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vendredi 2 décembre 2011

La manifestation de Brandon.


C'est un Brandon triomphal que j'ai eu ce matin au téléphone. Il était épuisé, mais heureux. Hier, la manifestation contre l'austérité a été un franc succès. Les médias corrompus par les banksters parlent de 50.000 personnes, mais il est persuadé qu'ils étaient au moins un million. Le peuple a prouvé que la solidarité est nécessaire.

Comme à son habitude, c'est au Germinal qu'il a commencé sa semaine de militant. Car cette fois, c'est la nation qui avait besoin de son savoir-faire. Dès dimanche soir, les meetings et réunions s'étaient enchaînées. Après de longues négociations et quelques bières bien méritées, le planning de la semaine était bouclé.

Lundi, conférence sur l'Histoire du Socialisme à l'amicale des cheminots avec le Doc. Mardi, brainstorming sur les slogans percutants. Mercredi, "tous rouches" au café des sports. Jeudi, festival de la Chanson Militante avec l'Unisson des Refrains Symphoniques Solidaires. Vendredi, soirée de préparation au finish (carapils à volonté).

Grâce aux camarades syndiqués de la S.N.C.B., Brandon et ses camarades ont opté pour le train. Au départ, ils avaient prévu de s'entasser dans son camping car, mais ils n'avaient pas réussi à nommer un Bob. Heureusement, Ayrton eut la présence d'esprit de rappeler qu'en ce jour de grève nationale, les trains roulaient.

Et oui, c'est aussi cela, l'amitié qui lie les différentes factions grévistes. Et c'est donc emmitouflés dans leurs vestes rouges qu'ils sont montés dans le train vers Bruxelles. À peine dans le wagon, Brandon se leva et entonna l'Internationale de sa voix rauque mais sensible. Ses compagnons de combat le suivirent et l'émotion fit couler sa désormais légendaire larme sur sa joue gauche.

Il était 6h54 et les doux «pshiiiiiiiiiit» des cannettes rythmaient le voyage vers la Capitale. Tout était en ordre, le gueulophone, les banderoles et surtout leur slogan était prêt. «Non Non Non Non Non». Simple, efficace et très facilement prononçable en cas de biturite aigüe. C'est d'ailleurs dans cet état qu'ils ont eu leur éclat de génie mercredi matin vers 4h08.

L'ambiance commençait tout doucement à monter, les carapils coulaient à flot. À chaque arrêt de train, des camarades venaient les rejoindre pour démontrer au Grand Capital que les 99% existent. Petit à petit, des photos commençaient à être prises, et Brandon se rappela des consignes de la section locale du Parti: "Alcool discret".

En effet, ce serait dommage que l'opinion publique pense que c'est un défilé carnavaleresque composé de chômeurs chroniques venus défendre leur pouvoir d'achat de bières. Mais Brandon avait tout prévu. Il avait laissé fermenter une infusion à base de ravini, de porto et de gueuze framboise toute la semaine.

Il s'enferma dans les toilettes, sortit son cocktail et une boîte qu'il avait chipée à Jess. Le bocal était à peine ouvert que l'alcool lui attaqua les narines. Il trempa le morceau de coton dans le récipient et attendit quelques instants. Au bout du fil pendait son nouvel éthylo-booster. Il n'était pas certain que cela fonctionnerait, mais il devait le tester.

C'est ainsi que pour la première fois de sa jeune vie, il s'introduisit un tampon imbibé d'alcool dans l'anus. Des bons souvenirs de Siegfried¹ et des policiers niçois² vinrent titiller sa libido. Il se rendit compte que cela lui donnait une érection et que marcher lui procurait beaucoup de plaisir. La journée allait être magnifique.

L'euphorie le gagnait, et il évoqua avec nostalgie les grands mouvements sociaux. Il se rappelait aussi que Mathot et Van Cau étaient les leaders de la Grande Époque. Lorsqu'il se souvint que ce sont maintenant leurs fils qui ont pris la relève, une deuxième larme est venue mourir sur sa joue gauche, en solidarité avec la première.

C'était le retour du socialisme de Papa, et il était fier et heureux de soutenir tout cela. Lorsqu'il se retrouva au milieu de la foule il se sentit porté par la mutinerie et c'est au son des «Non Non Non Non Non» qu'il levait son poing démonstratif. Il était tellement excité qu'il décida de s'éclipser et de s'enfiler la totalité des tampons dans le rectum.

Sa jouissance fut brève mais intense. Il se souvint qu'il avait envie de rouler des pelles à tout va et que toutes les filles étaient jolies. Il se réveilla, une fois de plus, entouré de policiers hilares. Il comprit à leur accent qu'il était de l'autre côté de la frontière linguistique. Il était à Zaventem, et ils allaient utiliser le dispositif mis en place pour les mules.

Brandon chanta l'Internationale avant d'ingurgiter le puissant laxatif.


