samedi 19 novembre 2011

Le voyage de Brandon


C'est un Brandon réellement fatigué que j'ai eu ce matin au téléphone. Car cette semaine, il a eu l'occasion de partir en voyage en France. En effet, chaque année, avec les A.A. de Warquignies, ils partent faire un pèlerinage du côté de Lyon, à Beaujeau plus précisément. Depuis maintenant 38 ans, la tradition est respectée.

Et quand on parle de folklore ou de transmission, Brandon qui rêve de devenir prof d'histoire, est toujours le premier participant. Cette année, c'était lui qui était en charge de la sortie des A.A. Heureusement, l'organisation, ça le connaît. Lui qui jongle entre son ex et sa sœur, sa maîtresse et quelques extras, les plannings, il gère.

Pour 25 euros par personne, il y a l'aller-retour en autocar semi luxe 2 étoiles avec toilettes portables, radio-cassette. Ventes de carapils à 20 centimes d'euro durant le trajet. Sac à vomissure spécialement conçu pour les reflux liquides gracieusement fournis par le chauffeur. Départ le mercredi 18h, retour plus ou moins le vendredi aux alentours de 20h.

Grâce aux subsides de la commune, de la fondation Fabiola pour déficients mentaux et à l'office de tourisme de la ville de Beaujeau, le tarif exceptionnel leur permet également de bénéficier de trois visites de caves, le jeudi matin et après-midi, et le vendredi matin. Les participants ont le droit également à un verre collector et une bouteille de beaujolais par personne.

Il va sans dire que les 48 places ont été vendues en moins de 10 minutes et que de nombreux camarades se contenteront de fêter l'arrivée du beaujolais nouveau lors de la non moins traditionnelle soirée au café Le Germinal. Le bistrot en profite d'ailleurs pour rappeler que le rouge est non seulement la couleur du vin, mais aussi celle du sang et du socialisme.

Brandon peut être fier de lui, car la petite excursion a été un succès du début à la fin du voyage. La convivialité et la célèbre joyeuseté des habitants du borinage a de nouveau été démontrée et exportée. Tous les voyageurs sont rentrés fatigués mais très satisfaits de leur sortie annuelle. Tous ont plébiscité notre héros et ont déjà réservé leur place pour l'année prochaine.

Pourtant, tout ne fut pas facile pour notre apprenti G.O.¹ Le départ fut épique, à 18h15, la plupart des voyageurs étaient encore en train de vider leurs bières en faisant les adieux à leurs familles qu'ils avaient peur de ne jamais revoir. Mais lorsqu'ils ont vu le nombre de carapils dans les soutes, ils sont rentrés dans le car qui put finalement démarrer à 18h17.

À peine sortis de l'entité, ils savaient déjà qui paierait sa première tournée de vin. Et oui,... comme à son habitude Ghislain, dit vomito, a inauguré les nouveaux sacs à gerbe. Après les applaudissements de circonstance, il fit cul-sec avec une de ses canettes et tout était rentré dans l'ordre. Et c'est à coup de «Elle me l'avou toudis promis » que les joyeux lurons passèrent la frontière.

Vers 6H du matin, ils entrèrent dans leur Mecque du vin. Pile à l'heure pour attaquer le petit déjeuner vinifié aux raisins régionaux. Comme chaque année, c'est au bar P.M.U qu'ils furent accueillis avec leur bouteille tant espérée de la cuvée 2011. Seul, notre Ghislain dû rester dehors. Officiellement parce qu'il fumait.

Officieusement, tout le monde connaissait son surnom et il avait bien démontré chez les camarades français que son appellation contrôlée n'était pas usurpée. Mais le patron du bar se rappelait surtout de lui, parce qu'il avait essayé de trousser sa femme alors qu'elle s'était penchée pour ramasser le vomi... Et cela ne lui avait pas réellement plu, car il ne lui avait pas demandé la permission.

Après leur sustentation locale, ils attaquèrent la visite de la première cave, puis de la seconde, et ensuite tout se brouilla dans l'esprit de notre tour opérateur guindaillesque. Il se rappelle que petit à petit, l'autocar se remplissait de vin tandis que le groupe se dispersait. Des couples étranges se formaient aussi.

C'est un peu cela aussi les voyages: la découverte des autochtones, de leurs coutumes, de leurs mamelles. Tandis qu'il perdit son groupe, Brandon lui se retrouva au fond d'une cave entouré de gens tous nus. L'image d'après, il se voit en train de lécher les seins de la patronne du vignoble qui ressemblait furieusement à une de ses connaissances.

L'après trou noir fut particulier, car il s'est réveillé dans la cave, nu comme un ver en train d'embrasser une des participantes de son village: Léa, 74 ans, qui avait retiré son corset et son dentier. Plutôt que de se poser des questions embarrassantes, les jeunes amants décidèrent de boire le vin au tonneau avant de retrouver leur car du retour. L'odeur de vieille bientôt morte collait à la peau de Brandon.

Le démarrage fut beaucoup plus laborieux, car de nombreux voyageurs n'étaient pas à l'heure. La plupart d'entre eux arrivèrent dans la même fourgonnette bleue. Par chance, les policiers locaux aimaient reconduire les étrangers à la frontière et ils s'assurèrent que tout le monde était dans l'autocar vers la Belgique.

Le retour était très calme. De temps en temps, il était possible d'entendre quelques spasmes et hoquets de ceux qui avaient malencontreusement exagéré. Et pour continuer la fête, il y avait aussi Léa revivifiée qui montrait son minou en espérant que quelqu'un décide de l'honorer une nouvelle fois. Ses sourires mielleux adressés à Brandon en disaient long:

«Vivement le prochain voyage avec les Alcooliques Assoiffés de Warquignies»

¹Guindailleur Organisateur. Le terme G.O. n'a rien à voir avec celui de la marque au trident qui a déposé ce nom. L'auteur ne voulant pas de problèmes avec son ancien employeur rappelle que cette abréviation représente une fonction d'organisation de guindaille et non un faux sportif pseudo gentil qui essaie de se trouver une bourgeoise pleine de pognon.

Toues les aventures du héros sur la page Brandon, le Wallon

jeudi 17 novembre 2011

Les douleurs du temps.


Je me suis à nouveau réveillé en sursaut. Mes rêves m'emmenaient dans tes bras, et lors du retour à la réalité, ce n'était que douleur, déception et tristesse de ne pas te retrouver dans mon lit. Tu n'y seras plus jamais, et pourtant, mon inconscient m'offre encore des images de notre bonheur du fond de mes souvenirs.

Je me rappelle chacun de tes gestes, de tes sourires, de tes abandons au plaisir lors de nos étreintes. Je me souviens de chaque endroit où nous avons fait l'amour, de l'intensité de nos unions et de l'entente de nos cœurs qui ont toujours battu à l'unisson. Et la douleur de t'avoir perdu me rappelle à quel point je t'aime encore.

Le monde entier veut faire croire que le temps panse les blessures, mais mes cicatrices sont purulentes et ne pourront jamais se refermer. C'est une brûlure qui détruit mon âme et me rend amer. Je n'ai jamais pu te montrer à quel point je t'aimais, et je regrette péniblement tous ces mots que j'ai gardé au fond de moi.

Le temps n'apaise en rien. Celui-ci n'est qu'une mesure qui nous permet de voir défiler les années qui séparent la naissance de la mort. Une échelle qui permet de savoir où nous en sommes dans l'avancement de notre vie. Une norme qui définit le sablier de notre existence. Un moyen de nous rappeler nos erreurs, et de nous montrer que nous ne pourrons jamais les corriger. Une dague qui s'enfonce dans nos blessures en nous rappelant les douleurs infligées par le temps.

Je ne sais pas si tu penses encore à moi, et je ne veux pas le savoir. J'aimerais simplement pouvoir me dire que tu es heureuse loin de mes bras, et que tu as trouvé tout l'Amour que tu mérites, que ton cœur si grand a trouvé ce beau Prince que tu attendais depuis tellement longtemps. Prince que je n'ai pas pu être pour toi.

