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vendredi 2 décembre 2011

La manifestation de Brandon.


C'est un Brandon triomphal que j'ai eu ce matin au téléphone. Il était épuisé, mais heureux. Hier, la manifestation contre l'austérité a été un franc succès. Les médias corrompus par les banksters parlent de 50.000 personnes, mais il est persuadé qu'ils étaient au moins un million. Le peuple a prouvé que la solidarité est nécessaire.

Comme à son habitude, c'est au Germinal qu'il a commencé sa semaine de militant. Car cette fois, c'est la nation qui avait besoin de son savoir-faire. Dès dimanche soir, les meetings et réunions s'étaient enchaînées. Après de longues négociations et quelques bières bien méritées, le planning de la semaine était bouclé.

Lundi, conférence sur l'Histoire du Socialisme à l'amicale des cheminots avec le Doc. Mardi, brainstorming sur les slogans percutants. Mercredi, "tous rouches" au café des sports. Jeudi, festival de la Chanson Militante avec l'Unisson des Refrains Symphoniques Solidaires. Vendredi, soirée de préparation au finish (carapils à volonté).

Grâce aux camarades syndiqués de la S.N.C.B., Brandon et ses camarades ont opté pour le train. Au départ, ils avaient prévu de s'entasser dans son camping car, mais ils n'avaient pas réussi à nommer un Bob. Heureusement, Ayrton eut la présence d'esprit de rappeler qu'en ce jour de grève nationale, les trains roulaient.

Et oui, c'est aussi cela, l'amitié qui lie les différentes factions grévistes. Et c'est donc emmitouflés dans leurs vestes rouges qu'ils sont montés dans le train vers Bruxelles. À peine dans le wagon, Brandon se leva et entonna l'Internationale de sa voix rauque mais sensible. Ses compagnons de combat le suivirent et l'émotion fit couler sa désormais légendaire larme sur sa joue gauche.

Il était 6h54 et les doux «pshiiiiiiiiiit» des cannettes rythmaient le voyage vers la Capitale. Tout était en ordre, le gueulophone, les banderoles et surtout leur slogan était prêt. «Non Non Non Non Non». Simple, efficace et très facilement prononçable en cas de biturite aigüe. C'est d'ailleurs dans cet état qu'ils ont eu leur éclat de génie mercredi matin vers 4h08.

L'ambiance commençait tout doucement à monter, les carapils coulaient à flot. À chaque arrêt de train, des camarades venaient les rejoindre pour démontrer au Grand Capital que les 99% existent. Petit à petit, des photos commençaient à être prises, et Brandon se rappela des consignes de la section locale du Parti: "Alcool discret".

En effet, ce serait dommage que l'opinion publique pense que c'est un défilé carnavaleresque composé de chômeurs chroniques venus défendre leur pouvoir d'achat de bières. Mais Brandon avait tout prévu. Il avait laissé fermenter une infusion à base de ravini, de porto et de gueuze framboise toute la semaine.

Il s'enferma dans les toilettes, sortit son cocktail et une boîte qu'il avait chipée à Jess. Le bocal était à peine ouvert que l'alcool lui attaqua les narines. Il trempa le morceau de coton dans le récipient et attendit quelques instants. Au bout du fil pendait son nouvel éthylo-booster. Il n'était pas certain que cela fonctionnerait, mais il devait le tester.

C'est ainsi que pour la première fois de sa jeune vie, il s'introduisit un tampon imbibé d'alcool dans l'anus. Des bons souvenirs de Siegfried¹ et des policiers niçois² vinrent titiller sa libido. Il se rendit compte que cela lui donnait une érection et que marcher lui procurait beaucoup de plaisir. La journée allait être magnifique.

L'euphorie le gagnait, et il évoqua avec nostalgie les grands mouvements sociaux. Il se rappelait aussi que Mathot et Van Cau étaient les leaders de la Grande Époque. Lorsqu'il se souvint que ce sont maintenant leurs fils qui ont pris la relève, une deuxième larme est venue mourir sur sa joue gauche, en solidarité avec la première.

C'était le retour du socialisme de Papa, et il était fier et heureux de soutenir tout cela. Lorsqu'il se retrouva au milieu de la foule il se sentit porté par la mutinerie et c'est au son des «Non Non Non Non Non» qu'il levait son poing démonstratif. Il était tellement excité qu'il décida de s'éclipser et de s'enfiler la totalité des tampons dans le rectum.

