¹Voir le secret de Brandon
²Voir les vacances de Brandon
Retrouvez toutes les aventures de ce anti-héros sur sa page Brandon, le Wallon.
Comme chaque samedi, c'est avec beaucoup d'impatience que je tape le numéro de Brandon sur mon téléphone. Ce matin, il m'a fallu plusieurs tentatives pour le réveiller, et lorsque ses grognements sont parvenus jusqu'à mes oreilles, les effluves de l'alcool ont court-circuité nos appareils électroniques.
Heureusement, il avait une anisette à côté de son lit et il a pu faire un bain de bouche rafraîchissant avant que nous ne puissions entamer notre conversation hebdomadaire. Brandon s'excusa de ne pas s'être réveillé, mais il a une nouvelle sonnerie de téléphone et il avait l'impression d'être en concert. En même temps, il faut le comprendre, il n'a pas l'habitude de se lever avant midi.
Je lui demande donc si il a toujours l'intention de devenir prof d'histoire, et c'est avec une grande joie mêlée à de la compassion inspirée qu'il m'apprend que oui, il veut se préparer pour la rentrée 2012. Il en a d'ailleurs parlé à Dora l'institutrice, son ex. Bien qu'elle soit sceptique, elle lui a dit que d'abord il devait apprendre à écrire.
C'est ainsi qu'il fonça au «Germinal» et décida d'aller rencontrer celui qui était surnommé «le Doc». C'était lui qui avait été le plus loin dans ses études. En effet, il a été à Louvain-la-Neuve. Il a même réussi à rentrer à l'Université. C'est vrai qu'au bout de quatre premières, il est revenu la queue entre les jambes dans sa région natale, mais au moins, il avait tenté sa chance.
«Le Doc» a une quarantaine d'années. C'est une personne vraiment à part, personne ne sait vraiment ce qu'il fait. Il se dit même qu'il n'a pas sa carte de la FGTB. Il passe dans toutes sortes de boulot, depuis l'animation, jusque barman, il a beaucoup voyagé, mais est toujours revenu boire sa St-Feuillien à Warquignies. En tous cas, il a toujours un livre près de lui.
Brandon et ses amis aiment lui demander conseil. Il les aidait à progresser, et une solution était trouvée pour leur lacunes en écriture. Lorsque l'on veut apprendre quelque chose, il faut de la motivation. Comme le singe de Pavlov qui guidait les rats dans une cage électrique: il faut récompenser plutôt que de sanctionner. En plus, en groupe, cela marche beaucoup mieux.
«Le Doc» lui expliqua que tout seul, il va vite abandonner, mais que s'il se fait aider par ses amis, et que s'il arrive à les emmener dans cette démarche, c'est tout l'ensemble de leur petite communauté de franche amitié qui va en sortir par le haut. C'est une circonstance unique où leur groupe de référence pourrait se retrouver dans une situation positive transcendée par la réussite.
Brandon en retint le principal: pour apprendre à écrire, il avait besoin d'un bac de carapils. Il en profita pour commander deux St-Feuillien mais «le Doc» arrêta Christian, le barman, dans son élan. Et regarda Brandon en lui tendant un sous-verre et un bic: dorénavant, les commandes se feraient par écrit. Si c'était bien écrit, il avait droit à sa collation.
Christian glissa un clin d’œil au «Doc» et c'est ainsi que toute l'équipe de joyeux lurons commença a apprendre les joies de l'écriture par la motivation. Comme notre tenancier avait une bonne cinquantaine d'année, il avait très bien appris a écrire le français, et donc, c'est avec beaucoup de plaisir et d'abnégation qu'il se transformait en correcteur d'orthographe.
Comme nos amis n'avaient pas beaucoup d'autres choses à faire de leurs journées, les progrès furent fulgurants. Aujourd'hui, ils savent même que l'on peut écrire cacahouète ou cacahuète, ou encore chips et non tchips, et il y en a même qui se lancent à lire la Nouvelle Gazette ou la DH à haute voix. C'est cela aussi, la solidarité dans le Hainaut.
Mais Brandon a même réussi à convaincre Dora à venir jouer avec eux hier soir. Après quelques tournées de démonstration, elle a eu droit à jouer avec eux aux «défis de l'orthographe». Chacun donnait un mot, et il fallait l'écrire sans faute. Le dernier à le faire payait la tournée. Au bout de quelques pils, Dora proposa la version «Strip».