Je pense qu'au fond de moi, je savais que tu partirais, et que c'est la raison pour laquelle que je n'ai jamais voulu m'ouvrir à toi. Et tu m'as quitté. Sur la pointe des pieds, tu es sortie de ma vie de la même manière que tu y entrée : avec discrétion et finesse. Tout en enfouissant dans mon âme la marque impérissable d'un Amour profond et sincère.

Jamais, Ô grand jamais, je n'aurais pensé un seul jour que tous les sentiments que j'ai eu pour toi dureraient aussi longtemps, que je serais torturé pendant des mois, des années, des décennies, pour le reste de ma vie. L'amour est aveugle, dit-on souvent, mais cette fois, j'ai été aveugle devant l'Amour. Je n'ai pas voulu voir la chance que j'ai eue de te rencontrer, et pourtant, chaque jour, mes yeux s'ouvrent un peu plus sur la vérité du passé.

Lorsque je vois à quel point mon attachement pour toi ne s'est pas effiloché et l'intense déchirement qui en découle, le terrible tourment de souffrance qui m'envahit souvent, je ne peux que réfléchir à l'ironie de la situation, car je sais pertinemment que j'ai brisé de nombreuses idylles... Et avec toi, je me suis détruit en n'osant pas faire le pas que tu attendais tellement de moi: te parler de mon Amour pour toi.

Aujourd'hui, je suis en train de t'écrire une lettre que tu ne liras pas. Des mots inutiles, des phrases vaines qui n'ont de seul but que d'apaiser un peu le chagrin qui me ronge. C'est avec beaucoup d'amertume qu'il faut que je plonge dans la dérision, et me rendre compte que le séducteur que je suis, moi qui ai toujours eu du mal à donner l'exclusivité dans une relation : je n'ai jamais pu aimer aussi fort que je ne t'Aime, toi.

Une éternité après nos conversations, j'entends encore au fond de ta voix, l'attente d'un geste, d'une confirmation, d'une ébauche de réponse à la passion qui nous unissait. Lorsque tu m'en parlais, je balbutiais, je bégayais, je mentais. Jamais ces mots n'ont pu sortir de ma bouche, et pourtant, ils se bousculaient au fond de mon palais.

En ne te disant rien, je voulais te protéger. Mais à force de ne rien dire, de me cacher derrière le mur du silence, je t'ai laissée t'en aller, t'envoler vers d'autres horizons. Comme une délivrance, je t'ai vu déployer tes ailes et voguer vers ce que tu recherchais : la stabilité, la raison, la construction. Peut être que si à cet instant, je t'avais pris la main, tu serais restée.

Peut être que si à ce moment, je t'avais crié ce que j'avais au fond de mes tripes, tu aurais compris à quel point tu avais un amoureux auprès de toi. Si j'avais juste ouvert les yeux pour que tu puisses y plonger ton regard, tu aurais pu voir au fond de mon âme que tu es la plus belle femme au monde. Si à cet instant précis, tu t'étais retournée, tu aurais vu les larmes qui coulaient sur mes joues.

Mais je t'ai laissé partir, j'ai ouvert ma paume dans laquelle tu avais précieusement placé ton coeur, en me demandant de le protéger, de le faire battre quand il en avait besoin, de l'écouter chanter quand j'étais malheureux. Tu l'as repris avec toi, et ce jour, le mien s'est arrêté. Ce jour là, je me suis éteint, en silence. Depuis, je me retrouve avec mes balafres et mes lésions.

Aujourd'hui, je survis dans les douleurs du temps.

mardi 15 novembre 2011

Tertous debouts et découverts.


En marchant dans les rues de Louvain-la-Neuve, je me souviens de ma tendre jeunesse. Comme à l'époque, des calottés se baladent bras-dessus, bras-dessous tout en chantant des douces missives orgiaques. Il y a toujours ces traditionnelles chopes dans les mains, de l'entraide pour le camarade qui vomit ou encore le rappel à l'ordre pour faire moins de bruit.

En repassant dans ma ville étudiante, je ne peux m'empêcher d'aller faire un tour chez Denis des Halles, et vérifier que sa Primus est toujours aussi... édifiante. En rentrant dans la MDS, 20 ans après y avoir été baptisé¹, ce sont des énormes mouches qui nous accueillent avec des comitards en plein nettoyage de fin de quinzaine.

Cette odeur typique de lendemain de soirée me tire encore et toujours une larme de nostalgie. C'est cette relève brave et généreuse qui, de derrière le bar, s'excuse d'avoir un peu mal nettoyé les asticots du baptême et que donc les créatures volantes ont envahi les lieux. Aurais-je eu l'honneur de rencontrer Romu si le folklore estudiantin n'avait pas été transmis?

C'est en goûtant une bonne vieille pils à 1€ dans le bâtiment dans lequel j'ai subi « une longue suite de brimades plus pénibles les unes que les autres, destinées à nous soumettre les uns par rapport aux autres en m'humiliant le plus possible au vu de tous. Le but étant donc de me martyriser pour me rendre soit disant solidaire. »² que j'eus une pensée pour Laurent Louis.

Et oui, notre célèbrissime député Nivellois, désire que tous les baptêmes et autres bizutages soient interdits. J’extrapole certainement, mais je présume que la prison à vie en position de gueule en terre serait un moindre mal pour tout poil puant qui oserait hurler sur une jeune vierge chétive fraîchement sortie de sa rhétorique.

Mais où ce jeune homme a-t-il fait de ses études? Sait-il sincèrement à côté de quoi il est passé? Où alors, était-ce lui le fameux accidenté de l'humiliation? Était-ce lui, l'étudiant tombé de quatre étage enroulé dans un matelas qui a fini dans un tonneau d'acide? A la suite de quoi il a dû se faire recouvrir les brûlures avec de la crème d'orties...

Cette même crème spécialement et délicatement posée par la langue de Miss Malvira et ses verrues sur le nez. Alors, que justement celle-ci étant lesbienne et en voyant des noisettes poilues s'est mise à hurler et à demander la miséricorde de Dieu et de tous les saints tout en se flagellant avec sa ses fils barbelés qu'elle rangeait autour de sa cuisse?

C'est donc lui, cet étudiant brimé par des Poils qui à la vue de ce spectacle ont demandé à Mal "gouine" vira... de l'épiler avec des bandes enduites de cire chaude et arrachées à l'aide d'une pince électrique tout en ayant les lunettes faites de yeux de porc. Alors que lui était obligé de chanter le célèbre opéra de Tchaikovski avec à-fond de pénitence à chaque erreur?³

Ou alors, est-ce peut être l'infâme bleu ayant trouvé la mort à l'épreuve de la sorcière? En effet, après être passé par le tribunal et s'être fait guillopiné, il n'avait pas réussi à se défaire des 30 kilos de chaînes dans lesquelles il avait été emprisonné avant d'être jeté dans le lac de Louvain-la-Neuve alors que la clé était dans son anus. Il serait donc revenu sous forme de député pour se venger?³

J'ai eu plus de chance à mon baptême, j'ai appris le goût de choses que je n'ai jamais remis dans ma bouche depuis. J'ai rencontré des filles belles et... moins belles. Nous avons fêté, nous avons chanté, mais nous avons aussi galéré. Nous avons appris la solidarité, le travail et l'échec aussi. Mais dans la joyeuseté et la camarederie.

Plus sérieusement, je ne sais pas ce qu'aurait été ma vie si je n'avais pas été baptisé. Mon parrain de l'époque est devenu un ami de 20 ans. Nous sommes toujours en contact avec les comitards du chigé2, je joue au golf avec un copain de la BW ou je reste en contact avec des Centraliens. Et surtout, je revois beaucoup de monde au Lovaniensis Scientificus Ordo.

Pour quelques heures, je remets ma calotte, je revois mes amis. Nous ripaillons comme avant. Bien que je sois entièrement d'accord avec le commandeur Lélé qui dit que le folklore ne sert à rien, je ne voudrais pas qu'on me le retire. Chanter, danser, boire et puis rire depuis 20 ans. Ce n'est pas cela la vie?

Lorsque je repasse à la MDS et que je vois que ces jeunes étudiants transmettent ce même folklore qui m'a donné tant d'amis, de copains et qui m'a également permis de rencontrer l'Amour, je ne peux que leur souhaiter autant de plaisir que j'en ai eu. En me retournant sur ma vie, j'aurais regretté que quelqu'un m'empêche de faire cela, surtout que cela n'est pas obligatoire.

