands ont demandé l'établissement des frontières linguistiques. Elles furent fixées en 1963. Après des marches sur Bruxelles, ils ont obtenu que le recensement de 1947 soit pris en compte. Et non pas celui de 1960 qui leur était peu favorable. C'est à dire, que des communes déjà peuplées à plus de 50% par des francophones ont été considérées comme flamandes. Je ne sais toujours pas comment est ce que cela a pu se passer...

C'est là que le régime des facilités est apparu. En gros, quoi qu'il arrive les minorités qui étaient bel et bien majoritaires auraient leurs droits linguistiques maintenus. Point. Il n'y avait même pas besoin d'aller plus loin. Mais malheureusement, à partir de là, la situation s'est clairement pourrie. Là où les francophones voient une frontière administrative, ce qui était le but de la loi, les flamands y voient une frontière d'état. Ce qui, je le répète, n'a jamais été l'esprit de cette loi au moment de sa création.

Un autre amalgame est venu se fixer à cette première problématique : Bruxelles. Malgré le fait de la francisation de cette ville, depuis l'ère Napoléonienne (oui, avant l'existence de la Belgique, vous avez bien lu) les flamands l'ont toujours considérée comme flamande. Ils ont également obtenu qu'elle soit de régime bilingue. En fait, c'était très logique pour tout les belges, vu que c'était la capitale du pays.

Mais voilà, Bruxelles est à l'intérieur de cette fameuse frontière linguistique. Et depuis, les flamands aiment à la considérer comme la leur, pour une raison géographique. Or, il y a bien longtemps que plus personne ne parle la langue de Vondel dans la capitale belge. Alors que le pays devait se diviser en trois zones administratives : français au Sud, néerlandais au Nord, et bilingue à Bruxelles, c'est devenu un foutoir sans nom.

Les flamingants ont réussi à expliquer à la population néerlandophone que les facilités étaient temporaires, et non pas un droit. Soi-disant pour laisser le temps à l'intégration. Les cantons de l'est ont eu le choix d'être belges ou allemands à la fin de la guerre, alors que les communes francophones ont été basculées en Flandre avec un droit garanti, pour qu'ensuite, ils se voient dans l'obligation de s'intégrer. C'était le monde à l'envers.

Donc, il a fallu encore négocier de 1970 à 2000 environ. Ont donc été créées, par langue, les communautés flamandes, wallonnes et germanophones. Mais à côté de cela, il restait les régions flamandes, bruxelloises et wallonnes. Et une fois de plus, les flamands ont continué leur guéguerre: ils ont choisi Bruxelles pour y implanter leur parlement. C'est tout de même surréaliste de choisir une ville qui n'est pas géographiquement dans sa région. Ce tour de force est très mal pris au sud.

Dans ce cas, la fausse assimilation pourrait être perçue comme réelle, et c'est à ce moment que les francophones ouvrent (enfin) les yeux sur les projets flamands : une frontière d'État. D'un point de vue géographique, il est facile de croire que Bruxelles est bel et bien en Flandre. Pourtant, toute personne qui va se balader dans la ville se rendra compte que le néerlandais n'est même pas, et de loin, la deuxième langue de la ville.

Cette fois, la tension est à son comble : les francophones sont outrés, et les flamands décident d'inventer des lois qui sont en opposition complète avec le principe de démocratie, en porte-à-faux avec les lois Belges, et de surcroît dans un pur esprit anti-européen. Les autorités flamandes empêchent d'ailleurs la ratification du traité européen sur la protection des minorités par la Belgique.

Maintenant, après avoir sablé le mousseux de chez Lidl à 6,43€ les 12 bouteilles et avoir festoyé sur le sauvetage du pays, je me pose quelques questions:

Est-ce que la circulaire Peeters est abrogée?
Est-ce que le concept du «wonen in eigen streek» est supprimé?
Est-ce que la Belgique va signer le traité sur la protection des minorités?
Est-ce que là où le bilinguisme personnel est encore en place à Bruxelles, le bilinguisme des services va être de mise?
Est-ce que les flamands se sont engagés à ne plus falsifier les cartes de la Belgique?
Est-ce que ces 450 jours valaient la peine?