Non seulement il fallait régler l'addition, mais en plus, il fallait retirer un vêtement. Presque tout le bistrot avait déjà tâté la voluptueuse poitrine de la belle institutrice, mais la regarder se déshabiller elle même, était le comble de l'inspiration orthographique. Tandis que les hommes étaient tous presque nus et saouls, et qu'elle était encore toute habillée, Brandon décida de jouer un joker.
Il proposa un dernier défi à Dora: il a droit à un seul mot, et si jamais elle ne l'écrit pas correctement, elle doit faire un strip-tease intégral, et ils peuvent même un petit peu la toucher. Les quelques jus de houblon ingurgités la déridèrent, et elle leur proposa même de leur faire une turlute si elle ne réussissait pas. Par contre, elle demanda un mot utilisé régulièrement, dans la vie de tous les jours, et orthographié correctement par tous les participants.
C'est ainsi qu'elle épela «Hougaarden».
Tous les épisodes de la vie de notre anti-héros sont sur Brandon, le Wallon.
Lorsque j'ai eu Brandon ce matin au bout du fil, il était de très bonne humeur. En effet, l'étau se resserre soi-disant sur les chômeurs professionnels, mais lui n'a pas été inquiété. Cette semaine, il va nous expliquer pourquoi c'est le cas: Brandon a décidé de lever le voile sur une partie très importante de sa vie : le travail.
Il ne faut pas croire que Brandon est un feignant ou un inactif qui attend chaque fin de mois que l'aumône de l'État lui tombe dans la main. Loin de là, comme il le dit si bien lui même: «i'n fô nin croire ke s'possip de vif avou 1000€ avou 4 gamins!». Alors, pour se sortir de la misère, il accumule les petits boulots.
Mais avant tout, la première chose à faire, c'est de s'assurer de garder le droit aux allocations. Il ne faut vraiment pas prendre les fonctionnaires pour des imbéciles. Il faut leur montrer qu'on cherche du travail et répondre à toutes leurs invitations. Par contre, au moindre doute, il faut sortir sa carte de la FGTB, cela marche à tous les coups.
Le super truc du stratège, c'est de se faire passer pour un demeuré. Et quand on s'appelle Brandon et qu'on habite à Warquignies, franchement ce n'est pas difficile. Rien que quand il donne son prénom, les gens ont déjà pitié. Alors, il en rajoute. Son autre ficelle, c'est de solliciter un travail qu'il n'aura jamais. Une bonne tactique, un peu de comédie, et l'alloc est garantie.
Un jour, il s'est fait convoquer au bureau du forem pour l'aider dans ses démarches. Là, il a fièrement annoncé qu'il venait de postuler à un poste d'ingénieur en radioprotection. Devant l'ahurissement de l'assistante sociale, il a fait le benêt. Pour elle, c'était inimaginable qu'avec un diplôme de primaire quelqu'un puisse postuler à cette annonce. Et Brandon l'avait fait.
Quand il lui a expliqué qu'il pensait que c'était un poste d'ingénieur du son sous protection de gardes du corps, que depuis tout petit il rêvait d'être DJ, et que là il voyait enfin la porte de la chance s'entrebâiller... qu'il imaginait déjà que son père (mort d'une cirrhose le jour de son huitième anniversaire) le regardait fièrement du ciel et que ses quatre enfants pourraient avoir à manger tous les jours...
... L'assistante sociale se répandit en sanglots. Il ne faut pas croire que ce sont des machines qui veulent caser les chômeurs, non, ce sont des êtres humains fragiles. Et là, il avait touché la corde sensible de sa «jobcoach». Lorsque, au bout d'une heure trente, elle s'arrêta de pleurer, il lui expliqua qu'elle était certainement en burnout et qu'elle devrait aller voir la F.G.T.B.
Ce qu'elle fit. Elle se mit en arrêt maladie pendant 6 mois pour dépression, mais ses collègues en ont profité pour dénoncer le stress ambiant et la difficulté de travailler dans la misère humaine. Ils se mirent donc en grève et refusent encore aujourd'hui de radier les chômeurs. La grogne sociale a été suivie dans tout le pays.
Tous les chômeurs de la commune se sont réunis pour un grand lâcher de ballons afin qu'elle puisse voir depuis sa chambre d'hôpital que la ville pensait à elle. Ce sont des milliers de ballons rouges qui se sont envolés avec les espoirs. Depuis qu'elle est sortie, Brandon lui rend visite une fois par semaine, il sait maintenant qu'elle s'appelle Vincianne et qu'elle a un piercing sur son clitoris.
