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samedi 12 novembre 2011

L'armistice de Brandon.


C'est un Brandon patriotique que j'ai eu ce matin au bout du fil. En tant que militant engagé, il a toujours aimé les défilés. Alors quand il doit, en plus, se balader fièrement en la mémoire de tous les soldats tombés pour leurs différentes patries, il est prêt à tous les sacrifices. Même celui de se lever tôt, pour une fois.

Comme chaque onze novembre, il arriva vers 7h30 au Germinal, afin de retrouver les combattants de toutes les causes et d'avoir l'immense privilège de partager une petite bière avec eux. C'est un devoir de commémoration qu'il ne rate jamais. Évidemment, il est trop jeune pour comprendre la guerre, mais il se sent soldat dans l'âme.

Les discussions furent pointues et techniques. Le goût de l'Histoire avec un grand H transcendait Brandon qui regretta presque de ne pas être né un siècle plus tôt. Lorsque le Doc cita Malraux, Littel, Malherbe ou encore Saint-Exupéry, lui répliqua avec des Call of Duty, Battlefield ou Counter Strike. Après quelques bières, il savait même expliquer la vie dans les tranchées.

Car ce qu'il aime aussi dans cette période automnale, c'est l'arrivée des bières de noël au fût. Cela lui ouvre l'imagination pour parler de la guerre et de se donner du cœur au ventre pour son combat pour le socialisme. Après trois St-Feuillien et six Bush de Noël, son lyrisme légendaire tint son auditoire dévoué en haleine houblonneuse.

Il fallait le voir se lever sur son tabouret et expliquer le difficile calvaire des poilus. Il fallait l'entendre réciter la vie des résistants sous l'occupant. Sans oublier sa traditionnelle larme qui roulait sur sa joue gauche lorsqu'il relata les guerres syndicales contre le Grand Patronat. Il n'avait toujours pas compris le rôle de Jaurès, mais il savait que c'était un héros, son héros.

Une des choses les plus importantes à ses yeux, lors de ces jours fériés, c'est l'entente intergénérationnelle. Aussi, c'est en famille qu'ils vinrent au cabaret. Avec son ex femme, sa compagne, ses parents, et tous ses enfants, reconnus ou non. C'est ainsi que Ronaldo, Igor, Grichka et Hélène firent la connaissance du tavernier et de l'Amicale des Anciens Combattants.

Comme l'aîné va sur ses cinq ans, lui aussi a eu droit à une lampée de Moinette. Après quelques gorgées volées à sa maman, ses yeux ressemblèrent furieusement à ceux de son père, il n'y avait pas de doute sur la paternité. D'ailleurs, dès que la petite Hélène commença à pleurer, il lui mit 3 gifles, comme son tendre papa fait à la maison. La relève est assurée.

En voyant son fils s'occuper aussi dignement de sa demi-soeur, une énorme fierté lui a gonflé le cœur. Et c'est ainsi que Brandon décida de dévoiler la surprise pour toute la famille. Alors que toute la classe politique et les vétérans étaient sortis vers l'hôtel de ville pour écouter la Brabançonne, il annonça qu'il était temps que ses enfants découvrent un nouveau moyen de gagner de l'argent.

En effet, en ce 11.11.11, la chance leur souriait. C'est avec la bouche bée et les yeux vitreux que tous l'écoutèrent expliquer les règles du Bingo à sa progéniture. En ce jour spécial, leurs petites mains innocentes allaient lui porter chance. Jessica tenta bien de s'interposer et de lui rappeler que la moitié de son chômage passe dans ce jeu stupide, mais rien n'y fit.

Les enfants étaient déjà en train de scruter la machine qui allait les rendre riches. C'est Igor qui prit le billet de 50€ dans le sac de sa maman pour le glisser dans l'automate. Il était 11h11, et la boule devait tomber dans le 11 pour payer sur la carte 1, 4 et 6. Au moment, où elle a tourné autour du trou miraculeux, Ronaldo tapa un grand coup sur le côté, et la boule finit sa course dans le 11.

Seulement, le tilt raisonna. Presque aussi rapide que l'éclair, Brandon lui décocha une taloche qui lui fit perdre sa dent de lait fraîchement poussée. Heureusement Jessica ne le vit pas étant donné qu'elle était en train de se faire inviter à prendre un ravini par Coco, dit l'Anaconda. 

Ayant déjà tâté le reptile, elle connaissait très bien l'origine du surnom, et elle s'imaginait déjà en dresseuse de serpent. Elle se rapprocha de lui, sournoisement, pour trinquer et posa distraitement la main sur sa braguette pour s'assurer que l'animal était toujours bien vivant.

Comme c'était son jour de gloire, Brandon tenta de forcer sa chance avec les derniers euros qu'Hélène trouva dans le sac de sa mère Après avoir laissé plus de 100 euros dans la machine, et au moins autant au bar, toute se famille avait disparu. Seule Jess était encore au bar et semblait très proche du vicieux serpent.

Lorsqu'il prit des nouvelles de ses enfants, elle lui rétorqua que «s'tin pauf pia d'mé couilles » et qu'heureusement sa sœur à elle était sympa. Elle les avaient ramené à la maison après que Ronaldo eut fait cul sec avec une Chimay posée devant lui pour rire. Elle le traita encore de «boyard» et d'autres joyeusetés.

