«No future». Dans les
années 80, les punks et autres contestataires utilisaient ce slogan
à toutes les sauces. Il faut dire que la situation était assez
grave: c'était sous Reagan et Tatcher qui symbolisent
encore aujourd'hui la période de la politique conservatrice pure et
dure. Aujourd'hui, c'est bien ce slogan qui pourrait refaire surface.
Je me souviendrai toute
ma vie du choc des cultures entre un des gars de la classe et du prof
de math à ce sujet. Comment était-il possible que des jeunes
prônaient l'abolition du futur alors que justement ce sont eux (nous
à l'époque) qui étaient le garant de ce fameux futur? Pourquoi ne
croyaient-ils pas en l'avenir?
20 ans se sont écoulés
depuis cette discussion marquante dont j'avais été le témoin
étonné, et je commence à comprendre les deux protagonistes.
Premièrement, le «No Future» serait traduit en français pas «Non
à CE futur». Deuxièmement, l'avenir c'est aussi les aînés, les
adultes, les bien-pensants qui doivent le façonner.
L’Europe qui m'avait
été promise par mes parents, mes profs, mes hommes politiques était
bien différente de celle que nous avons réellement. Et il est temps
de changer le cap. Par contre, je ne vais pas attendre que seulement
les jeunes le fassent en pensant que leur
futur doit être décidé par eux-mêmes.
Je
n'arrive pas à cautionner la non-assistance de futur en danger des
générations précédentes ou contemporaines aux miennes. Il est
inconcevable de faire peser les responsabilités des errances de nos
parents à nous, de nous en désolidariser et de faire payer tout
cela à nos enfants en expliquant que nos aînés étaient des ânes.
Il est temps de décliner
le «No future» en «No Europe», «No Debt», «No IMF». Il est
l'heure de montrer aux soi-disant décideurs que la révolte gronde,
que leurs réformes, que
l'austérité
et que toutes ces foutaises décisionnelles prises à la va vite ne
font que retarder l'échéance de leur règne moribond.
Les
édiles ont muselé les médias, ils ont tenté l'abrutissement
scolaire généralisé, ils achètent la paix sociale à crédit,
pourtant les voix se lèvent: malgré tout, des intellectuels sont là
pour dénoncer. Les pro-européens deviennent des eurosceptiques
confirmés, des capitalistes hurlent à la révolte sociale et des
mégapoles explosent.
De
la même manière que les monarques de droit divin ont été sourds
aux demandes du Peuple, l'Europe et ses dirigeants vont se faire
décapiter. Ce ne sera peut-être pas demain, mais ce sera le cas
après-demain, au plus tard. Ils peuvent commencer à trembler, leur heure est venue. La caste des privilégiés qui veulent nous faire
crever de faim peut plier bagages.
Ils
creusent les dettes pour faire vivre les banques étrangères?
Ils parlent de solidarité pour enrichir leurs copains?
Ils veulent nous faire croire que la seule solution est l'Euro fort
dans une Europe forte? Ils veulent nous ancrer dans nos petites têtes
que le Supra-National devrait nous envoyer dans les bras des
inégalités sociales?
Je
les défie de continuer dans ce chemin. C'est justement cette route
qui nous mènera au chaos tant attendu. Et au bout de cette balade
sanglante volontairement voulue par les eurocrates, il y aura la délivrance de cette mascarade
européenne. Parce que la solution, elle est limpide, évidente,
simple et a déjà fait ses preuves: le bras d'honneur.
À
l'instar de l'Argentine qui s'était fait engluée dans un système
étonnamment égalitaire et solidaire pour les Yankees, les
Européens sont en train de se rendre compte qu'ils doivent stopper
la mondialisation.
Ils savent que leur Salut passera par le rejet des plans du FMI et
consorts. Reporter cette décision ne fera que tuer un peu plus
l'Euro et l'Europe.
À
l'évidence, les sérénades des sirènes du dollar roi et des
banquiers sont beaucoup plus séduisantes que les chants venant de la
rue. La grande différence, c'est qu'une partie mène à la noyade
tandis que l'autre mène au sauvetage des eaux. Les unes tuent pendant que
les autres donnent la vie. Malgré tout, les leaders ont fait le choix du «No future».
Quelle sage décision.