Maintenant qu'il a assumé le principal, Brandon peut aller aider les copains de temps en temps. Chaque week-end, il travaille dans un bistrot, mais il livre aussi des pizzas, il va tondre des pelouses, ou encore bêcher les jardins. Ça lui arrive aussi de faire des courses pour les petits vieux de Jessica, mais ce n'est pas toujours facile de nouer les deux bouts.
Il regrette quand même son premier vrai travail. Par un de ses copains, il avait réussi à rentrer dans une entreprise de pompes funèbres. Carrière assurée, plus besoin de tricher ou de mentir pour faire rentrer les deniers à la maison. Il se voyait même refaire sa vie avec Dora, et pourquoi pas, un enfant serait venu concrétiser leur amour...
Mais voilà, le moteur de sa Citroën ZX venait d'exploser, et son ami Ayrton du Tune-Shop-Garage de Wasmes avait besoin de le remplacer. Un week-end, ils sont partis dans une casse pour en récupérer un, et tandis qu'ils le chargeaient, Brandon fut licencié par téléphone : son patron n'avait pas du tout apprécié l'utilisation du corps-billard pour ce type de transport.
Mais Brandon ne désespère pas, il sait que la roue de la fortune ne tourne pas que sur TF1.
Ce billet est spécialement dédicacé à mon ami Georges. Bisous.
Ce matin, j'ai téléphoné à Brandon un peu plus tôt que d'habitude, et c'est sa douce voix toute enrouée qui m'a répondu. Il est 10h45 et je peux sentir l'odeur de son haleine post-ripaille au travers de mon GSM. Je dois attendre quelques instants, le temps qu'il se verse une anisette. Il paraît que ça fait le même effet que de se brosser les dents. Parfois, il préfère le Get 27, ça marche aussi.
Je lui explique qu'il a dorénavant de nombreux fans et qu'ils me demandent de ses nouvelles. Je lui propose donc, s'il veut bien, de répondre à une question par semaine. « Mi dj'veu bi. Mais dins touss ces foleuw up, inda bi kelke koumer ? Passke mi si c'est poukelle pass doussi, non hein ! Inda des lieuss pu discress, ça oui, mi d'chui toudi priess pour une fiess». Les filles, il y a message : en gros il est dispo mais discrètement.
Je lui pose donc la question qui nous brûle les lèvres depuis une semaine. Celle qui nous empêche de dormir : «Brandon, pourquoi n'aimes tu pas les flamands?». (Cher lecteur, à partir de maintenant, je vais faire la traduction de ses dires, sinon, nous ne sommes pas sortis de l'auberge.) Grande nouvelle : ce n'est pas que Brandon n'aime pas les flamands, c'est qu'ils lui ont fait du mal.
Brandon a été amoureux d'une flamande. En effet, lorsqu'il avait 14 ans, son beau-père, Didier, et son demi-frère, Kevin, lui ont appris à draguer en Flandre. Parfois, Didj était un peu en brisbouille avec la jeune Natasha, maman de Brandon. Alors, il emmenait les garçons faire un tour, le temps que celle-ci se remaquille après être tombée dans les escaliers.
C'est ainsi, que presque chaque samedi soir, ils partaient faire un tour à Anvers. Pour Brandon, c'était noël chaque semaine. En effet, il voyait des femmes, des vraies, à moitié nues dans les vitrines. Comme il n'avait que quatorze ans, il n'avait pas le droit de les toucher, mais rien que de les voir, il était déjà tout ému.
Un beau soir d'automne, il rencontra la belle Anneke. Elle partageait son kot avec Thérèse, une travailleuse qui arrivait directement du Rwanda. Un jour que cette dernière s'occupait de Didj et de Kevin, Brandon a eu le droit de les attendre dans le couloir. Anneke est arrivée et lui a servi un verre de coca. Il n'avait jamais été aussi proche des seins d'une femme autre que sa mère.
Encore aujourd'hui, il lui arrive de penser à la belle Anneke. Il se souviendra toute sa vie qu'il a eu le droit de toucher et d'embrasser ses têtons. Il aurait aimé faire beaucoup plus avec sa dulcinéa, mais il n'avait que 14 ans et c'était déjà beaucoup pour son âge. En plus, il venait de lui donner ses 150€ pour goûter à ses seins, et il n'avait plus d'argent. C'était son premier amour.
Malheureusement, un soir les policiers sont venu chercher Didj. Cette plaie de Natasha en avait marre de tomber sur les marches et elle a inventé qu'il la frappait. Mais Brandon savait très bien que c'est parce qu'elle était saoule qu'elle perdait l'équilibre. Il l'a même dit au juge, mais Didj n'est plus jamais revenu et plus personne ne l'a emmené voir sa chère Anneke.