Pourtant, moi aussi, j'ai été humilié, ivre, rasé et tondu. Paradoxalement, ce n'était certainement pas pendant les épreuves de mon baptême que j'ai le plus souffert, non, c'était durant celles de la vie. Malheureusement, celles de la vie, ne vous ramènent pas autant d'amis. Vous les perdez plutôt petit à petit. Tandis que pendant le baptême, haaaaaa, le baptême... c'est l'inverse, vous en gagnez.

Alors, Monsieur Laurent Louis, non, il ne faut pas l'interdire. Je préférerais vous inviter à venir nous rejoindre. Non pas pour vous faire passer les épreuves, non, bien sûr. Juste à venir vous rafraîchir le gosier, et à venir écouter une guindaille, et nous entendre entonner de vibrantes chansons.

Camarades, camarades, camarades! Tertous debouts et découverts pour un vibrant...

¹L'auteur, qui est baptisé Chigé2 en octobre 91, a été délégué Mère-Casier et Café-Théâtre, et également vice-président.
³Une fois de plus, l'auteur se rend compte que ces situations totalement fugaces et complètements dramatiques ne sont que les reflets profondément débiles sorties d'un esprit dérangé. Le saltimbanque que je suis n'a pas pu s'empêcher de mettre le député en scène. Il espère également Monsieur Laurent Louis aura de l'humour et de la pitié pour les bouffons ou qu'en cas de procès Monsieur le Juge sera un ancien baptisé.

samedi 12 novembre 2011

L'armistice de Brandon.


C'est un Brandon patriotique que j'ai eu ce matin au bout du fil. En tant que militant engagé, il a toujours aimé les défilés. Alors quand il doit, en plus, se balader fièrement en la mémoire de tous les soldats tombés pour leurs différentes patries, il est prêt à tous les sacrifices. Même celui de se lever tôt, pour une fois.

Comme chaque onze novembre, il arriva vers 7h30 au Germinal, afin de retrouver les combattants de toutes les causes et d'avoir l'immense privilège de partager une petite bière avec eux. C'est un devoir de commémoration qu'il ne rate jamais. Évidemment, il est trop jeune pour comprendre la guerre, mais il se sent soldat dans l'âme.

Les discussions furent pointues et techniques. Le goût de l'Histoire avec un grand H transcendait Brandon qui regretta presque de ne pas être né un siècle plus tôt. Lorsque le Doc cita Malraux, Littel, Malherbe ou encore Saint-Exupéry, lui répliqua avec des Call of Duty, Battlefield ou Counter Strike. Après quelques bières, il savait même expliquer la vie dans les tranchées.

Car ce qu'il aime aussi dans cette période automnale, c'est l'arrivée des bières de noël au fût. Cela lui ouvre l'imagination pour parler de la guerre et de se donner du cœur au ventre pour son combat pour le socialisme. Après trois St-Feuillien et six Bush de Noël, son lyrisme légendaire tint son auditoire dévoué en haleine houblonneuse.

Il fallait le voir se lever sur son tabouret et expliquer le difficile calvaire des poilus. Il fallait l'entendre réciter la vie des résistants sous l'occupant. Sans oublier sa traditionnelle larme qui roulait sur sa joue gauche lorsqu'il relata les guerres syndicales contre le Grand Patronat. Il n'avait toujours pas compris le rôle de Jaurès, mais il savait que c'était un héros, son héros.

Une des choses les plus importantes à ses yeux, lors de ces jours fériés, c'est l'entente intergénérationnelle. Aussi, c'est en famille qu'ils vinrent au cabaret. Avec son ex femme, sa compagne, ses parents, et tous ses enfants, reconnus ou non. C'est ainsi que Ronaldo, Igor, Grichka et Hélène firent la connaissance du tavernier et de l'Amicale des Anciens Combattants.

Comme l'aîné va sur ses cinq ans, lui aussi a eu droit à une lampée de Moinette. Après quelques gorgées volées à sa maman, ses yeux ressemblèrent furieusement à ceux de son père, il n'y avait pas de doute sur la paternité. D'ailleurs, dès que la petite Hélène commença à pleurer, il lui mit 3 gifles, comme son tendre papa fait à la maison. La relève est assurée.

En voyant son fils s'occuper aussi dignement de sa demi-soeur, une énorme fierté lui a gonflé le cœur. Et c'est ainsi que Brandon décida de dévoiler la surprise pour toute la famille. Alors que toute la classe politique et les vétérans étaient sortis vers l'hôtel de ville pour écouter la Brabançonne, il annonça qu'il était temps que ses enfants découvrent un nouveau moyen de gagner de l'argent.

En effet, en ce 11.11.11, la chance leur souriait. C'est avec la bouche bée et les yeux vitreux que tous l'écoutèrent expliquer les règles du Bingo à sa progéniture. En ce jour spécial, leurs petites mains innocentes allaient lui porter chance. Jessica tenta bien de s'interposer et de lui rappeler que la moitié de son chômage passe dans ce jeu stupide, mais rien n'y fit.

Les enfants étaient déjà en train de scruter la machine qui allait les rendre riches. C'est Igor qui prit le billet de 50€ dans le sac de sa maman pour le glisser dans l'automate. Il était 11h11, et la boule devait tomber dans le 11 pour payer sur la carte 1, 4 et 6. Au moment, où elle a tourné autour du trou miraculeux, Ronaldo tapa un grand coup sur le côté, et la boule finit sa course dans le 11.

Seulement, le tilt raisonna. Presque aussi rapide que l'éclair, Brandon lui décocha une taloche qui lui fit perdre sa dent de lait fraîchement poussée. Heureusement Jessica ne le vit pas étant donné qu'elle était en train de se faire inviter à prendre un ravini par Coco, dit l'Anaconda. 

Ayant déjà tâté le reptile, elle connaissait très bien l'origine du surnom, et elle s'imaginait déjà en dresseuse de serpent. Elle se rapprocha de lui, sournoisement, pour trinquer et posa distraitement la main sur sa braguette pour s'assurer que l'animal était toujours bien vivant.

Comme c'était son jour de gloire, Brandon tenta de forcer sa chance avec les derniers euros qu'Hélène trouva dans le sac de sa mère Après avoir laissé plus de 100 euros dans la machine, et au moins autant au bar, toute se famille avait disparu. Seule Jess était encore au bar et semblait très proche du vicieux serpent.

Lorsqu'il prit des nouvelles de ses enfants, elle lui rétorqua que «s'tin pauf pia d'mé couilles » et qu'heureusement sa sœur à elle était sympa. Elle les avaient ramené à la maison après que Ronaldo eut fait cul sec avec une Chimay posée devant lui pour rire. Elle le traita encore de «boyard» et d'autres joyeusetés.

Le barman dût intervenir physiquement lorsqu'elle le traita de «cornard» et qu'elle décréta que dorénavant elle habiterait avec l'homme au gros tuyau. Tout faillit basculer, mais ce dernier voulait simplement tremper son épais chicon, pas plus. Aussi, il proposa de sceller la paix dans une partie fine à trois. Les yeux pleins de Joie, ils partirent se pervertir bras dessus, bras dessous.

Brandon sait aussi négocier un armistice.

Brandon a été désigné pour organiser le pèlerinage en beaujolais: Le voyage de brandon

vendredi 11 novembre 2011

Banks attack.


Il est intéressant de constater que ce sont maintenant des banquiers qui viennent sauver les pays mis en difficultés par eux-mêmes. Mais le point le plus cynique, c'est qu'ils ont réussi à faire croire au peuple qu'ils sont là pour son bien. Le diktat de l'argent prend la main, et personne, ne bouge. C'est magnifique.

À part quelques mouvements pacifistes comme les indignés ou le G1000, il n'y a aucune réaction solidaire face au trust de la démocratie faite par les vautours et autres charognards. Ce n'est plus seulement la Commission Européenne qui est à la solde des grands argentiers, ce sont des pays entiers. Dans l'indifférence générale...

Tout le monde a suivi que Mario Draghi le président de la Banque Centrale Européenne est aussi ex vice-président de Goldman Sachs. Que Lucas Papademos, le nouveau premier minstre Grec est l'ancien vice président de la Banque Centrale Européenne. Ou encore que Mario Monti, le probable futur premier ministre italien est un ancien conseiller Goldman Sachs.

