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mardi 11 octobre 2011

Et si la Belgique payait ses dettes?

Toute l'Europe se met à hurler sur les spéculateurs et les charognards. Certains crient même au complot américain. D'autres critiquent ouvertement les politiques budgétaires. Mais personne ne se pose une question simple: «Et si les agences de notation avaient raison?». Je vais mettre juste un bémol, c'est que je reste persuadé que tous les traders sont encore à la baisse, et donc elles vont dans le sens du marché.

Focaliser sur la Grèce, sur l'Euro, sur les banques, ou sur le chat de son voisin qui est en train de pondre des œufs de tortue revient juste à dévier ses yeux de l'absurdité de la situation. Les chiffres parlent d'eux même : au 31 août 2011, la dette de l'état fédéral belge est de 355 603 381 333,22€. Et combien l'état à de recettes en 2011? 101, 368 milliards d'euros.

Jusque là, tout va plus ou moins bien. Ces chiffres sont facilement trouvables. Maintenant, passons à d'autres : les dépenses de l'État fédéral. Oups, il n'y a pas un chiffre qui englobe tout. Je me dis que je dois me tromper, qu'il doit y avoir un document comptable, comme pour n'importe qui avec une case «total des dépenses». Non, je ne l'ai pas trouvé.

D'après des sources moins fiables, il paraîtrait que le budget est à l'équilibre. Donc cela veut dire que l'État dépense ce qu'il gagne. Super, voilà qui me fait bondir de joie. Sablons le champagne, sauvons Dexia, et tous les autres, nous avons trop de sous. Sincèrement, c'est quoi cette manière de gérer un pays?

Ce que je vois froidement derrière mon écran, c'est que la dette se creuse, chaque instant. Cela veut dire qu'aujourd'hui, par Belge, nous devons environ 35560€. Est-ce que c'est remboursable? Est-ce que nous vivons au dessus de nos moyens? En fait, tout simplement, est-ce que le pays mérite ce fameux AAA?

Il faut se rendre à l'évidence: nous sommes dans la merde jusqu'au cou. C'est relaxant d'aller boire des pils entre amis avec l'habituelle jovialité qui caractérise les belges. C'est défouloir de temps en temps se jeter des vannes entre Flamands et Wallons. Nous pouvons même nous permettre de rester sans gouvernement.

Mais que va-t-il se passer quand la fin de la récré va être sonnée? Parce qu'il ne faut pas se leurrer, la cloche va retentir, et les différents organismes mondiaux vont nous gronder. Nous pourrons tous dire: «Ce n'est pas nous, ce sont les politiciens corrompus», mais cela ne changera rien. La planète entière va nous tomber dessus, et ils ne seront pas plus sympas avec nous qu'avec nos amis Grecs.

Évidemment, c'est facile de critiquer et de venir sans solution. J'en vois deux. La première me plaît beaucoup, parce qu'elle ressemble très fort aux efforts que les vautours FMIstes nous demanderaient: répartir la dette sur chaque belge et la rembourser intégralement en une fois. Cela fait 350€ par mois, par belge pendant dix ans.

Mais grâce à cela, l'État n'a plus aucune dette, et comme les comptes fédéraux sont assez «corrects» tout en payant des intérêts sans faire diminuer le montant global dû, je pense très sincèrement que l'État s'en sortirait très bien. Je propose à mon lecteur qui sourit de mon utopisme de regarder la solution proposée aux Grecs par les grands argentiers du monde. Par exemple dans le figaro. Ce montant de 350€ est tout à fait réaliste.

Il y a une deuxième solution: prendre l'argent là où il est. Il faut taxer les transactions financières faites à la bourse de Bruxelles. Lorsqu'un belge achète une voiture neuve, l'État n'hésite pas à lui ponctionner 21% du prix. Pourquoi donc rechigner à s'attaquer à une taxe sur les spéculations? Ce serait tout de même logique que l'État se serve là-bas aussi.

Si nous regardons la bourse de Bruxelles, il est relativement réaliste de tabler sur un volume d'actions échangées de 200 millions d'unités par jour. Un montant de seulement 10 eurocents par action rapporterait 20 millions à l'État par... jour. Multiplions cela par 250, cela donne 5 milliards d'euros par an. (Pour info, Fortuneo demande 7€ par transaction.)