Depuis ce jour, il en a toujours pincé pour les flamandes. Alors, lorsqu'en janvier il a entendu que le mot de l'année était «tentsletje», son sang n'a fait qu'un tour. Malgré le froid, il devait retourner dans le Nord du pays et retrouver son Anneke (ou une autre, plus jeune). Il a donc été chercher son camping-car Leyland 1980, a rempli le frigo de carapils et est parti à La Rocca.
La petite Jessica voulait venir avec lui, mais il devait y aller seul et changer de vie. C'est ainsi qu'il abandonna ses familles et monta à 80 km/h sur l'autoroute. Après 4h de route, et grâce au GPS de son iphone 4 qu'il a gracieusement échangé à un enfant de 8 ans devant son école contre une gifle, il arriva sur le parking de la disco.
Là, ses ennuis commencèrent. En effet, les vigiles ne voulaient pas le laisser se garer avec son vieux tacot. Après avoir partagé une carapils entre hommes à l'arrière de sa caravane, ils ont réussi à lui trouver une place à 3km de la discothèque. Il lui ont même dit qu'il aura certainement la chance de trouver une «mobilhomeslejte». Il était plein de courage, notre Brandon.
Il se regarda une dernière fois dans le rétroviseur. Casquette Justin Bieber, cheveux péroxydés, veste en (fausse) peau de mouton blanche, chemise rouge standard de liège. Sans oublier ses petites fesses bien moulées dans son slim taille basse à 168€ trouvé à Ville 2. Son string est bien visible, il est prêt à trouver son Anneke.
Mais voilà, arrivée à l'entrée, on lui signifia que ses converses bleues ne sont pas admises. Il s'est fait refouler comme un sale vagabond, notre Brandon! Ses chaussures qu'il avait spécialement achetées chez Brantano pour une grande occasion comme celle-ci le bloquaient vers son Amour. Il a voulu insister, le malabar ne l'entendait pas de cette oreille et lui a mis une petite torgnole. Il s'est réveillé au poste de police, sans sa casquette fétiche.
Il s'est retrouvé en cellule avec un certain Siegfried Brackemar qui lui a expliqué le terme « kerkersletje »... Le lendemain, les flics l'ont reconduit à son véhicule. Ils l'ont verbalisé pour mauvais stationnement. Ensuite, ils l'ont arrêté 250m plus loin quand il a brûlé le stop tout en buvant une carapils au volant : défaut d'assurance, défaut de contrôle technique, et conduite en état d'ébriété.
«Dj'peu nin m'impécher de braire...em mopilhôôm çastou m'vie! Mi les flamins, hin...».
*Je ne peux pas m'empêcher de pleurer... mon mobile-home, c'était ma vie. Moi, les flamands, hein...
Il ne faut pas croire que Brandon est le roi de la glande : le travail de Brandon
J'ai eu la chance d'avoir été lu par Brandon, de Warquignies. Il m'a contacté afin que je puisse l'aider à retranscrire son quotidien. Accessoirement, il me demande explicitement d'ajouter ceci : « Vé djir à c'ti barakis d'flamins kéminga mî d'j'nin né ri à fout' d'leur gueû et ki n'ont ka viff sur dleu planess et kiz aret de nou fair tchi ».
Pour la petite histoire, j'ai reçu son mail il y a 15 jours, et je viens de plus ou moins comprendre ce qu'il voulait dire. En gros, et très poliment, si j'ai bien suivi, notre nouvel ami désire faire un doigt d'honneur aux flamands qui l'enquiquinent. J'ai bel et bien essayé de lui demander par courriel s'il pouvait me confirmer mes dires, mais apparemment, j'écris en hiéroglyphes.
J'ai décidé de le contacter par téléphone, mais j'avoue que ma mission a été ardue. Si je l'appelais avant de partir au boulot, il ne répondait pas. Si je le sonnais au retour, je pouvais sentir l'odeur de la carapils à travers mon gsm. Heureusement, la patience est une de mes vertus, et ma prévoyance légendaire m'a murmuré de l'appeler un samedi vers 11h30. Bingo!
Brandon, jeune habitant d'une commune du borinage, a 20 ans, des rêves à foison, mais malheureusement, la société ne l'a pas beaucoup aidé. Il y a même une certaine frustration qui l'habite. Avec bonheur, sa force de caractère lui a permis de rependre l'activité de ses parents. Un métier de petites gens, un boulot simple, mais important dans sa cité : chômeur professionnel.