Il n'y a aucun doute que les plans de rigueur passeront sans aucune opposition. Ce qui est splendide, c'est que les gens à la solde des capitalistes purs et durs ne doivent même plus s'en cacher. C'est devenu normal d'avoir des leaders à la botte de l'Argent. L'opinion publique est soumise, asservie.

Au fait, qui se rappelle de José Socrates ou de Brian Cowen? Ce sont les anciens premiers ministres portugais et grecs. Ils ont sauté à cause de la pression mise par les banques et l'Europe sur leurs pays. Malgré tout, les plans de sauvetage ont été mis en marche. Le fait que la majorité ait basculé après les élections n'a rien changé à la situation.

Dans déjà quatre pays sur dix-sept que compte l'Eurozone le travail de fond antisocial est voté et appliqué. Les marchés ont destitué les leaders sans que cela ne choque personne. Je présume que Zapateros ne fera pas long feu et que d'autres pays suivront. La Belgique vient de recevoir un avertissement ce matin.

Mais également Malte et Chypre. Ce qui fait déjà huit membres de la zone concernée. La France vient d'instaurer son plan à elle. Sarkozy passera-t-il le cap de 2012? Lui même ne le sait pas, et pourtant, il a imposé la vision ultra-libérale des capitalistes. Quels sont les moyens pour arrêter cela, lorsque les hommes politiques n'ont plus le choix?

Nous en sommes dans une situation où le fait de ne pas écouter la lois des spéculateurs coûte la place des chefs d'État. C'est non seulement aberrant, mais c'est surtout irresponsable. Les objectifs d'une Nation ne peuvent pas concorder avec celles du secteur privé. Cela n'est tout simplement pas possible.

L'État doit être là pour défendre ses citoyens, assurer la stabilité sociale, maintenir l'ordre et la paix et garantir une existence de qualité à ses contribuables. Le secteur financier a pour but unique de gagner de l'argent et de s'enrichir. Ces vues ne sont absolument pas compatibles. Ce n'est pas l'économie qui doit faire l'État, mais bien l'État qui doit réguler l'économie.

Il est très important de s'attaquer aux dettes souveraines, mais pas de manière à ce que cela profite uniquement au système bancaire. Que l'argent fasse tourner le monde, c'est une chose, mais que celui-ci contraigne les choix politiques, c'est une chose que le peuple n'a pas le droit de laisser faire. Il est temps de dire que cela suffit. Il est temps de changer de direction.

Malheureusement, cela devient un choix politique en soi-même: oser ouvrir la boîte de pandore qu'est la directive 123 du traité de Lisbonne¹ et ne plus laisser aux seuls banquiers la responsabilité de la création de la monnaie. Ce n'est plus aux prêteurs de creuser la dette qui les enrichit, ce n'est plus à l'Europe de décider de mener les différents États vers le gouffre.

Mais quels seront le ou les leaders qui risqueront de se lever contre la dictature mise en place par les banksters? Qui sera le Roberta Lavagna européen? Quel sera le premier pays qui s'aventurera à quitter l'Eurozone? Qui seront les indignés qui réussiront à faire plier leur gouvernement? Quels citoyens parviendront à faire entendre leurs voix?

Pour le moment, tout n'est que silence assourdissant.


jeudi 10 novembre 2011

Eurodestruction.


Dans la version électronique du Soir du 10 novembre 2011, José Manuel Barroso annonce que «Tous les pays de l'UE devraient adopter l'Euro». Une fois de plus, le leader européen veut détruire l'ensemble de l'économie des pays et les mettre à la solde des banquiers. Est-ce qu'il se rend compte que les citoyens voient dans son jeu?

Le problème de la monnaie unique, c'est qu'elle n'est pas gérée par les États, mais par les banques. Au lieu d'être régulée par des entités citoyennes, elle l'est par des compagnies dont le but est de faire des bénéfices (plantureux si possible). Est-ce que c'est cela la fameuse Europe solidaire dont monsieur Barroso ose nous parler?

Tous les problèmes des dettes souveraines proviennent des mesures catastrophiques venant de directives européennes supra-nationales. Grâce à l'Europe et à l'article 123 du traité de Lisbonne¹, la Banque Centrale d'un État n'a plus le droit de lui prêter de l'argent². En gros, la planche à billet ne peut plus fonctionner.

Cela veut dire que la souveraineté du dit État sur les banques est jetée à la poubelle. Ce ne sont plus les élites des fonctionnaires qui créent et régulent la monnaie pour le bien du Pays et donc de son peuple, mais les banques qui abusent de la création monétaire par le crédit octroyé aux... États. Tout cela avec la bénédiction de la Communauté Européenne.

Cela a été démontré que dans ce système, les grands gagnants sont les financiers et les banquiers. Cela a été prouvé que cette martingale permet aux argentiers privés de ruiner les pays et de les enfoncer dans la spirale de la dette souveraine. La crise actuelle que le continent traverse est dû à cette doctrine. C'est clair, limpide, simplissime.

Et que proposent Barroso & Co? D'enclencher la vitesse supérieure, mais pour cela il faut plus de passagers dans le train pour l'enfer. Ce n'est plus de l'idéalisme qui lui font prononcer ces mots, mais bien de la soumission à l'argent. Il veut que les États soient encore plus esclaves des institutions financières.

Une fois de plus, les édiles sont étrangement sourds aux cris de la rue. Comme si les indignés avaient complètement tort tandis que eux, les élus ont capitalement raison. Heureusement, le lavage de cerveau n'a pas fonctionné sur tout le monde, il y a encore de nombreuses personnes pour dénoncer les choix imbéciles de la Commission Européenne.

Ce n'est pas plus de pays, dans le sens quantité, qu'il faut dans l'Euro, mais plus d'État dans le sens d'ingérence. Il faut que la monnaie soit à nouveau mise en circulation par les Nations. Il faut que les grandes têtes pensantes se rendent compte que les habitants du vieux continent refusent le modèle inégalitaire copié sur les américains.

Les irresponsables ne veulent pas écouter les milliers d'hommes et de femmes qui défilent dans les rues, qui se rassemblent pacifiquement dans toutes les grandes capitales, et c'est cela qui risque de détruire le projet européen. Aujourd'hui, ils veulent nous faire croire que c'est ou bien leur Europe ou bien pas d'Europe. C'est absolument faux.

L'Europe est composée de différentes mentalités, de différentes langues, de différentes cultures, mais c'est justement là que réside sa force. Vouloir coûte que coûte l'unifier derrière un capitalisme extrême est non seulement barbare, mais par dessus tout dévastateur.

À chaque nouvel appel, monsieur Barroso démontre qu'il veut enclencher l'euro-destruction. Plutôt que d'écouter ses amis richissimes, il devrait simplement ouvrir ses yeux à la réalité sociale et aux dégâts déjà causés par la politique d'intégration économique qui a engendré le chaos actuel.

Le capitaine de l'Union affiche la même arrogance que celui du Titanic par une belle nuit claire. Il est tellement persuadé que l' Europe est insubmersible qu'il va finir par la couler par 4000m de fond. Évidemment, il peut toujours demander à l'orchestre des médias de jouer.

Espérons qu'il y ait suffisamment de canots de sauvetage...


² Sur le blog de Nicolas Jégou: Comprendre la dette publique (en quelques minutes)

mercredi 9 novembre 2011

Démocratie violée.


«Démission de Berlusconi», «la fin du Cavaliere», etc... Ce matin, les gros titres annoncent la fin de règne du leader italien avec fracas. C'est un peu le monde des médias qui se débarrasse d'un de ses plus grands défenseurs. Le richissime propriétaire se fait lyncher par ses propres salariés. Ce déchaînement permet de cacher le principal: une injure à la démocratie.

Car c'est bien de cela qu'il s'agit: un coup de poignard à nos libertés fondamentales du choix de nos élus. Et il n'y a personne pour se lever contre cette atteinte des marchés financiers qui attaquent le monde politique. La guerre économique est bien plus importante que ce que la pensée unique veut bien nous faire croire.