Sa jouissance fut brève mais intense. Il se souvint qu'il avait envie de rouler des pelles à tout va et que toutes les filles étaient jolies. Il se réveilla, une fois de plus, entouré de policiers hilares. Il comprit à leur accent qu'il était de l'autre côté de la frontière linguistique. Il était à Zaventem, et ils allaient utiliser le dispositif mis en place pour les mules.

Brandon chanta l'Internationale avant d'ingurgiter le puissant laxatif.


¹Voir le secret de Brandon
²Voir les vacances de Brandon 

Retrouvez toutes les aventures de ce anti-héros sur sa page Brandon, le Wallon. 

samedi 29 octobre 2011

Brandon, la Saumure.


C'est à nouveau avec beaucoup de plaisir que j'ai pianoté le numéro de Brandon sur mon téléphone ce matin. La voix gaillarde de mon interlocuteur de Warquignies était joyeuse et optimiste. Je n'ai même pas perçu le son rauque des lendemains de fête. En effet, Brandon vient de trouver du travail. Mieux, il est entrepreneur.

Quelle surprise! Il a eu une révélation cette semaine dans son splendide canapé en cuir acheté grâce à son nouveau prêt octroyé par Citibank au taux exceptionnel de 34%. En effet, il était affalé avec sa traditionnelle carapils à la main, lorsqu'il est tombé sur un documentaire portant sur un riche homme d'affaires : «Dodo, la Saumure». 

Au départ, il pensait que c'était un cuistot qui avait réussi à faire fortune grâce à la recette spéciale d'un bain fortement salé qui sert à la conservation des maquereaux. Mais il comprit rapidement qu'en fait, c'était un agent de location de chambres pour des chaudasses délurées. Elles avaient toujours envie de faire l'amour et en avaient fait leur métier.

Or, dans la DH, il a lu que ce fameux Dodo venait de se faire mettre en prison pour proxénétisme. Sa pièce d'un euro n'était pas encore tombée que Brandon se voyait déjà à la tête d'un empire immobilier pour petites cochonnes. D'une voix douce et suave, il se tourna vers Jess' qui était en train de se servir du Ravini: «Tu prendrais combien pour une pipe?»

Jess' était restée perplexe devant cette question. La seule chose qu'elle demande pour s'appliquer avec plaisir à octroyer cette joyeuseté à Brandon, son amoureux, c'est d'aller laver kiki. Elle sait qu'il n'a pas beaucoup d'hygiène et qu'elle n'a pas envie d'avoir des croûtes entre les dents. Mais à part ça, elle ne s'était jamais posé la question.

«Tcheu, çastou nié difficillll cêm kestion: combien tu d'mente pou d'une turlut?» Lorsque les lois de Newton et de la physique ont enfin fait retomber sa pièce à elle, elle lui lança son verre à la figure, après l'avoir vidé, cela va de soi. «zess bramin in pourcha. M'prenez pou dune putin? Mi djfé ça poum plésir. El protchène fois, j'vous mord voss machin!»

Cela n'a pas découragé notre futur prix nobel d'économie souterraine qu'est notre Brandon. Il a vite fait les calculs. À 25 euros la gâterie buccale, avec 10 clients par jour et deux jours de congés légaux, elle pourrait gagner 1250€ par semaine, un petit 5000€ mensuel. Donc, il pourrait légitimement lui louer le débarras à 2000€ par mois.

En aménageant la remise dans le jardin, il pourrait même proposer à une de ses maîtresses de venir travailler pour lui, ce qui doublerait ses revenus. Il enivsagerait enfin ne plus travailler au bar du Germinal durant les week-ends. Il se voit déjà au volant de sa Seat Ibiza 1,4l de 180 chv, son music-tune-kit-beat-bass-3000 jouant le rap de Sopranal.¹

Pour fêter cela, il décide d'ouvrir une bouteille blanc de blanc à 6,27€ la caisse de six. En tant que futur néo-entrepreneur, il y avait droit. Les bulles étant plus nombreuses dans sa coupe que les neurones dans son cerveau, il se retrouva vite en étant d'ébriété avancée et il sombra dans un doux rêve businesso-érotique.

Il imaginait la création d'une maison de passe parisienne du XIXème siècle, les filles accueillantes, les poitrines aguicheuses et le champagne qui coule à flot. Les clients fortunés qui affluent. Il se voit en train de danser entre ses tables et entend les rires joyeux des hommes prêts à monter dans des cabines aménagées avec soin.