J'arrête ici, je vais vomir. Ça doit être les mélanges.

jeudi 15 septembre 2011

Elio est arrivé

Dans mon fauteuil, je regardais le belge et BHV,
Un type nommé Bart le Bouffi poursuivait la belle België
Il coinça sa périphérie et très méchamment lui dit :
« Si tu m'donnes pas mijn rand en moins de deux,
Je vais t'couper en deux »
Puis il la bloqua,
Et alors...
Ben, il la paralysa,
Et alors,
Il lui prenait la vie...
Et alors... Et alors...


Et, et, Elio est arrivé héhé
Sans s'stresser, héhé
Le grand Elio, le beau Elio,
Avec son noeud et son beau maillot


Mais bientôt, j'ai pris la VTM,
Un vieux facho parlait
Charmante soirée, sur la chaîne y passait le même navet,
Le waffelman Bart le Bouffi coinçait la pauvre België
Et il lui disait :
« Geef me mijn rand, eh, poupée,
ou j'te transforme en purée »
Puis il la bloqua,
Et alors...
Ben, il la paralysa,
Et alors,
Il mit le feu à la dynamite,
Et alors... Et alors...


Et, et, Elio est arrivé héhé
Sans s'stresser, héhé
Le grand Elio, le beau Elio,
Avec son noeud et son beau maillot


Mais moi hé manneke, dare dare,
J'ai repris VRTN
Et devant mes yeux, un vieux vicelard rejouait la même rengaine
Waffelman Bart le Bouffi poursuivait la pauvre België
Disant :
« Geef me mijn rand, eh, boudin,
Ou j'vais t'balancer Maingain »
Puis il la bloqua,
Et alors...
Ben, il la paralysa,
Et alors,
Olivier, il l'a appelé
Et alors...
Le Maingain arrivait les copains
Et alors... et alors...


Et, et, Elio est arrivé héhé
Sans s'stresser, héhé
Le grand Elio, le beau Elio,
Avec son noeud et son beau maillot
Avec son flegme et son numéro
Avec ses armes et son one-man-show

Ah !Ah ! Sacré Elio ah ah ah ah

Bac à star.

«Quel spectacle! Quel coup de théâtre! Quels acteurs! Le style est magistral!» Les éloges ne finissent pas de pleuvoir dès la fin du premier acte. Il y a longtemps qu'un tel divertissement n'a pas suscité autant d'émoi dans la population. La célébration se fait dans toutes les langues, réunit toutes les générations. Le public est debout.

La leçon est donnée, il n'y a rien à jeter. La télé-réalité-poubelle vit ses dernières heures. Les affaires de type DSK, Clearstream, L'Oréal ou encore Bourgi doivent être rangées dans des valises, de préférence africaines. La révolution est en marche, plus rien ne sera capable d'arrêter la bouffonnerie à la Belge.

Il y a 10 ans, les lofteurs sont restés 64 jours devant les caméras. La Star Ac' nous faisait voir évoluer des pseudo-élèves durant presque 3 mois. La nouvelle star faisait le tour du monde pour trouver la perle rare. Et pendant ce temps, les enfants de politiciens belges planchaient en secret sur un nouveau concept de télé-politique à la belge.

Aujourd'hui, nous pouvons parler de coup de génie. Plus de 450 jours de suspense intenable ! Les caméras du monde entier braquées sur notre petit pays. Un record du monde à la clef, toujours en cours, du nombre de jours sans gouvernement. Des milliers d'articles de journaux, des unes, des points quotidiens, des flashs spéciaux, le monde médiatique est à genoux devant eux.

Qui aurait pu imaginer que le tweet « Alea Jacta Est » était tout simplement le signal de départ du premier jeu de télé-politique-réalité? Ces jeunes loups ont réussi à monopoliser les audimats de toutes les chaînes du pays. Mieux, ils sont parvenus à tenir en haleine non seulement le pays, mais l'Europe, le monde, j'ose même dire : la galaxie !

