vendredi 2 décembre 2011

La manifestation de Brandon.


C'est un Brandon triomphal que j'ai eu ce matin au téléphone. Il était épuisé, mais heureux. Hier, la manifestation contre l'austérité a été un franc succès. Les médias corrompus par les banksters parlent de 50.000 personnes, mais il est persuadé qu'ils étaient au moins un million. Le peuple a prouvé que la solidarité est nécessaire.

Comme à son habitude, c'est au Germinal qu'il a commencé sa semaine de militant. Car cette fois, c'est la nation qui avait besoin de son savoir-faire. Dès dimanche soir, les meetings et réunions s'étaient enchaînées. Après de longues négociations et quelques bières bien méritées, le planning de la semaine était bouclé.

Lundi, conférence sur l'Histoire du Socialisme à l'amicale des cheminots avec le Doc. Mardi, brainstorming sur les slogans percutants. Mercredi, "tous rouches" au café des sports. Jeudi, festival de la Chanson Militante avec l'Unisson des Refrains Symphoniques Solidaires. Vendredi, soirée de préparation au finish (carapils à volonté).

Grâce aux camarades syndiqués de la S.N.C.B., Brandon et ses camarades ont opté pour le train. Au départ, ils avaient prévu de s'entasser dans son camping car, mais ils n'avaient pas réussi à nommer un Bob. Heureusement, Ayrton eut la présence d'esprit de rappeler qu'en ce jour de grève nationale, les trains roulaient.

Et oui, c'est aussi cela, l'amitié qui lie les différentes factions grévistes. Et c'est donc emmitouflés dans leurs vestes rouges qu'ils sont montés dans le train vers Bruxelles. À peine dans le wagon, Brandon se leva et entonna l'Internationale de sa voix rauque mais sensible. Ses compagnons de combat le suivirent et l'émotion fit couler sa désormais légendaire larme sur sa joue gauche.

Il était 6h54 et les doux «pshiiiiiiiiiit» des cannettes rythmaient le voyage vers la Capitale. Tout était en ordre, le gueulophone, les banderoles et surtout leur slogan était prêt. «Non Non Non Non Non». Simple, efficace et très facilement prononçable en cas de biturite aigüe. C'est d'ailleurs dans cet état qu'ils ont eu leur éclat de génie mercredi matin vers 4h08.

L'ambiance commençait tout doucement à monter, les carapils coulaient à flot. À chaque arrêt de train, des camarades venaient les rejoindre pour démontrer au Grand Capital que les 99% existent. Petit à petit, des photos commençaient à être prises, et Brandon se rappela des consignes de la section locale du Parti: "Alcool discret".

En effet, ce serait dommage que l'opinion publique pense que c'est un défilé carnavaleresque composé de chômeurs chroniques venus défendre leur pouvoir d'achat de bières. Mais Brandon avait tout prévu. Il avait laissé fermenter une infusion à base de ravini, de porto et de gueuze framboise toute la semaine.

Il s'enferma dans les toilettes, sortit son cocktail et une boîte qu'il avait chipée à Jess. Le bocal était à peine ouvert que l'alcool lui attaqua les narines. Il trempa le morceau de coton dans le récipient et attendit quelques instants. Au bout du fil pendait son nouvel éthylo-booster. Il n'était pas certain que cela fonctionnerait, mais il devait le tester.

C'est ainsi que pour la première fois de sa jeune vie, il s'introduisit un tampon imbibé d'alcool dans l'anus. Des bons souvenirs de Siegfried¹ et des policiers niçois² vinrent titiller sa libido. Il se rendit compte que cela lui donnait une érection et que marcher lui procurait beaucoup de plaisir. La journée allait être magnifique.

L'euphorie le gagnait, et il évoqua avec nostalgie les grands mouvements sociaux. Il se rappelait aussi que Mathot et Van Cau étaient les leaders de la Grande Époque. Lorsqu'il se souvint que ce sont maintenant leurs fils qui ont pris la relève, une deuxième larme est venue mourir sur sa joue gauche, en solidarité avec la première.

C'était le retour du socialisme de Papa, et il était fier et heureux de soutenir tout cela. Lorsqu'il se retrouva au milieu de la foule il se sentit porté par la mutinerie et c'est au son des «Non Non Non Non Non» qu'il levait son poing démonstratif. Il était tellement excité qu'il décida de s'éclipser et de s'enfiler la totalité des tampons dans le rectum.

Sa jouissance fut brève mais intense. Il se souvint qu'il avait envie de rouler des pelles à tout va et que toutes les filles étaient jolies. Il se réveilla, une fois de plus, entouré de policiers hilares. Il comprit à leur accent qu'il était de l'autre côté de la frontière linguistique. Il était à Zaventem, et ils allaient utiliser le dispositif mis en place pour les mules.

Brandon chanta l'Internationale avant d'ingurgiter le puissant laxatif.


¹Voir le secret de Brandon
²Voir les vacances de Brandon 

Retrouvez toutes les aventures de ce anti-héros sur sa page Brandon, le Wallon. 

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