Le barman dût intervenir physiquement lorsqu'elle le traita de «cornard» et qu'elle décréta que dorénavant elle habiterait avec l'homme au gros tuyau. Tout faillit basculer, mais ce dernier voulait simplement tremper son épais chicon, pas plus. Aussi, il proposa de sceller la paix dans une partie fine à trois. Les yeux pleins de Joie, ils partirent se pervertir bras dessus, bras dessous.

Brandon sait aussi négocier un armistice.

Brandon a été désigné pour organiser le pèlerinage en beaujolais: Le voyage de brandon

mardi 8 novembre 2011

Une Trappiste, une!


Il y a beaucoup d'excellents produits belges, mais il y en a une sorte qui a ma préférence: la bière. Je ne peux expliquer le plaisir intense qui se dégage aux premières gorgées de cette mousse fraîche et onctueuse qui arrive dans mon palais. C'est toujours avec beaucoup de parcimonie que je choisis mon cabaret pour aller déguster ce produit divin.

J'ai bien dit «divin». Bien que j'émette de sacrés doutes sur les fameux Dieux miséricordieux ou ceux qui promettent l'éternité auprès de vierges effarouchées qui n'attendraient que le vit dressé du guerrier tombé au combat, je me plie volontiers dans la Foi d'un Créateur de breuvages de houblon et suis prêt à lui sacrifier quelques heures sans contrepartie.

Dans cette religion, pas besoin de promesses de vie éternelle, de Salut, ou de quoi que ce soit pour après la mort. Ce qui compte, c'est le pendant la Vie. Un excellent prêtre, par contre, est nécessaire. C'est la raison pour laquelle le choix du tenancier de la chapelle houblonesque est très important. Pour célébrer le nectar, il faut des mouvements experts.

Ce que peu de gens savent, c'est qu'en Belgique, il existe un diplôme pour apprendre à servir la bière. C'est là que le prêcheur de la bonne lampée va faire ses vœux et se faufiler sur le chemin vertueux de l'offrande au pénitent. Grâce aux mains bénies et agiles du tôlier, le produit des Dieux sera partagé entre les pauvres pèlerins qui se sont égarés.

Ce don de la part de l'aumônier permet tout de suite de se sentir pénétré par l'illumination divine. L'amitié et la compassion entre les croyants se distille à coups de tournées et de dégustation commune. Pour rappel, il est d'usage de laisser une donation après la messe. En cas d'oubli de paiement, des problèmes très terrestres peuvent apparaître.

D'aucuns pourraient négligemment ou honteusement hurler à l'apologie de la Secte des Alcooliques Sociaux. Qu'à cela ne tienne, que ces pauvres mécréants passent leur chemin et aillent prier pour leur propre chapelle. Il est même probable qu'une des nombreuses coupes sera bue à leur santé afin qu'ils découvrent rapidement la route qui mène au bonheur.

Si je parle aujourd'hui de cette tradition fraternelle qu'est le don d'une bonne bière à son prochain, c'est parce que les bières trappistes ont tellement de succès, qu'elles peinent à satisfaire la demande de leur fidèles. C'est avec les bras écartés et les paumes tendues vers le ciel que nous accueillons nos frères parmi nous.

Il est temps de quitter les marchands de Carapils, de Karsquell ou autre ersatz. Il ne faut pas hésiter à se détourner des Jupiler, Stella, Maes ou toutes ces boissons populaires que le grand capitalisme veut nous vendre à des tarifs irrespectueux de la tradition brassicole locale. Il ne faut pas hésiter à savourer sa boisson favorite tout en aidant les autres.

Non seulement la petite pièce laissée au cafetier lui permettra de vivre sa passion spirituelo-bibitive aves ses ouailles, mais en buvant une Trappiste, une partie de cette participation sera reversée aux plus défavorisés d'entre nous. En effet, pour avoir le label, l'essentiel des bénéfices des ventes de ce type de bière doit être consacré à des œuvres de caractère social.

Alors que des fortunes sont amassées sur le dos des petites gens par des sociétés multinationales détenues par quelques actionnaires, boire délicatement une excellente bière permet d'aider les plus démunis. Une Trappiste brassée par amour par les moines au sein de leur monastère nous permet de consommer équitablement.

Devant mon écran, je l'imagine déjà en train d'être versée avec un geste professionnel et amical. Le liquide brunâtre se répand dans le godet pendant que la mousse commence à se former. La lie est délicatement mélangée, et le dôme vient se former harmonieusement.

J'entends les tintements des verres qui se cognent, je hume l'odeur de zinc, et je me remémore les chants liturgiques célébrant ces rituels sacrés. Les camarades qui rient dans la Joie et le Bonheur terrestre grâce à cette bienfaisance touchée par la bénédiction céleste. Il est temps que j'aille à la Messe.

Benoît, une Trappiste, une!¹


¹Ce billet est dédicacé à mon ami Benoît, tenancier de la Régence à Soignies, juste à côté de la collégiale. Son service de la bière et ses efforts pour nous présenter des produits excellents méritent un détour.


Et on démarre une autre histoire....

Une page se tourne aujourd'hui avec la fin de mon blog en cet endroit. En effet, j'ai décidé de ne plus l'alimenter à cette adr...