Une maîtrise des règles du jeu perspicace leur a permis de demander aux futurs téléspectateurs de voter eux-mêmes pour leurs candidats. Une énorme organisation a été mise en place le dimanche 13 juin 2010. Quelle justesse dans le choix des dates ! Grâce à cela, les grilles télévisées de la rentrée étaient façonnées pour eux. Pile avant l'été, cela leur permettait de faire le buzz sur les terrasses des cafés. Les citoyens ne parlaient plus que d'eux entre les gorgées de houblon.

Mais ici, pas question d'élimination. Les futurs candidats vainqueurs devaient rester dans le jeu. C'était à ce prix là qu'ils pouvaient rêver de devenir politicien. Car tout l'enjeu était là : il voulaient tous devenir d'éminents hommes d'État. La célèbre «voix» était remplacée ici par Sa Majesté le Roi Albert II. Et ce ne fut pas une partie de plaisir.

Le Souverain a semé le parcours d'embûches. Les difficultés pour les jeunes candidats étaient réellement insurmontables. Un groupe complet, la NVA, a d'ailleurs préféré jeter l'éponge. En effet, le despote avait imposé l'utilisation du français dans les négociations. Lorsque la marmite avait trop chauffé et que toute l'eau s'était évaporée, voyant qu'il n'y avait même plus de gaufres à manger, le capitaine Bart et son équipe se sont auto-éléminés.

Malgré tout, durant plus d'un an, ce soap-opéra a réussi à se tenir au sommet de l'audimat. Et pourtant, il y a eu la guerre en Lybie, la crise de l'Euro, il y a même eu la coupe du monde football, rien n'y fit, l'émission de réelle télépolitique belge restait au firmament ! Les téléspectateurs des trois communautés en redemandaient.

Les moindres ficelles du métier ont été utilisées : la dramatisation, l'ironie, la temporisation, tout y est passé. Les changements de rythme ont empêché la lassitude d'une société qui en avait déjà vu de toutes les couleurs. Le jeu était préparé avec savoir-faire et virtuosité. Même les plus rusés sont restés scotchés devant leur bouteille de... whisky.

Après plus de 450 jours passés en tractation, en marchandage, en concertation, il y a un candidat qui sort du lot. Le plus habile en ce jour, est Elio, le plus âgé d'ailleurs. Ce vieux briscard en a vu d'autres, et il est en train de faire une démonstration à ses jeunes collègues. Le marseillais qui occupait la place de premier ministre démissionnaire vient même de laisser le siège vacant. Est-ce un signe ? Nous verrons cela au prochain épisode.

Quand je pense qu'il y en a qui croient que ce n'est pas un jeu...

mercredi 14 septembre 2011

Courage!

L'heure est grave... pour la Wallonie. Il y a quelques jours, j'aurais été assez content du fait que les négociations soient à nouveau bloquées, que le Premier ministre démissionnaire démissionne à nouveau, et que le jeu du zwarte piet reprenne de plus belle. Or, c'est l'inverse qui se passe : je suis plutôt catastrophé.

En effet, si les francophones n'acceptent pas ce qui est sur la table, ce sera bien pire pour eux! Pour une fois, ils vont devoir avaler les couleuvres, faire taire Maingain, et si c'est possible, réussir à réfléchir quelques instants avant de faire une très grosse bêtise. Les Wallons n'ont pas les moyens financiers pour continuer leur cirque.

La gestion exécrable de la région du Sud de la Belgique l'a amenée dans une impasse budgétaire abyssale. Bien pire, pendant l'agitation épidermique provoquée par les petites phrases assassines, les politiciens nous détournent du problème. «Tout va très bien, madame la Marquise! Vous êtes certain? Ô le vilain flamand séparatiste, regardez!».