Ce n'est pas le séducteur des prostituées mineures qui est déboulonné, mais le chef de gouvernement d'un pays du G8. Se réjouir de la chute du trublion, c'est surtout fermer les yeux sur la dictature de l'argent. Comment est-ce possible que ce soient les obscurs investisseurs qui aient le droit de choisir les dirigeants, nos dirigeants?

Ce n'est pas un problème qu'il ait été élu malgré ses frasques et ces petites phrases historiques. Cela aurait été un juste retour s'il s'était fait jeter de la vie politique par la voix des urnes. Ce qui est terrible, c'est qu'il se soit fait limoger par les grands argentiers. Et ce qui est encore plus grave, c'est que cela ne choque pas l'opinion publique.

Comme si le fait d'être libertin et grossier pouvait donner les pleins pouvoirs à des traders sans foi ni loi cachés derrière leurs écrans. Comme si le fait de se faire turluter par une petite donzelle puisse autoriser à livrer son pays aux mains des banquiers. Comme si le bunga-bunga concédait la défaite de la Vox Populi.

Dorénavant, après une décote de Moodies ou une attaque en règle contre l'Euro, les hommes politiques devront démissionner. Maintenant, ce sont les bourses qui tiennent les parlementaires par les couilles. Comment peut-on laisser faire cela? Quelle débilitude peut atteindre les journalistes pour ne même pas relever cette invraisemblance?

En novembre 2011, il est possible de jeter un élu du peuple parce qu'il refuse de faire passer des réformes obligatoires... Réformes créées pour donner plus d'argent à l'argent. À ce jour, un président de pays qui veut freiner le capitalisme sauvage peut être remercié par ces mêmes brutes. Cela veut dire qu’inexorablement, la loi du marché sera la base des Lois.

Petit à petit, les électeurs pourront choisir entre la droite, l'utra-droite ou l'extrême droite. Le communisme, le socialisme seront sacrifiés sur l'autel de la monnaie unique. Les chômeurs seront mis au ban de la société qui bénira les délocalisations forcées. Les pauvres seront montrés du doigt pour ne pas avoir été capables d'aider les riches.

Bientôt, il ne sera même plus réalisable de voter pour un visionnaire qui voudra aller à contre-courant. Car lui aussi sera emporté par la catastrophe imminente prônée par les décideurs. Qui oserait encore se lever contre la rigueur, l'austérité, la crise? Qui resterait en place avec un programme de refus du modèle ricain?

Parce qu'il ne faut pas se leurrer, si même une personne monstrueusement fortunée comme Berlusconi arrive à se faire jeter par ses propres amis, il est peu probable qu'un François Hollande ou encore un Elio di Rupo fasse long feu. Même le système mis en place par Silvio & Co n'était pas assez à droite. Jusque quand le peuple européen se laissera faire?

Il ne faut vraiment pas se réjouir de la déchéance du Cavaliere. Cet homme contrôle l'ensemble des médias de la péninsule, il est milliardaire, il est le président du conseil à la plus longue longévité, et malgré tout, les fameux marchés ont décidé qu'il était temps de mettre un terme à sa carrière. Les marchés, oui, le fric, le pognon, le flouze.

Ces mêmes marchés qui ne veulent que plus de pouvoir et plus d'argent. Ces salles de changes qui se foutent des pauvres ou des clodos. Ces déclencheurs de guerre ou de famines ou nom du pétrole ou des diamants. Ces fins stratèges qui sont en train de torturer mesdemoiselles Démocratie, Justice et Liberté, de les violer sadiquement jusqu'à ce qu'elles crèvent...

sous les yeux du Peuple qui s'en félicite.



mardi 8 novembre 2011

Une Trappiste, une!


Il y a beaucoup d'excellents produits belges, mais il y en a une sorte qui a ma préférence: la bière. Je ne peux expliquer le plaisir intense qui se dégage aux premières gorgées de cette mousse fraîche et onctueuse qui arrive dans mon palais. C'est toujours avec beaucoup de parcimonie que je choisis mon cabaret pour aller déguster ce produit divin.

J'ai bien dit «divin». Bien que j'émette de sacrés doutes sur les fameux Dieux miséricordieux ou ceux qui promettent l'éternité auprès de vierges effarouchées qui n'attendraient que le vit dressé du guerrier tombé au combat, je me plie volontiers dans la Foi d'un Créateur de breuvages de houblon et suis prêt à lui sacrifier quelques heures sans contrepartie.

Dans cette religion, pas besoin de promesses de vie éternelle, de Salut, ou de quoi que ce soit pour après la mort. Ce qui compte, c'est le pendant la Vie. Un excellent prêtre, par contre, est nécessaire. C'est la raison pour laquelle le choix du tenancier de la chapelle houblonesque est très important. Pour célébrer le nectar, il faut des mouvements experts.

Ce que peu de gens savent, c'est qu'en Belgique, il existe un diplôme pour apprendre à servir la bière. C'est là que le prêcheur de la bonne lampée va faire ses vœux et se faufiler sur le chemin vertueux de l'offrande au pénitent. Grâce aux mains bénies et agiles du tôlier, le produit des Dieux sera partagé entre les pauvres pèlerins qui se sont égarés.

Ce don de la part de l'aumônier permet tout de suite de se sentir pénétré par l'illumination divine. L'amitié et la compassion entre les croyants se distille à coups de tournées et de dégustation commune. Pour rappel, il est d'usage de laisser une donation après la messe. En cas d'oubli de paiement, des problèmes très terrestres peuvent apparaître.

D'aucuns pourraient négligemment ou honteusement hurler à l'apologie de la Secte des Alcooliques Sociaux. Qu'à cela ne tienne, que ces pauvres mécréants passent leur chemin et aillent prier pour leur propre chapelle. Il est même probable qu'une des nombreuses coupes sera bue à leur santé afin qu'ils découvrent rapidement la route qui mène au bonheur.

Si je parle aujourd'hui de cette tradition fraternelle qu'est le don d'une bonne bière à son prochain, c'est parce que les bières trappistes ont tellement de succès, qu'elles peinent à satisfaire la demande de leur fidèles. C'est avec les bras écartés et les paumes tendues vers le ciel que nous accueillons nos frères parmi nous.

Il est temps de quitter les marchands de Carapils, de Karsquell ou autre ersatz. Il ne faut pas hésiter à se détourner des Jupiler, Stella, Maes ou toutes ces boissons populaires que le grand capitalisme veut nous vendre à des tarifs irrespectueux de la tradition brassicole locale. Il ne faut pas hésiter à savourer sa boisson favorite tout en aidant les autres.

Non seulement la petite pièce laissée au cafetier lui permettra de vivre sa passion spirituelo-bibitive aves ses ouailles, mais en buvant une Trappiste, une partie de cette participation sera reversée aux plus défavorisés d'entre nous. En effet, pour avoir le label, l'essentiel des bénéfices des ventes de ce type de bière doit être consacré à des œuvres de caractère social.

Alors que des fortunes sont amassées sur le dos des petites gens par des sociétés multinationales détenues par quelques actionnaires, boire délicatement une excellente bière permet d'aider les plus démunis. Une Trappiste brassée par amour par les moines au sein de leur monastère nous permet de consommer équitablement.

Devant mon écran, je l'imagine déjà en train d'être versée avec un geste professionnel et amical. Le liquide brunâtre se répand dans le godet pendant que la mousse commence à se former. La lie est délicatement mélangée, et le dôme vient se former harmonieusement.

J'entends les tintements des verres qui se cognent, je hume l'odeur de zinc, et je me remémore les chants liturgiques célébrant ces rituels sacrés. Les camarades qui rient dans la Joie et le Bonheur terrestre grâce à cette bienfaisance touchée par la bénédiction céleste. Il est temps que j'aille à la Messe.

Benoît, une Trappiste, une!¹


¹Ce billet est dédicacé à mon ami Benoît, tenancier de la Régence à Soignies, juste à côté de la collégiale. Son service de la bière et ses efforts pour nous présenter des produits excellents méritent un détour.


lundi 7 novembre 2011

No future.


«No future». Dans les années 80, les punks et autres contestataires utilisaient ce slogan à toutes les sauces. Il faut dire que la situation était assez grave: c'était sous Reagan et Tatcher qui symbolisent encore aujourd'hui la période de la politique conservatrice pure et dure. Aujourd'hui, c'est bien ce slogan qui pourrait refaire surface.