La seconde d'après, Brandon chevauchait les routes de la Wallonie pour retrouver son pied à terre au bord de la Semois: Ze Brandon Mansion. Il était entouré de toutes ses fidèles coquines prêtes pour une orgie buccale organisée à l'occasion de l'inauguration de son jaccuzzi géant. Les nouvelles hôtesses qui désiraient rejoindre son empire de la fellation lui démontraient leurs talents.

Le lendemain, il se refusa sa grasse mat' de chômeur professionnel et il se leva à 11h45 pour se rendre dans le premier magasin de bricolage le plus proche. Il s'acheta une jolie lanterne pour mettre au dessus de la porte de sa maison. C'était le code pour signaler la présence d'un bordel. Et il lança sa campagne de marketing via le web.

Le succès a été phénoménal. Dès le premier jour, son planning était rempli avec ses 10 clients. Le seul hic, c'est que Jessica refuse toujours de vouloir travailler avec lui. Elle ne voit pas pourquoi elle quitterait son école d'apprentie coiffeuse pour le milieu de la prostitution. Alors, Brandon a dû improviser.

C'est donc Brenda et sa perruque rose qui accueille les clients. Pour le moment.


¹L'album de Sopranal, Wallifornie Love sera dans les bacs le 5 novembre. L'artiste sera au Derby à Binche pour une séance de dédicaces. Sopranal, el site officiel. N'hésitez pas à visionner le tube "Leffe Leffe" feat. Lucien El Rapia.

Retrouvez tous les épisodes de la vie de de Brandon sur sa page : Brandon, le Wallon.

samedi 22 octobre 2011

L'orthographe de Brandon

Comme chaque samedi, c'est avec beaucoup d'impatience que je tape le numéro de Brandon sur mon téléphone. Ce matin, il m'a fallu plusieurs tentatives pour le réveiller, et lorsque ses grognements sont parvenus jusqu'à mes oreilles, les effluves de l'alcool ont court-circuité nos appareils électroniques.

Heureusement, il avait une anisette à côté de son lit et il a pu faire un bain de bouche rafraîchissant avant que nous ne puissions entamer notre conversation hebdomadaire. Brandon s'excusa de ne pas s'être réveillé, mais il a une nouvelle sonnerie de téléphone et il avait l'impression d'être en concert. En même temps, il faut le comprendre, il n'a pas l'habitude de se lever avant midi.

Je lui demande donc si il a toujours l'intention de devenir prof d'histoire, et c'est avec une grande joie mêlée à de la compassion inspirée qu'il m'apprend que oui, il veut se préparer pour la rentrée 2012. Il en a d'ailleurs parlé à Dora l'institutrice, son ex. Bien qu'elle soit sceptique, elle lui a dit que d'abord il devait apprendre à écrire.

C'est ainsi qu'il fonça au «Germinal» et décida d'aller rencontrer celui qui était surnommé «le Doc». C'était lui qui avait été le plus loin dans ses études. En effet, il a été à Louvain-la-Neuve. Il a même réussi à rentrer à l'Université. C'est vrai qu'au bout de quatre premières, il est revenu la queue entre les jambes dans sa région natale, mais au moins, il avait tenté sa chance.

«Le Doc» a une quarantaine d'années. C'est une personne vraiment à part, personne ne sait vraiment ce qu'il fait. Il se dit même qu'il n'a pas sa carte de la FGTB. Il passe dans toutes sortes de boulot, depuis l'animation, jusque barman, il a beaucoup voyagé, mais est toujours revenu boire sa St-Feuillien à Warquignies. En tous cas, il a toujours un livre près de lui.

Brandon et ses amis aiment lui demander conseil. Il les aidait à progresser, et une solution était trouvée pour leur lacunes en écriture. Lorsque l'on veut apprendre quelque chose, il faut de la motivation. Comme le singe de Pavlov qui guidait les rats dans une cage électrique: il faut récompenser plutôt que de sanctionner. En plus, en groupe, cela marche beaucoup mieux.

«Le Doc» lui expliqua que tout seul, il va vite abandonner, mais que s'il se fait aider par ses amis, et que s'il arrive à les emmener dans cette démarche, c'est tout l'ensemble de leur petite communauté de franche amitié qui va en sortir par le haut. C'est une circonstance unique où leur groupe de référence pourrait se retrouver dans une situation positive transcendée par la réussite.