Je vais entrer dans le vif du sujet : en 2005, les transferts N/S s'élevaient à 5,3 milliards d'euros. Oui, vous avez bien lu. Ces sommes n'ont pas d'intérêts, il ne faut même pas les rembourser. En gros, c'est cadeau. Et ce n'est pas près de changer. Que je n'entende personne dire que c'était l'inverse «avant». Ce n'était probablement pas le cas, de plus ce n'était pas précis car l'outil statistique n'était pas aussi fiable qu'aujourd'hui.

Deuxièmement, à chaque fois que les négociations échouent sur B.H.V, elles deviennent plus difficiles et plus contraignantes pour les francophones. Tout en ouvrant la porte aux extrémistes des côtés de la frontière linguistique. Bien entendu, il est possible de rêver que tout à coup, en mettant Maingain et De Wever autour d'une table, tout sera réglé beaucoup plus facilement.

Pour la première fois, je crois véritablement en la doctrine Maddens : «Asphyxier le fédéral et attendre que le Sud tende la main». Mais tomber dans le piège de pointer du doigt le flamingant séparatiste est beaucoup plus simple. J'y suis moi-même tombé. La question que nous devons nous poser maintenant est : «Qu'est ce qui est le mieux pour les francophones ?».

Ensuite, il va falloir se retrousser les manches. Il va falloir regarder à sortir de ce bourbier économique. Il est temps de s'attaquer au travail au noir, au chômage, aux magouilles et surtout de décider d'une politique drastique d'économie. Soit, les Wallons mettent la main à la pâte d'eux-mêmes, soit quelqu'un d'autre le fera pour eux. Et quoi qu'il arrive, cela fera mal, très mal.

En étant persuadé qu'en ce jour la majorité des flamands n'est pas séparatiste, qu'ils sont encore prêts à nous aider moyennant quelques réformes et que les négociations suivantes seraient encore plus difficiles, je pense qu'il va vraiment falloir ces cinq minutes de courage. Et ce n'est pas grand chose par rapport à tout ce qui peut-être perdu à l'avenir.

À un moment, il faut réussir à oublier les querelles, il faut mettre ses réactions superficielles de côté et chercher à trouver des solutions qui facilitent l'avenir. Maintenant, il est toujours possible de vouloir essayer de jouer au messie pour les fameux droits des francophones de la périphérie. Ils sont combien? Est-ce qu'ils sont bilingues? Est-ce que leurs droits seront reconnus lorsque la charte européenne sur la protection des minorités sera signée?

Allez, un peu de courage, pardi!

mardi 13 septembre 2011

Ouverture d'esprit vers la Flandre.

Ces derniers jours m'ont été très instructifs d'un point de vue de mes connaissances en politique belge, mais également d'un point de vue personnel. Premièrement, des échanges avec des flamands m'ont très clairement démontré que je devais revoir mon jugement sur le côté «séparatiste» de l'opinion flamande, et deuxièmement qu'au lieu d'éviter à tout prix la division de la Belgique, mes propos y mèneraient.

J'en profite pour remettre la NVA sur la table. Le plus gros problème, c'est que rien que l'évocation de ce parti en Wallonie fait hérisser les poils de l'interlocuteur francophone. Moi le premier. Et donc, nous rentrons tout de suite dans l'émotion. Dans le paysage politique francophone, il n'y a pas d'extrême droite, et heureusement, il y a peu d'électeurs près à voter pour ce type de parti. Dès lors, dès que nous entendons parler de populisme, le blocage apparaît. Que ce soit légitime ou non, la question n'est pas là.

Maintenant, il faut nous mettre à la place de l'électeur flamand et regarder le paysage politique en Flandre : il n'y avait pas réellement de parti de droite. Un petit peu comme de notre côté de la frontière linguistique, l'open VLD n'est pas conservateur, tout comme le MR. Ensuite, il y avait le Vlaams Belang, et marginalement, la LDD (Lijst Dedecker). Point. Il faut donc voir que cette montée de la NVA est en partie due à son positionnement stratégique sur l'échiquier.