Lorsqu'il m'a raconté cela, j'ai senti un tremblement dans sa voix. J'ai pensé au drame humain qui devait briser ce petit-enfant de Germinal, mais j'ai compris quelques instants plus tard, que c'est la fierté qui l'envahissait. En effet, de toute sa classe, c'est le seul qui a réussi. Tous les autres sont au CPAS, mais lui, il est au chômage. Et ça, c'est une vraie victoire.
Pendant toute sa jeune vie, il a été moqué, raillé. Il a entendu à chaque coin de rue : «Ouskelle est Brenda?», et justement, les Brendas, elles étaient partout! Toutes amoureuses de Dylan. Il y en avait cinq, rien que dans sa classe. Toutes des putes. Et lui, il a passé sa vie d'enfant déjà rejeté par ses camarades. Il aurait tellement préféré s'appeler tout simplement Jean, comme Jaurès.
Déjà gamin, il surclassait ses camarades : il a réussi à écrire son prénom avant tous les autres. Il avait 8 ans, et est rentré à l'école. A 18 ans, après s'être acharné durant des années, il a réussi à obtenir son diplôme de primaire. Il y a longtemps que ses comparses avaient été abandonnés par le système, mais lui, s'était accroché. Il arrive même à écrire son nom, maintenant.
Mais voilà, dans la jungle hostile du marché du travail, il a été très vite rejeté. Certains disent qu'il a décroché son diplôme uniquement parce qu'il a couché avec Dora, l'institutrice, et que c'est pour cela qu'il n'a pas réussi à trouver de travail. Mais Brandon m'explique que c'était tout de suite le grand amour : il l'a coincé après le cours, et c'était fait.
Lorsque Ronaldo est né, il a fallu qu'il trouve une voie professionnelle. Et c'est tout naturellement qu'il a suivi les conseils avinés ou avisés de ses parents. D'abord, il s'est marié avec Dora. Puis ils ont vite divorcé. La prof a gardé son boulot et est venue acheter à droite des parents de Brandon. Attention, il faut suivre.
Lui, a bénéficié d'un prêt social pour racheter la maison d'ouvrier juste à gauche de celle des ses parents, où il est domicilié, avec Jessica, la petite soeur de Dora qui a 16 ans et dont il a la garde en plus de celle de son fils Ronaldo. Avec son ex, ils ont tenté de sauver leur couple, et cela à donné naissance aux jumeaux et Igor et Grischka. Mais leur union était impossible sous le même toit.
En effet, un soir de mélange de Carapils et de Ravini, Brandon a reconnu la Dora qu'il avait aimée en se couchant près de Jessica. Cette bonne poire tomba malencontreusement enceinte et elle donna naissance à la belle Hélène. Celle-ci est née de père inconnu, mais grand seigneur, notre Brandon l'accueillit sous son toit.
Brandon a vraiment réussi à faire tourner sa petite entreprise familiale. Il a sa maison, et son ex-épouse aussi. Lui est indemnisé d'environ 1600€ par mois, et elle perçoit un salaire de 1250€ et les allocs pour les jumeaux. La petite Jessica réussit bien à l'école. Elle aimerait finir son apprentissage professionnel de coiffure l'année prochaine, en attendant, elle va chez « ses p'tits vieux » pour 25€ la coupe. Elle a 10 clients par semaine.
Brandon est vraiment fier de lui. Comme il dit, il n'a pas été aidé par la société, mais il a réussi à se faire aimer par sa famille. Il aimerait bien s'acheter une Seat Ibiza 1.4l de 180 chv, mais il doit coupler ça avec l'achat de son nouvel écran plat et son home cinema, parce qu'ainsi, il pourra se mettre en surendettement et ne devra pas payer les intérêts.
J'aurais voulu l'encourager à devenir comptable ou encore à apprendre à écrire un peu mieux pour qu'il fasse des études d'assistant social, vu ses talents innés, mais je n'en ai pas eu le temps: on est samedi et il va aider dans un cabaret. Il a raison, il touche 15€/h pour servir et boire des pils et il fait une vingtaine d'heure par week-end. Il faut bien, les temps sont durs.
« N'oubli nin d'leu dirrrr : les flamins mi djlé inmert' »*. Je pense que le message est passé, oui.
*N'oublie pas de leur dire : les flamands, moi, je les scrogneugneux. Ces propos n'engagent que Brandon. NDT.
Pour savoir pourquoi Brandon déteste les flamands, lisez le secret de Brandon
Une page se tourne aujourd'hui avec la fin de mon blog en cet endroit. En effet, j'ai décidé de ne plus l'alimenter à cette adr...