Brandon en retint le principal: pour apprendre à écrire, il avait besoin d'un bac de carapils. Il en profita pour commander deux St-Feuillien mais «le Doc» arrêta Christian, le barman, dans son élan. Et regarda Brandon en lui tendant un sous-verre et un bic: dorénavant, les commandes se feraient par écrit. Si c'était bien écrit, il avait droit à sa collation.

Christian glissa un clin d’œil au «Doc» et c'est ainsi que toute l'équipe de joyeux lurons commença a apprendre les joies de l'écriture par la motivation. Comme notre tenancier avait une bonne cinquantaine d'année, il avait très bien appris a écrire le français, et donc, c'est avec beaucoup de plaisir et d'abnégation qu'il se transformait en correcteur d'orthographe.

Comme nos amis n'avaient pas beaucoup d'autres choses à faire de leurs journées, les progrès furent fulgurants. Aujourd'hui, ils savent même que l'on peut écrire cacahouète ou cacahuète, ou encore chips et non tchips, et il y en a même qui se lancent à lire la Nouvelle Gazette ou la DH à haute voix. C'est cela aussi, la solidarité dans le Hainaut.

Mais Brandon a même réussi à convaincre Dora à venir jouer avec eux hier soir. Après quelques tournées de démonstration, elle a eu droit à jouer avec eux aux «défis de l'orthographe». Chacun donnait un mot, et il fallait l'écrire sans faute. Le dernier à le faire payait la tournée. Au bout de quelques pils, Dora proposa la version «Strip».

Non seulement il fallait régler l'addition, mais en plus, il fallait retirer un vêtement. Presque tout le bistrot avait déjà tâté la voluptueuse poitrine de la belle institutrice, mais la regarder se déshabiller elle même, était le comble de l'inspiration orthographique. Tandis que les hommes étaient tous presque nus et saouls, et qu'elle était encore toute habillée, Brandon décida de jouer un joker.

Il proposa un dernier défi à Dora: il a droit à un seul mot, et si jamais elle ne l'écrit pas correctement, elle doit faire un strip-tease intégral, et ils peuvent même un petit peu la toucher. Les quelques jus de houblon ingurgités la déridèrent, et elle leur proposa même de leur faire une turlute si elle ne réussissait pas. Par contre, elle demanda un mot utilisé régulièrement, dans la vie de tous les jours, et orthographié correctement par tous les participants.

C'est ainsi qu'elle épela «Hougaarden».


Tous les épisodes de la vie de notre anti-héros sont sur Brandon, le Wallon.

samedi 15 octobre 2011

La vocation de Brandon.

C'est un Brandon motivé et émerveillé que j'ai eu ce matin au téléphone. Et c'est avec beaucoup de plaisir que j'ai eu la joie de savoir que Brandon avait décidé de se cultiver un petit peu et de, peut-être, reprendre des études. En effet, il a eu une illumination, il a trouvé un sens à sa vie: il allait devenir historien.

La semaine était très chargée pour Brandon, car il devait soutenir ses frères qui risquaient de perdre leur emploi dans la région liégeoise, étant donné que les hauts-fourneaux du groupe ArcelorMittal vont définitivement fermer. Bien entendu, lorsqu'il parle de ses frères, il veut parler de tous ses camarades syndiqués qui possèdent la carte de la FGTB.

En entendant la mauvaise nouvelle sur Bel-RTL, son sang rouge n'a fait qu'un demi-tour et déjà, il était le poing levé et entonnait «Debout! L'âme du prolétaire Travailleurs, groupons nous enfin...» Son cœur tambourinait et une larme coulait sur sa joue gauche. Il a toujours été de tous les combats, et il serait encore de celui-là. «... groupons nous et demain...»

Il s'est rendu dans son cabaret favori, «Le Germinal», et ils se réunirent avec Ayrton, Ghislain et "le Doc" pour préparer leur pèlerinage vers Liège. Après quelques tournées, tout était organisé. Les bacs de carapils, les drapeaux rouges, les foulards, les fusées et surtout, ils avaient les horaires des trains pour lesquels ils ne seraient pas contrôlés. (leurs camarades de la SNCB étant solidaires.)