Admettons un instant que nous cumulions les deux : 350€/mois en moins dans le portefeuille du belge, mais 420 millions/mois grâce à la bourse dans l'escarcelle de l'État. Sans oublier que la dette est effacée, vu que payée en une fois par l'ensemble de la population, donc plus d'intérêt. Est-ce qu'au bout du compte, nous ne vivrions pas mieux?

Idéaliste, certainement. Mais à bien y réfléchir, cela peut être une solution.

vendredi 19 août 2011

Les analystes boursiers nous prennent pour des cons

« Les analystes boursiers nous prennent pour des cons ! » Je viens d'enfoncer une porte ouverte et je n'en suis pas peu fier. Cependant, ce qui m'afflige, c'est que j'ai réellement l'impression que nos très chers analystes ne savent même pas de quoi ils parlent : ils attendent une réaction du gouvernement en réponse à la chute de la devise européenne, à la chute des cours, et des spéculations de ces-satanés-banquiers-pourris-qui-ont-déjà-englouti-nos-économies-dans-un-sauvetage, etc, etc... La réalité est toute autre : la baisse est bénéfique pour les professionnels de la bourse !

Je fais partie des penseurs qui estiment qu'il faut absolument prendre la bourse pour ce qu'elle est : un casino, un lieu de paris. Et, dans ce contexte, l'empêcher d'avoir la moindre influence sur l'économie réelle. C'est un débat qui devra avoir lieu un jour, mais le monde capitaliste n'est pas prêt pour l'entendre.

En revenant dans la réalité, je prendrai une position totalement différente : les marchés sont le gagne-pain des traders et des banquiers. Et ils se font énormément d'argent. J'ai envie de dire tant mieux, sauf que c'est sur le dos de l'ensemble de l'humanité, donc tant pis. A mes yeux, le plus important est de prendre conscience que derrière ces portes, le but du jeu, car oui, c'est un jeu, est très simple : gagner de l'argent. Mais comment gagner le plus d'argent ? Et bien, en jouant à la baisse.

« Quoi, on peut jouer à la baisse ? » Cette question m'a été posée, véridique, par la vice-première ministre de notre royaume lors d'une rencontre fortuite dans la salle de maquillage d'une télévision belge. A part le fait que cela m'ait fait froid dans le dos de savoir que le monde politique est aussi mauvais en économie qu'un poisson qui se décide à se lancer dans l'athlétisme, cette question montre bien l'ancrage dans la connaissance collective de la règle qui veut que si les marchés sont positifs, les traders et autres spéculateurs gagnent de l'argent. Je mettrai juste un bémol : si les marchés sont positifs, les traders et autres ont déjà gagné de l'argent et continuent à en gagner, mais moins.

Une des règles de base dans le grand monopoly de la bourse est l'anticipation. Acheter bon marché et revendre avec un beau bénéfice. A partir de là, nous devons avoir des espions, suivre les fuites, etc... plus poliment nous devons avoir du « flair ». Par contre, il y a aussi l'analyse de la psychologie des marchés. Pour vulgariser: savoir ce que les vendeurs et acheteurs vont faire, et donc jouer là dessus. Par exemple, comme tous les marchés plongent, et bien je fais mes emplettes, et lorsque les futurs pigeons, oups petits porteurs, arriveront je pourrai revendre les actions pour lesquelles j'ai pris beaucoup de risque, et donc elles vaudront très cher.


Et tout est là : elles ne vaudront pas très cher parce que j'aurai pris beaucoup de risques, mais parce que beaucoup de monde voudra en acheter. Car le monde entier sera tout à fait certain, merci la télévision, que nous sommes repartis vers la hausse et que nous sortons de la crise. J'ai bien anticipé, waouw, je suis une bête, et je revends donc mes actions avant la très probable future baisse.


Regardons différemment : j'anticipe la baisse. Quelle est la subtilité ? Lorsque les marchés sont dans le vert, les niais, reoups, n'ont peut être plus d'économies pour acheter, ils ont peut être perdu leur travail, ils sont hésitants, etc, etc, etc... Par contre, à la baisse : tout le monde vend, c'est la panique dans les marchés, et ça plonge, ça plonge, ça plonge, avec des pourcentages à deux chiffres. Il suffit d'être aidé par un bon président qui nous sortira une grosse ânerie du genre : « Nous réfléchissons à une taxe sur les transactions financières » et boum, les marchés ne sont pas confiants (évidemment, vu que cette loi a été votée déjà il y a 5 mois), et ça plonge, et ça plonge, et ça plonge.