Je me souviendrai toute ma vie du choc des cultures entre un des gars de la classe et du prof de math à ce sujet. Comment était-il possible que des jeunes prônaient l'abolition du futur alors que justement ce sont eux (nous à l'époque) qui étaient le garant de ce fameux futur? Pourquoi ne croyaient-ils pas en l'avenir?

20 ans se sont écoulés depuis cette discussion marquante dont j'avais été le témoin étonné, et je commence à comprendre les deux protagonistes. Premièrement, le «No Future» serait traduit en français pas «Non à CE futur». Deuxièmement, l'avenir c'est aussi les aînés, les adultes, les bien-pensants qui doivent le façonner.

L’Europe qui m'avait été promise par mes parents, mes profs, mes hommes politiques était bien différente de celle que nous avons réellement. Et il est temps de changer le cap. Par contre, je ne vais pas attendre que seulement les jeunes le fassent en pensant que leur futur doit être décidé par eux-mêmes.

Je n'arrive pas à cautionner la non-assistance de futur en danger des générations précédentes ou contemporaines aux miennes. Il est inconcevable de faire peser les responsabilités des errances de nos parents à nous, de nous en désolidariser et de faire payer tout cela à nos enfants en expliquant que nos aînés étaient des ânes.

Il est temps de décliner le «No future» en «No Europe», «No Debt», «No IMF». Il est l'heure de montrer aux soi-disant décideurs que la révolte gronde, que leurs réformes, que l'austérité et que toutes ces foutaises décisionnelles prises à la va vite ne font que retarder l'échéance de leur règne moribond.

Les édiles ont muselé les médias, ils ont tenté l'abrutissement scolaire généralisé, ils achètent la paix sociale à crédit, pourtant les voix se lèvent: malgré tout, des intellectuels sont là pour dénoncer. Les pro-européens deviennent des eurosceptiques confirmés, des capitalistes hurlent à la révolte sociale et des mégapoles explosent.

De la même manière que les monarques de droit divin ont été sourds aux demandes du Peuple, l'Europe et ses dirigeants vont se faire décapiter. Ce ne sera peut-être pas demain, mais ce sera le cas après-demain, au plus tard. Ils peuvent commencer à trembler, leur heure est venue. La caste des privilégiés qui veulent nous faire crever de faim peut plier bagages.

Ils creusent les dettes pour faire vivre les banques étrangères? Ils parlent de solidarité pour enrichir leurs copains? Ils veulent nous faire croire que la seule solution est l'Euro fort dans une Europe forte? Ils veulent nous ancrer dans nos petites têtes que le Supra-National devrait nous envoyer dans les bras des inégalités sociales?

Je les défie de continuer dans ce chemin. C'est justement cette route qui nous mènera au chaos tant attendu. Et au bout de cette balade sanglante volontairement voulue par les eurocrates, il y aura la délivrance de cette mascarade européenne. Parce que la solution, elle est limpide, évidente, simple et a déjà fait ses preuves: le bras d'honneur.

À l'instar de l'Argentine qui s'était fait engluée dans un système étonnamment égalitaire et solidaire pour les Yankees, les Européens sont en train de se rendre compte qu'ils doivent stopper la mondialisation. Ils savent que leur Salut passera par le rejet des plans du FMI et consorts. Reporter cette décision ne fera que tuer un peu plus l'Euro et l'Europe.

À l'évidence, les sérénades des sirènes du dollar roi et des banquiers sont beaucoup plus séduisantes que les chants venant de la rue. La grande différence, c'est qu'une partie mène à la noyade tandis que l'autre mène au sauvetage des eaux. Les unes tuent pendant que les autres donnent la vie. Malgré tout, les leaders ont fait le choix du «No future».

Quelle sage décision.

samedi 5 novembre 2011

Les vacances de Brandon.


C'est un Brandon épuisé que j'ai eu ce matin au téléphone. En effet, il vient de rentrer de vacances amplement méritées. Grâce à son échevin des travaux qui avait besoin d'un petit coup de main, il est parti dans le Sud-Est de la France pendant quelques jours avec ses enfants et Jessica pour se ressourcer et se réconcilier.

Avec sa famille, ils ont profité des vacances de la Toussaint pour quitter durant quelques jours la grisaille de Warquignies et aller voir la méditerranée du côté de Nice. Le fait que son ami socialiste avait besoin d'une nouvelle chaudière et qu'il y en avait justement une toute neuve dans les comptes de la commune tombait à pic.

Une erreur dans les commandes faites par une des petites mains de l'État a malheureusement mis le problème de stockage en évidence. Il était impossible d'entreposer la récente acquisition sans risquer de l'abimer. Par chance, les édiles de la ville ont pu voter majorité contre opposition la revente de cet objet encombrant pour 1 euro symbolique à l'ami de Brandon.

Brandon récupéra donc la chaudière, acheta 24 bacs de Carapils et 12 bouteilles de Ravini, et tout le monde pu s'engouffrer dans le camping-car Leyland 1980. Les enfants restèrent relativement calmes durant le trajet. Les jumeaux Igor et Grischka avaient fait boire un cocktail à base de bière et de vin cuit à la belle Hélène.

Après s'être gentiment endormie, celle-ci avait vomi sur ses demi-frères, mais ils ont préféré faire semblant de rien de peur de se recevoir une correction. Celle-ci arriva tout de même, car après 12h de voyage, lorsque Brandon ouvrit l'arrière de la roulotte pour leur proposer d'aller aux toilettes, les croûtes étaient bien sèches dans les cheveux des petits, et l'odeur était insoutenable.

Comme punition, les garçons durent récurer tout le sol à l'aide de leur brosse à dents, et utiliser celle-ci le reste des vacances pour leur hygiène buccale. Brandon savait qu'il était sévère, mais c'est la seule manière de mener les morveux dans le droit chemin de la vie. Il ne veut pas qu'ils finissent au CPAS, il doivent apprendre la rigueur du métier de chômeur professionnel.

Lorsqu'ils arrivèrent dans les faubourgs de Nice pour livrer leur colis, Jessica reconnu un journaliste de la D.H. avec qui elle avait eu une aventure la nuit de ses 13 ans. Par expérience personnelle, elle savait qu'il aimait fouiller dans le caca et prévint qu'il devait être là à cause de la chaudière.

Elle se mit à pleurer et à hurler. Brandon, qui savait comment la calmer, la gifla trois fois. Elle continua à sangloter, mais comme elle devait soigner son nez qui saignait, Brandon pouvait songer à une solution pour ne pas se faire repérer par un des pigistes qui devait être vendu au MR.

Par chance, ils rencontrèrent un groupement de gens portant des banderoles qui leur montrèrent un campement gratuit pour passer des vacances en bord de mer. L'alcool dans le sang de notre héros FGTBiste ne fit qu'un demi-tour et, déjà, il demanda s'il y avait une manifestation. Une larme roula sur sa joue gauche: le destin venait de lui faire signe.

Il fallait être en ordre de marche pour le vendredi matin. Il envoya Jessica et les enfants à la plage et prit les choses en main. Il sortit son étendard de la FGTB et déjà, des milliers d'Indignés se regroupèrent autour de son camping-car. Avec son porte-voix, il leur expliqua la stratégie à suivre. Les mots Socialisme et Solidarité étaient chantés dans la Joie et l’Allégresse.

Il convint la grande majorité des Indignés de la justesse du combat syndical. La plupart d'entre eux ne savaient pas que s'ils avaient été membre de la fratrie, ils auraient eu droit à un petit dédommagement pendant les grèves. Grâce aux caisses dédiées, les combattants pourraient quand même faire vivre leurs familles.

En fin de soirée, un barbecue solidaire fut organisé. Après avoir goûté à la Kro et à la 1664, Brandon tira sur ce qu'il croyait être une gitane sans filtre. Tout à coup, il était nu entouré d'hommes et de femmes dans le même état. C'est Jessica qui appela les forces de l'ordre, lorsque Brandon a voulu la louer à 7 espagnols en échange d'une Gitane.