Toute la soirée, ils se sont remémorés les combats et les engagements du syndicalisme en Belgique. Leurs gosiers rafraîchis par les nombreuses pils vibraient au son de «... L'internationale sera le genre humain... » et chacun revenait sur ses anecdotes. À Warquignies, l'Histoire Socialisss se transmet oralement de génération en génération.

Lors du départ vers le bassin Liégeois, ils ont frôlé la catastrophe. En effet, Ghislain s'était trompé de drapeaux : il avait pris ceux du standard et non ceux du syndicat. Heureusement, le chef de gare a été gentil avec eux, et il a décidé de retarder le train Mons-Bruxelles de 20 minutes pour raison technique, et le tour était joué.

Durant leur voyage, ils ont vidé leur stock de carapils pour se donner du cœur au ventre. Et c'est avec grande motivation qu'ils se sont perdus dans la gare de Liège. En effet, depuis la dernière fois qu'ils étaient venus, la ville avait dépensé l'équivalent de cinq siècles de salaire minimal ouvrier pour rénover cette station où ils étaient incapables de retrouver leur chemin.

Brandon proposa à ses camarades de tenir un meeting dans le bar topless «La Lapine» pour réfléchir. Après quatre ou cinq tournées de Primus, ils appelèrent les délégués d'Arcelor qui étaient sur place. La situation était devenue très tendue et ils avaient décidé de séquestrer la direction, la police était prête à intervenir, ils risquaient d'être emprisonnés.

Malgré leur courage et leur volonté de fer, nos héros ont été envahis par le doute, et décidèrent de se faire masser par Suzie, la serveuse avec les plus gros seins. L'après-midi touchant à sa fin, ils préférèrent prendre le chemin du retour. Brandon aurait bien aimé refaire une nuit en prison¹, mais ses camarades étaient moins motivés que lui.

Ils achetèrent quelques canettes pour le retour et c'est le cœur plein d'entrain qu'ils se remémorèrent à nouveau les grandes luttes sociales. Ils citèrent Jaurès, Hugo, Zola ou encore Brel, Gerets, Preud'homme et le Grand Jojo. Mais lorsque Brandon prononça le nom d'André Cools, ses acolytes le dévisagèrent, ne connaissant pas cet homme.

Brandon leur expliqua donc qu'André était une figure historique du PS Belge qui a été lâchement assassinée il y a 20 ans, et dont la police n'a jamais retrouvé les commanditaires. Il était connu sous le pseudonyme «Le maître de Flémalle» parce qu'il faisait beaucoup de peinture. Mais il paraît qu'il avait été abattu parce qu'il était le cerveau des tueurs du Brabant Wallon.

C'est ainsi qu'après avoir aspiré la mousse de sa cannette fraîchement ouverte, Ayrton eu un moment de lucidité «Tcheu, fieu, djeu n'savou ni kzétiez ni biesse!²». Et il persuada Brandon de retourner à l'école pour faire apprendre à savoir des histoires³. Il est certain qu'avec tout ce qu'il connaissait, ce serait facile pour lui. En tous cas, il devait essayer: c'est peut-être sa destinée.

Ils avaient raison. Brandon leur expliqua que comme la Wallonie manque de professeurs, il pourrait aller s'inscrire à l'école et toucher des allocations. Il faudrait juste qu'il soit chômeur-longue-durée, ce qui sera le cas dans 6 mois. Donc il doit être prêt pour la rentrée 2012. Pour célébrer cela, ils chantèrent des chansons paillardes, comme les vrais étudiants, jusqu'à leur retour.

Et c'est ainsi que Brandon a été acheté son premier livre d'histoire: «Tintin au Congo». Il m'expliqua que c'était très intéressant de connaître les événements qui ont conduit à la chute du capitalisme colonial dont la Belgique devait avoir honte, mais qu'il trouve tout de même que c'est un petit peu exagéré.

En effet, il ne pense pas que les africains étaient des demeurés. C'est un petit peu comme si, aujourd'hui, on venait donner une image de la Wallonie qui serait peuplée de chômeurs travaillant au noir, la carte FGTB dans la poche, profitant du système et passant leurs loisirs à boire des bières au troquet en organisant des grèves.

Qui pourrait croire cela?


¹ Voir Le secret de Brandon
²Vous savez que vous n'êtes pas bête!
³NDA L'auteur n'a pas bien compris
la phrase non plus .