Toutes les petits porteurs l'ont dans l'os, mais l'excellent trader, lui, brasse des milliards. Pour info, cet excellent trader, doit simplement suivre les actions que les robots font pour lui (véridique aussi). Mais revenons en au fait : quelque chose m'échappe... les marchés plongent et ils gagnent de l'argent. Comment ? Je veux savoir, quel est le secret, pourquoi les médias n'en parlent pas ?

Je répète : j'anticipe la baisse des marchés, j'attends la panique et remercie les politiciens qui n'y connaissent rien.

  • Anticiper : c'est simple, dès que la bourse atteint son point le plus haut, elle baissera. (forcément), ce qui n'est pas le cas la hausse (du moins pas aussi vite).

  • J'attends la panique : c'est simple : tout le monde vend, alors qu'à la hausse les couillons hésitent, parce que c'est vraiment des couillons.

  • La pression est sur les gouvernements, qui racontent n'importe quoi et montrent leur incapacité à gérer : le mouvement s'amplifie, et c'est encore et toujours la panique.


Il est très important de noter qu'une montée s'arrête beaucoup plus facilement qu'une descente et qu'en plus le mouvement de panique n'existe pas à la montée. Donc c'est beaucoup plus simple de gagner à la descente. Même un novice peut prédire une belle chute. A chaque nouveau record à la hausse, il a y a automatiquement une chute. Pour l'initié, cela s'appelle une correction, c'est beaucoup plus rassurant.


Il y a quand même quelque chose de bizarre dans tout ça. Comment est ce que je peux gagner de l'argent quand mes actions perdent leur valeur, et donc qu'au moment où je les vends, je perds automatiquement de l'argent par rapport à leur dernière valeur... Et bien vends des actions que tu n'as pas.

???? Je vends des actions que je n'ai pas ??? Mais ce n'est pas possible ? Comment est-ce que je peux vendre des actions que je n'ai pas ? Fais une VAD. Quelle jolie abréviation pour dire : vente à découvert. Et ça existe ça ? Eh oui... Tu vends une action à 50€ que tu achètes un peu plus tard à 25€, car les marchés sont dans le rouge. Donc, tu te fais 25€ de bénéfice.

Dans certains cas, le grand Régulateur, interdit les ventes à découvert. Comme cet été sur certains titres bancaires. Qu'à cela ne tienne, dans ce cas, nos amis les banquiers ont inventé les « warrants ». Traduction... garantie. Très astucieux : en gros, c'est une garantie au cas où l'action dans le portefeuille perd trop de sa valeur. C'est une technique utilisée par les grosses nouilles, rereoups, les épargnants « bon père de famille ». C'est donc excellent pour gagner de l'argent à la baisse : il suffit d'acheter ces garanties qui prennent beaucoup de valeur lors de la panique, étant donné que certains de nos pauvres investisseurs ont oublié d'en acheter, il faut donc les aider.

Tiens au fait, vous saviez que la plupart des produits à la baisse sont avec effet de levier? C'est à dire qu'ils ont des coefficients de multiplication... Par exemple, pour un coef 3, si le titre perd 1€, le spéculateur en gagne 3... Mais les banquiers réservent bien entendu cela aux professionnels, ou aux amateurs avertis qui ont signé 137 décharges et répondu à 203 questionnaires... Il ne faut surtout pas que les dindons ne puissent plus se faire plumer.

La bourse, c'est comme les montagnes russes, c'est la descente qui fait plaisir. Allez, tout le monde fait la file pour le Cobra. Tout le monde, ça veut dire les néochômeurs aussi, ce n'est pas grave, c'est juste un jeu. Et après la récréation, vous reprendrez bien un petit travail à mi-salaire, c'est l'heure de l'austérité et des efforts : c'est la crise.


Le 18 octobre 2011 Jean Quatremer publie le billet : Pour contrer la spéculation contre les dettes publiques, l'UE interdit les "CDS souverains à nu"

Et on démarre une autre histoire....

Une page se tourne aujourd'hui avec la fin de mon blog en cet endroit. En effet, j'ai décidé de ne plus l'alimenter à cette adr...