Le GIGN présent sur place grâce à ses agents infiltrés l'appréhenda tout de suite. Il eut une érection en repensant à Siegfried Brackmar¹ et les policiers le rouèrent de coup. Ce qui eut pour effet indésirable de l'exciter encore plus et d'éjaculer au moment où un des agents lui fit une fouille corporelle.

Par chance, le juge devant lequel il a été présenté était le voisin et ami intime de l'échevin de Warquignies. Avec beaucoup de discrétion, il le libéra. Le magistrat venait justement d'avoir un petit problème de chaudière et Brandon pouvait donc la livrer et la monter chez lui. Ce qui fut fait le lendemain pendant que la famille était à la plage.

Sur le chemin du retour, Brandon se brancha sur France Info. Durant tout le trajet, il expliqua aux enfants la Joie et le Bonheur qu'il avait à entendre toute cette masse d'Indignés solidaires. Il leur parla de Jaurès, de Zola, du PS et d'André Cools. Jessica pleurait en repensant à la scène avec le policier. Brandon la trouvait belle alors qu'elle était émue à écouter ses paroles sur le Socialisme.

Brandon ne peut retenir sa fameuse larme. Elle coulait sur sa non moins fameuse joue gauche.


¹ voir l'épisode : Le secret de Brandon.

Brandon commémore l'armistice: L'armistice de Brandon

vendredi 4 novembre 2011

Les 99% se réveillent.


Le référendum a toujours été à la source de discussions pour savoir s'il est réellement l'outil le plus démocratique ou non. Dans une démocratie de représentation, doit-il être régulièrement utilisé comme en Suisse ou anticonstitutionnel comme en Belgique? Pas plus que les autres, je n'ai la réponse à cette question.

Par contre, le cas de la Grèce est particulièrement intéressant. Faut-il un référendum ou pas? L’Europe avait-elle le droit de mettre autant de pression sur le gouvernement Grec? Monsieur Papandreou a-t-il joué avec le feu? Ce ne sont pas ces questions là les plus pertinentes, car à la limite, on s'en fout.

Les questions fondamentales sont plutôt: pourquoi le premier ministre grec va à l'encontre de son peuple? Et pourquoi l'Europe s'obstine a vouloir pousser l'Union dans une direction que les européens ne veulent pas? Les indignés sont dans les rues, les Grecs se battent contre un sauvetage immonde et pourtant les élites européennes sont sourdes.

Dans nos systèmes, des hommes et des femmes sont élues pour leurs opinions et pour certaines promesses. Par contre, en théorie, pour avoir leur strapontin, il vaut mieux qu'ils partagent l'avis de la population et le défendent. Ce qu'il se passe aujourd'hui est absolument dégoûtant: ils savent mais s'en moquent.

C'est assez aberrant de voir la différence entre les discours répercutés dans les médias et la réalité économique! Comment les dirigeants peuvent-ils se regarder dans un miroir après tous les mensonges qu'ils tentent de nous faire avaler? Est-ce qu'ils croient que les éducations nationales ont achevé le plan de débilisation massive?

Aujourd'hui, l'Europe a abaissé son taux directeur à 1,25% et les marchés financiers proposeraient des prêt sur 10 ans à 5% à la Grèce.¹ Nos grands managers européens demandent l'intervention du privé. En gros, la BCE prête à 1,25% aux banques qui vont reprêter à 7% à la Grèce. Et dans son Sarkoshow, le petit Nicolas ose utiliser le mot solidarité.

La banque X emprunterait à une institution publique 1 milliard d'Euro à qui elle remboursera 12,5 millions d'Euros par année. Pendant ce temps, cet établissement privé va prêter à un pays, la même somme qui lui rapporterait 50 millions par année. Au bout de 10 ans, cette banque X privée gagnerait 375 millions d'euros net sur le compte du contribuable.

C'est un plus le tiers de la somme que ce même contribuable lui aura prêtée au départ. Après ce tout petit calcul, il ne faut pas s'étonner que la peur du référendum est fondée. Il serait proposé à n'importe quel citoyen européen, Grec ou non, qu'il serait vivement jeté à la figure des dirigeants européens.

C'est quoi cette Europe pourrie? Comment ose-t-elle faire ce genre de choses? Pourquoi la BCE ne prête-elle pas directement à ses propres citoyens? Il y a effectivement solidarité, entraide, esprit de corps, mais uniquement avec les banques. C'est monstrueux, il n'y a pas d'autres termes. Mais qu'ont-ils fait de l'Europe?

Pour revenir à mon interrogation de départ faut-il un référendum? Je ne le crois pas. Il faut stopper la mascarade. Il faut surtout que les hommes et femmes politiques élues par le peuple décident de travailler pour le peuple. Si la majorité des européens votaient pour ce type d'économie de marché, je m'inclinerais. Après tout, ce serait démocratique.

Par contre, dans ce cas précis, il y a une toute petite partie ultra-riche qui voudrait nous imposer sa vue. C'est totalement anti-démocratique. Il faut se battre contre cela. Il faut faire comprendre aux personnes qui siègent au Parlement Européen que ce qu'ils font, c'est bafouer les principes fondamentaux de l'Europe, de la Solidarité, et de la Démocratie.

Il y a encore, et heureusement, des citoyens lucides avec des cerveaux en ordre de marche. En dehors des mass-médias, il y a clairement des informations qui circulent et des voix qui dénoncent les honteuses manipulations de la machination du capitalisme extrême. Fermer les yeux et rester sourd aux cris de la rue est inutile est dangereux. Référendum ou pas.

Les 99% se réveillent.


¹ Le chiffre de 5% est réaliste, mais pas confirmé. Une fois de plus, la magie de Google n'a pas fonctionné... Étonnant, non?

mercredi 2 novembre 2011

Notre Liberté.


S'il est un geste révolutionnaire relativement facile à mettre en œuvre, c'est le lancer de cocktail Molotov. Très simple de fabrication et très bon marché, cette arme est à portée de main de chaque être humain prêt à se battre pour défendre ses idées. Caché derrière un masque ou à visage découvert, d'un geste ample, le rebelle peut lancer sa bombe incendiaire.

L'Homme a la capacité de se mettre en péril pour se battre pour l'ensemble de la société lorsqu'il pense qu'elle est corrompue ou lorsque celle-ci menace ou hypothèque l'avenir de ses propres enfants. Bien que condamnables, la grande majorité de ces gestes sont fait dans un but de bien-être et d'avancée vers plus de liberté.

Aujourd'hui, des barbares ont attaqué le siège de Charlie Hebdo. Pour moi, ce ne sont ni des terroristes, ni des islamistes ou des musulmans. Simplement des brutes qui n'ont rien compris, ni à leur religion ni à la société démocratique. Ils se sont attaqués à une des bases de notre idéal: la liberté d'expression.

Dans notre civilisation, la Liberté est essentielle, la Liberté est un élément crucial constitutif de notre démocratie. C'est cette Liberté qui permet de choisir ses livres, son éducation, ou encore sa religion. Cette Liberté nous mène vers un idéal de vie communautaire pacifiée. S'attaquer à la Liberté c'est vouloir le retour de la barbarie.

Dans le Larousse, la définition de barbarie est la suivante:«État d'une société qui manque de civilisation». Est-ce que c'est cela qui a pu motiver ces apprentis sorciers? Veulent-ils le retour des sociétés violentes où tout se règle à coup de bombe? Veulent-ils instaurer un système qui permette la vengeance comme arme de la Justice?

Non seulement, ils ont attaqué la Liberté mais ils s'en sont également pris à sa sœur la Justice. Cette Justice doit être débattue dans un tribunal populaire. Cette Justice doit être rendue après enquête. Cette Justice est basée sur la réconciliation. C'est cette Justice qui nous permet de vivre harmonieusement avec nos voisins, nos semblables, nos concitoyens.

Bien qu'elle soit imparfaite, notre société fondée sur des valeurs de Liberté et de Justice défend également l'Égalité des Hommes. Paradoxalement, ce sont ces trois principes qui permettent au croyant de vivre sa Foi. C'est grâce à ces caractéristiques que chaque individu peut s'épanouir au sein de ses croyances, de ses connaissances, de ses lectures.