Brandon désire-t-il devenir historien? La suite dans l'épisode : L'orthographe de Brandon.

samedi 8 octobre 2011

Brandon et les mini-miss

Quel plaisir d'avoir pu parler à Brandon ce matin. Sa voix rauque de lendemain de fête arrosée était joviale et irradiait de bonheur. En effet, hier soir, il a eu la chance de rencontrer un homme politique. Il n'en revenait pas, il n'en avait aperçu qu'à la TV vu qu'aucun véritable député ne vient plus s'aventurer dans sa région depuis belle lurette.

Comme chaque premier vendredi d'octobre, c'était l'étape du concours de mini-miss Warquignies-Borinage. Et comme Hélène, sa princesse, fait l'unanimité au niveau de sa beauté, Brandon a décidé d'inscrire sa fille de 2 ans dans ce concours. Comme il le dit lui-même, dans la région, il y a tellement peu d'opportunités qu'il faut savoir saisir sa chance à tous les râteliers.

Pendant que Jessica s'occupait de la petite en coulisses, Brandon en profita pour aller déguster quelques bières de Silly au bar. En effet, tous les bénéfices étaient reversés à l'A.S.B.L. « Amis de l'enfance» créée par le PS et administrée par Guy Matelot, sa femme et son fils. L'an dernier ils avaient réussi à récolter 200 000€ qui n'avaient même pas couvert les frais de fonctionnement.

Alors que Brandon avait soigneusement choisi son habit de sortie avec sa casquette «J.B.», sa chemise Standard de Liège, son jean taille basse et ses converses, il remarqua quelqu'un qui était habillé bizarrement, et a eu des soupçons. En effet, au bar, il y avait un jeune homme d'une trentaine d'années en costard et cravate.

Au début, il croyait que c'était un quelconque démarcheur véreux, mais voyant que celui-ci n'avait pas sa mallette et son bloc-portes il décida de lui proposer une pils. Il se présenta et a failli tomber de son tabouret: la personne qu'il avait prise pour un vulgaire VRP était en fait un député fédéral. Il n'en avait jamais vu un vrai, et là, il avait la chance de tomber sur Laurent Louis.

Mais quelque chose clochait, Brandon sentait que son nouveau camarade n'était pas comme les autres. Le sixième sens de notre héros le trompait rarement et tout à coup, l'homme politique s'écroula : «Pas facile de se lever tous les matins pour être à 7h au Parlement quand on sait que son travail ne sert à rien... »

«Pas facile non plus de le faire en étant méprisé en permanence par la presse et ses collègues francophones.» Le sang rouge imbibé d'éthylisme de Brandon ne fit qu'un demi-tour et tout de suite, il expliqua à son nouvel ami qu'il pouvait l'aider. En effet, il est certain que c'est un cas caractérisé de harcèlement moral, et que cela doit être combattu courageusement.

Il convoqua tout le monde autour du bar pour une réunion syndicale. Ils se demandèrent même si le concours pouvait continuer et s'il fallait déclencher une petite grève dès le soir. Heureusement, «Le doc» leur rappela qu'il n'y avait aucun patron dans la salle et qu'ils sont là pour renflouer les caisses de l'A.S.B.L. qui a déjà bien du mal à survivre.

Alors que Brandon avait décidé de prendre sous son épaule ce nouveau camarade dans la détresse et lui expliquer le maniement des foules et le déclenchement des mouvements citoyens, un élément paralysa notre orateur: Laurent Louis n'avait pas de carte FGTB. C'était un extra-terrestre: il n'avait jamais connu cela de toute sa vie... pas de carte FGTB!

Malheureusement, il n'eut pas l'occasion de discuter plus profondément, car la musique de «Salade de Fruit» chantée par Bourvil retentit dans la salle et il vit sa chère et tendre Hélène faire ses premiers pas de danse déguisée en poire. C'était son idée à lui, sa tactique de l'inceconception était limpide: le jury en la voyant se dirait: «La poire c'était la Belle Hélène». Et elle gagnerait.

C'est à ce moment précis que tout partit en couilles. En effet, Ayrton arriva au bar tout fier, car il venait de trouver une nouvelle voiture pour le prochain clip de rap de Brandon. Alors qu'il passait devant le parking, il a vu le bijou garé devant la salle «Le Germinal». Mais elle était déjà en lieu sûr. En entendant la description, Laurent se rendit compte que c'était de son véhicule dont on parlait.