Deuxièmement, il ne faut pas oublier la personnalité de son leader. Entre ses petites phrases, son ironie, sa brillante participation au jeu «De slimste mens», il a séduit un électorat qui le trouvait «sympatoche». Ici, ses idées ne rentrent même pas en ligne de compte. J'ai envie de le comparer dans un tout autre registre à notre «Papa» Daerden. C'est son charisme qui a mené la NVA là où elle est. Ce qui ne me le rend pas plus sympathique pour autant, mais c'est une autre histoire.

Et le séparatisme dans tout ça? L'évaporation de la Belgique? Ces mots ont, bien évidemment, eu un beaucoup plus grand impact de notre côté du pays. En Flandre, cela n'a pas été perçu de la même manière. Je dirais que chez nous, rien que le fait d'évoquer cette fin provoque des réactions irrationnelles qui vont de la peur à la demande de rattachement à la France. Tandis que les flamands ne nous comprennent pas, car pour eux, il n'en est pas question.

Mais pourquoi n'en est-il pas question? Parce qu'ils sont belges, pardi. Comme vous, comme moi. Du moins, pour mes lecteurs belges. Combien y a-t-il de francophones rattachistes à la France? Une toute petite minorité, et pourtant, ils font un grand buzz. J'ai envie de dire que la peur du séparatisme fait vendre, et donc cela fait également partie du jeu médiatique.

Et tous ces extrémistes du TAK, du VB et les liens de la NVA avec l'extrême droite? Ils doivent continuer à être dénoncés et clairement combattus. Mais l'électeur flamand lambda n'est pas dans cette mouvance. Je pense que c'est un petit peu comme l'UMP qui essaie de chercher des voix chez Marine, et qu'il y a des élus derrière Sarko qui ont des idées nauséabondes. Pourtant, nous ne considérerons pas que l'électeur français de droite est néo-fasciste.

Et la périphérie de Bruxelles, et les bourgmestres non-nommés? Et si pour une fois j'arrêtais de hurler et je réfléchissais? Damien Thiéry était sur la première hier matin, et il a clairement dit que le seul problème que cela posait était qu'il prenait la place d'un échevin. De plus, les flamands se rendent compte que leurs attaques ne font que renforcer la dualité Fl/Fr sur les listes de ces communes et que ce n'est pas une bonne stratégie pour leurs élus. Ce ne serait donc que des manœuvres bassement électorales? Oui et non. Je pense qu'il y a la volonté de faire chier aussi, parfois l'humain prend le dessus.

Et Bruxelles? Si elle est enclavée en Flandre, que va-t-il se passer? J'ai envie de dire que ça ne peut pas être pire. Pour le moment, la capitale est vampirisée par les deux autres régions qui profitent pleinement du marché de l'emploi sans la refinancer. Bruxelles pourrait devenir Brussel? Je l'ai longtemps pensé, mais je n'y crois plus du tout. Elle a vocation à être une ville cosmopolite, j'ai envie de parler de N-Y européenne.

Et Maingain? Jusqu'à ce week-end, j'étais très content de son blocage institutionnel. Parce que j'étais persuadé que le flamand voulait aller vers la fin de la Belgique, je trouvais qu'il faisait parfaitement son travail : empêcher toute avancée dans ce sens. Aujourd'hui, je me pose une autre question : est-il capable d'un compromis? Ou bien, est-il le penchant de De Dewer: l'épouvantail contre l'autre communauté? Ces deux-là ne sont-ils pas les politiciens à qui les blocages profitent le plus?

A bien y réfléchir, je suis à nouveau persuadé que la Belgique a un avenir. Nos amis du Nord ne sont certainement pas plus séparatistes que nous. Il faut donc absolument renouer le dialogue, et surtout réapprendre à se connaître, à se lire, à se comprendre. Et sincèrement, même si certains croient que les francophones n'ont pas les capacités intellectuelles pour apprendre le néerlandais, un petit effort pour l'étudier est le bienvenu en ce moment.

Si nous ne voulons pas la fin de la Belgique, ne mettons pas le chantier de la destruction en route.

Et on démarre une autre histoire....

Une page se tourne aujourd'hui avec la fin de mon blog en cet endroit. En effet, j'ai décidé de ne plus l'alimenter à cette adr...