L'attaque de ce jour est grave, très grave. Car au delà d'un comportement inadmissible après un préjudice minime, cela démontre la haine de notre constitution. C'est encore plus mauvais que de la censure pratiquée par un État, car c'est la revendication de la violence légitime au nom d'une instance supérieure de droit Divin.

Cautionner ou, pire, soutenir ce type de violence est un aveu antidémocratique. C'est un appel aux dictatures, aux collectivités inégalitaires, aux ségrégations. Quel deviendraient les notions de Liberté, de Justice, ou encore d'Égalité? Vers où veulent-ils nous mener? Quelle quête poursuivent-ils? Quel appel peut être suffisamment puissant pour vouloir un retour de la Barbarie?

Quelle autorité peut-elle demander le châtiment par la peine de mort pour un livre? Qui peut décider qu'une vie doit être prise pour une caricature? Quels mensonges peuvent contraindre des êtres humains à mettre le feu à un journal satyrique? Quelle frustration peut engendrer des actes aussi stupides que primitifs?

Maintenant, que penseraient ces mêmes personnes si l'Islam était interdit et les musulmans persécutés? Si les actes racistes envers eux n'étaient plus relayés par les journalistes? Si leurs enfants n'avaient plus le droit d'aller à l'école? Si la moindre parole contre la démocratie ou l'État étaient synonyme de lynchage et de torture? Si leurs écrits étaient interdits et détruits? S'ils n'avaient pas le droit de se réunir?

Se rendent-ils compte que lorsqu'ils s'attaquent à la Liberté, c'est contre eux-mêmes qu'ils se retournent? Comprennent-ils que par leurs actes, ils attisent la haine envers eux? Savent-ils que grâce à ce qu'ils prennent pour de l'héroïsme, c'est la violence qui va se propager contre eux? S'aperçoivent-ils que la Liberté, Notre Liberté, n'a pas de prix?

Notre Liberté, nous y tenons, elle sera vigoureusement défendue, et elle sortira toujours gagnante. Toujours. Et ce n'est pas quelques voyous soi-disant défenseurs de valeurs obscures qui vont nous l'enlever. Ce n'est pas quelques gouttes d'essence qui vont nous rendre esclaves de quiconque.

Notre Liberté, nous la garderons. 

mardi 1 novembre 2011

Éléonore.


Éléonore accepta l'invitation du Comte Gergely Keresztes avec beaucoup de fierté. Elle avait eu l'occasion de le rencontrer lors des défilés de haute-couture Parisienne et une de ses créations à elle avait eu les éloges de ce richissime aristocrate. Il lui fit envoyer un magnifique bouquet de fleurs ainsi qu'une proposition artistique alléchante.

La créatrice eut beaucoup de mal à prendre la décision de quitter la confection luxueuse de son employeur. Pourtant au fil de ses rencontres avec le notable hongrois, les affinités devinrent de plus en plus pointues. Leurs projets prenaient la forme d'une magnifique robe cousue de perles, de diamants et d'or.

Dans sa demeure en Hongrie, Gergely avait la plus grande collection de poupées au monde. Elles rivalisaient de beauté et faisaient la fierté de leur propriétaire. Peu de gens avaient la chance de les voir, mais la légende disait qu'elles paraissaient presque vivantes et que leur éclat blanchâtre leur donnait l'aspect de jeunes femmes endormies.

Elles étaient toutes de taille humaine, et le Comte mettait un point d'honneur à ce qu'elles soient parées d'une robe fastueuse. Lorsqu'il vit ce dont Éléonore était capable de créer, il décida de l'embaucher pour qu'elle habille sa nouvelle acquisition d'une toilette unique. Par coïncidence, son modèle avait les mêmes mensurations qu'elle.

Pourtant, quelque chose de froidement mystérieux l'empêchait de suivre le Comte dans l'Est du pays Magyar. Après une énième dispute avec son amant suspicieux, elle décida de le quitter et d'accepter le voyage et le contrat mirobolant qui lui étaient offerts. Au début du mois d'août, elle fit ses bagages, et décolla vers Budapest.

À son arrivée, Sandor le chauffeur, l'attendait avec sa luxueuse voiture des années 60 pour l'emmener vers sa demeure pour les prochains mois. Au fur et à mesure qu'ils roulaient vers l'est, des frissons glacés envahissaient la ravissante demoiselle. Lorsqu'ils entrèrent dans la foret, elle eut la très désagréable sensation d'être observée.

Sur les branches des arbres, en pleine journée, des hiboux et des chouettes suivaient la voiture du regard. Elle voulu demander des explications, mais elle sombra dans un sommeil profond et terriblement impénétrable. Lorsque le chauffeur arriva devant les grilles de la bâtisse, la nuit était noire et le brouillard était dense et compact.

Sur la plus haute marche du perron, le Comte se dressait impassible dans une tenue traditionnelle hongroise. Ses cheveux mi-longs étaient détachés et venaient tomber sur ses épaules. Son regard intense planta ses crocs dans l'âme de la douce Éléonore. Tout à coup, elle fut subjuguée par la beauté de cet homme.

Elle sentit ses pieds se dérober sous elle, et se retint. Elle plongea son propre regard dans les yeux de son hôte alors que son corps ne lui répondait plus. Elle se sentait invariablement attirée vers lui, et plus aucun mouvement ne lui permettait de reculer. Elle avait envie de sentir le goût des lèvres et de s'abandonner avec force dans les bras du maître de maison.

Jamais, elle n'avait eu envie d'un homme comme en cet instant. Comment était-il possible qu'il ne lui fût pas apparu aussi splendide lors de leurs rendez-vous parisiens? Elle n'eut pas de réponse autre que celle d'un tourbillon de sensations et de sentiments mélangés. Elle se vit en train de lui faire l'amour, elle se sentit jouir d'un puissant orgasme maléfique.

Elle le chevauchait dans un don total de son corps. Ses seins se dressaient face aux étoiles et étaient secoués par les spasmes de son plaisir. Elle haletait, elle était à bout de souffle, elle n'avait pas connu de possession aussi intense auparavant. Lorsqu'il libéra sa semence en elle, elle s'entendit hurler à la lune, son cri terrifiant de louve se fit entendre à des kilomètres à la ronde.

Elle ne sut pas combien de temps elle avait dormi. À son réveil, Sandor et le Comte la reçurent poliment. La magie de la veille s'était estompée. Son hébergeur lui donnait l'impression d'avoir plus de 1000 ans, alors que le soir de son arrivée, il lui était apparu comme un jeune guerrier prêt à affronter les turcs, et préférant la prendre, elle.

Durant les trois mois qui suivirent, elle ne fut plus attirée par lui, et elle pensa même mettre son délire sexuel sur le compte de la fatigue du voyage. Seulement, elle n'avait plus ses règles. Gergely n'a jamais eu le moindre geste déplacé vers elle, et son major d’homme était d'une discrétion exemplaire. L’œuvre était maintenant prête, et elle acheta son billet de retour.

Pour ce dernier soir, elle avait consigne de venir habillée de la robe qu'elle avait cousue elle même. Elle apparut dans le grand salon, et Sandor mit une valse. Le comte la mena pour une dernière danse. À son contact, elle fut emplie de terreur. Tout en tournoyant, elle voulait s'enfuir, mais une force irrésistible la retenait.

Il se pencha vers elle pour lui souffler des mots d'amour éternel, et il planta ses dents dans sa gorge. En quelques instants, il la vida de son sang. Elle n'eut aucune douleur lorsqu'il enfonça ses griffes à l'intérieur des ses jambes pour arracher l'embryon. Elle était incapable de bouger, prisonnière de son corps, elle entendait simplement des cris et des pleurs.

Ces vociférations venaient de la salle des poupées. Toutes les femmes momifiées criaient leur épouvante de ne jamais être vraiment mortes. Elle se vit dans le miroir portée par le fidèle et son maître. Dans sa robe ensanglantée et époustouflante de délicatesse, la nouvelle pièce venait prendre place auprès des autres. Éléonore se mit à hurler dans un langage inaudible pour les vivants.

«Va cuisiner le fœtus, Sandor. Ces cellules souches me donneront la vie tout au long de la prochaine année ».

Et on démarre une autre histoire....

Une page se tourne aujourd'hui avec la fin de mon blog en cet endroit. En effet, j'ai décidé de ne plus l'alimenter à cette adr...