Il se mit à hurler: «Notre société ne doit en aucun protéger ces petites racailles, elle doit au contraire les sanctionner de manière exemplaire». Rachid, le terroriste, reconnut l'homme qui avait tweeté le «Nous avons besoin de place dans nos prisons? La solution est simple: expulsons de nos prisons TOUS les détenus étrangers et les illégaux».

Heureusement que «le Doc» est intervenu et a convaincu l'intégriste musulman de se faire sauter avec sa ceinture d'explosifs dehors : s'il tuait les petits enfants, il ne serait pas attendu par des vierges, mais par des milliers de Bart Waffelman sodomites pour l'éternité. Après l'explosion, et les bouts de chair sur la façade, tout revint presque dans l'ordre.

Parce que c'était le moment que choisit Vincianne pour sauter au visage de l'homme à la cravate en hurlant: «Supprimer le secret professionnel des C.P.A.S. c'est créer des petits collabos». Jessica vit que la maîtresse de Brandon était dans la salle et voulut la défigurer aussi. Heureusement, celui-ci leur proposa un plan à trois qu'elles acceptèrent, et cette fois, le calme revint. Laurent fut évacué.

Les jurés votèrent: à l'unanimité, Hélène fut élue mini-miss et gagna un an de séance UV, un chiot et trois bacs de carapils.

PS : il paraît que Laurent Louis prépare une proposition de loi pour interdire les concours de Mini-Miss en Belgique et qu'il condamne fermement l'utilisation de chiots à des fins mercantiles.


NDA : L'auteur se rend bien compte que cette situation totalement fugace et complètement dramatique n'est qu'un reflet profondément débile sortie d'un esprit dérangé. Ce genre d'ineptie est absolument caricaturale et ne mérite même pas d'être publiée. Mais il aimerait tout de même signaler que chacune des phrases sorties de la bouche de monsieur Laurent Louis ont été tweetées par lui même (@Laurent_Louis) et que l'interdiction des mini-miss ou encore la condamnation du commerce des chiots se retrouvent sur son site. Le saltimbanque que je suis n'a pas pu s'empêcher de le mettre en scène avec son anti-héros Brandon. Il espère également Monsieur Laurent Louis aura de l'humour et de la pitié pour les bouffons ou qu'en cas de procès Monsieur le Juge sera clément.


Lors d'une journée d'action, Ayrton a trouvé la vocation de Brandon.

samedi 17 septembre 2011

La vie de Brandon.

J'ai eu la chance d'avoir été lu par Brandon, de Warquignies. Il m'a contacté afin que je puisse l'aider à retranscrire son quotidien. Accessoirement, il me demande explicitement d'ajouter ceci : « Vé djir à c'ti barakis d'flamins kéminga mî d'j'nin né ri à fout' d'leur gueû et ki n'ont ka viff sur dleu planess et kiz aret de nou fair tchi ».

Pour la petite histoire, j'ai reçu son mail il y a 15 jours, et je viens de plus ou moins comprendre ce qu'il voulait dire. En gros, et très poliment, si j'ai bien suivi, notre nouvel ami désire faire un doigt d'honneur aux flamands qui l'enquiquinent. J'ai bel et bien essayé de lui demander par courriel s'il pouvait me confirmer mes dires, mais apparemment, j'écris en hiéroglyphes.

J'ai décidé de le contacter par téléphone, mais j'avoue que ma mission a été ardue. Si je l'appelais avant de partir au boulot, il ne répondait pas. Si je le sonnais au retour, je pouvais sentir l'odeur de la carapils à travers mon gsm. Heureusement, la patience est une de mes vertus, et ma prévoyance légendaire m'a murmuré de l'appeler un samedi vers 11h30. Bingo!

Brandon, jeune habitant d'une commune du borinage, a 20 ans, des rêves à foison, mais malheureusement, la société ne l'a pas beaucoup aidé. Il y a même une certaine frustration qui l'habite. Avec bonheur, sa force de caractère lui a permis de rependre l'activité de ses parents. Un métier de petites gens, un boulot simple, mais important dans sa cité : chômeur professionnel.

Lorsqu'il m'a raconté cela, j'ai senti un tremblement dans sa voix. J'ai pensé au drame humain qui devait briser ce petit-enfant de Germinal, mais j'ai compris quelques instants plus tard, que c'est la fierté qui l'envahissait. En effet, de toute sa classe, c'est le seul qui a réussi. Tous les autres sont au CPAS, mais lui, il est au chômage. Et ça, c'est une vraie victoire.

Pendant toute sa jeune vie, il a été moqué, raillé. Il a entendu à chaque coin de rue : «Ouskelle est Brenda?», et justement, les Brendas, elles étaient partout! Toutes amoureuses de Dylan. Il y en avait cinq, rien que dans sa classe. Toutes des putes. Et lui, il a passé sa vie d'enfant déjà rejeté par ses camarades. Il aurait tellement préféré s'appeler tout simplement Jean, comme Jaurès.

Déjà gamin, il surclassait ses camarades : il a réussi à écrire son prénom avant tous les autres. Il avait 8 ans, et est rentré à l'école. A 18 ans, après s'être acharné durant des années, il a réussi à obtenir son diplôme de primaire. Il y a longtemps que ses comparses avaient été abandonnés par le système, mais lui, s'était accroché. Il arrive même à écrire son nom, maintenant.

Mais voilà, dans la jungle hostile du marché du travail, il a été très vite rejeté. Certains disent qu'il a décroché son diplôme uniquement parce qu'il a couché avec Dora, l'institutrice, et que c'est pour cela qu'il n'a pas réussi à trouver de travail. Mais Brandon m'explique que c'était tout de suite le grand amour : il l'a coincé après le cours, et c'était fait.

Lorsque Ronaldo est né, il a fallu qu'il trouve une voie professionnelle. Et c'est tout naturellement qu'il a suivi les conseils avinés ou avisés de ses parents. D'abord, il s'est marié avec Dora. Puis ils ont vite divorcé. La prof a gardé son boulot et est venue acheter à droite des parents de Brandon. Attention, il faut suivre.

Lui, a bénéficié d'un prêt social pour racheter la maison d'ouvrier juste à gauche de celle des ses parents, où il est domicilié, avec Jessica, la petite soeur de Dora qui a 16 ans et dont il a la garde en plus de celle de son fils Ronaldo. Avec son ex, ils ont tenté de sauver leur couple, et cela à donné naissance aux jumeaux et Igor et Grischka. Mais leur union était impossible sous le même toit.

En effet, un soir de mélange de Carapils et de Ravini, Brandon a reconnu la Dora qu'il avait aimée en se couchant près de Jessica. Cette bonne poire tomba malencontreusement enceinte et elle donna naissance à la belle Hélène. Celle-ci est née de père inconnu, mais grand seigneur, notre Brandon l'accueillit sous son toit.

Brandon a vraiment réussi à faire tourner sa petite entreprise familiale. Il a sa maison, et son ex-épouse aussi. Lui est indemnisé d'environ 1600€ par mois, et elle perçoit un salaire de 1250€ et les allocs pour les jumeaux. La petite Jessica réussit bien à l'école. Elle aimerait finir son apprentissage professionnel de coiffure l'année prochaine, en attendant, elle va chez « ses p'tits vieux » pour 25€ la coupe. Elle a 10 clients par semaine.

Brandon est vraiment fier de lui. Comme il dit, il n'a pas été aidé par la société, mais il a réussi à se faire aimer par sa famille. Il aimerait bien s'acheter une Seat Ibiza 1.4l de 180 chv, mais il doit coupler ça avec l'achat de son nouvel écran plat et son home cinema, parce qu'ainsi, il pourra se mettre en surendettement et ne devra pas payer les intérêts.

J'aurais voulu l'encourager à devenir comptable ou encore à apprendre à écrire un peu mieux pour qu'il fasse des études d'assistant social, vu ses talents innés, mais je n'en ai pas eu le temps: on est samedi et il va aider dans un cabaret. Il a raison, il touche 15€/h pour servir et boire des pils et il fait une vingtaine d'heure par week-end. Il faut bien, les temps sont durs.

« N'oubli nin d'leu dirrrr : les flamins mi djlé inmert' »*. Je pense que le message est passé, oui.

*N'oublie pas de leur dire : les flamands, moi, je les scrogneugneux. Ces propos n'engagent que Brandon. NDT.


Pour savoir pourquoi Brandon déteste les flamands, lisez le secret de Brandon

Et on démarre une autre histoire....

Une page se tourne aujourd'hui avec la fin de mon blog en cet endroit. En effet, j'ai décidé de ne plus l'alimenter à cette adr...