¹Voir le secret de Brandon
²Voir les vacances de Brandon 

Retrouvez toutes les aventures de ce anti-héros sur sa page Brandon, le Wallon. 

samedi 19 novembre 2011

Le voyage de Brandon


C'est un Brandon réellement fatigué que j'ai eu ce matin au téléphone. Car cette semaine, il a eu l'occasion de partir en voyage en France. En effet, chaque année, avec les A.A. de Warquignies, ils partent faire un pèlerinage du côté de Lyon, à Beaujeau plus précisément. Depuis maintenant 38 ans, la tradition est respectée.

Et quand on parle de folklore ou de transmission, Brandon qui rêve de devenir prof d'histoire, est toujours le premier participant. Cette année, c'était lui qui était en charge de la sortie des A.A. Heureusement, l'organisation, ça le connaît. Lui qui jongle entre son ex et sa sœur, sa maîtresse et quelques extras, les plannings, il gère.

Pour 25 euros par personne, il y a l'aller-retour en autocar semi luxe 2 étoiles avec toilettes portables, radio-cassette. Ventes de carapils à 20 centimes d'euro durant le trajet. Sac à vomissure spécialement conçu pour les reflux liquides gracieusement fournis par le chauffeur. Départ le mercredi 18h, retour plus ou moins le vendredi aux alentours de 20h.

Grâce aux subsides de la commune, de la fondation Fabiola pour déficients mentaux et à l'office de tourisme de la ville de Beaujeau, le tarif exceptionnel leur permet également de bénéficier de trois visites de caves, le jeudi matin et après-midi, et le vendredi matin. Les participants ont le droit également à un verre collector et une bouteille de beaujolais par personne.

Il va sans dire que les 48 places ont été vendues en moins de 10 minutes et que de nombreux camarades se contenteront de fêter l'arrivée du beaujolais nouveau lors de la non moins traditionnelle soirée au café Le Germinal. Le bistrot en profite d'ailleurs pour rappeler que le rouge est non seulement la couleur du vin, mais aussi celle du sang et du socialisme.

Brandon peut être fier de lui, car la petite excursion a été un succès du début à la fin du voyage. La convivialité et la célèbre joyeuseté des habitants du borinage a de nouveau été démontrée et exportée. Tous les voyageurs sont rentrés fatigués mais très satisfaits de leur sortie annuelle. Tous ont plébiscité notre héros et ont déjà réservé leur place pour l'année prochaine.

Pourtant, tout ne fut pas facile pour notre apprenti G.O.¹ Le départ fut épique, à 18h15, la plupart des voyageurs étaient encore en train de vider leurs bières en faisant les adieux à leurs familles qu'ils avaient peur de ne jamais revoir. Mais lorsqu'ils ont vu le nombre de carapils dans les soutes, ils sont rentrés dans le car qui put finalement démarrer à 18h17.

À peine sortis de l'entité, ils savaient déjà qui paierait sa première tournée de vin. Et oui,... comme à son habitude Ghislain, dit vomito, a inauguré les nouveaux sacs à gerbe. Après les applaudissements de circonstance, il fit cul-sec avec une de ses canettes et tout était rentré dans l'ordre. Et c'est à coup de «Elle me l'avou toudis promis » que les joyeux lurons passèrent la frontière.

Vers 6H du matin, ils entrèrent dans leur Mecque du vin. Pile à l'heure pour attaquer le petit déjeuner vinifié aux raisins régionaux. Comme chaque année, c'est au bar P.M.U qu'ils furent accueillis avec leur bouteille tant espérée de la cuvée 2011. Seul, notre Ghislain dû rester dehors. Officiellement parce qu'il fumait.

Officieusement, tout le monde connaissait son surnom et il avait bien démontré chez les camarades français que son appellation contrôlée n'était pas usurpée. Mais le patron du bar se rappelait surtout de lui, parce qu'il avait essayé de trousser sa femme alors qu'elle s'était penchée pour ramasser le vomi... Et cela ne lui avait pas réellement plu, car il ne lui avait pas demandé la permission.

Après leur sustentation locale, ils attaquèrent la visite de la première cave, puis de la seconde, et ensuite tout se brouilla dans l'esprit de notre tour opérateur guindaillesque. Il se rappelle que petit à petit, l'autocar se remplissait de vin tandis que le groupe se dispersait. Des couples étranges se formaient aussi.

C'est un peu cela aussi les voyages: la découverte des autochtones, de leurs coutumes, de leurs mamelles. Tandis qu'il perdit son groupe, Brandon lui se retrouva au fond d'une cave entouré de gens tous nus. L'image d'après, il se voit en train de lécher les seins de la patronne du vignoble qui ressemblait furieusement à une de ses connaissances.

L'après trou noir fut particulier, car il s'est réveillé dans la cave, nu comme un ver en train d'embrasser une des participantes de son village: Léa, 74 ans, qui avait retiré son corset et son dentier. Plutôt que de se poser des questions embarrassantes, les jeunes amants décidèrent de boire le vin au tonneau avant de retrouver leur car du retour. L'odeur de vieille bientôt morte collait à la peau de Brandon.

Le démarrage fut beaucoup plus laborieux, car de nombreux voyageurs n'étaient pas à l'heure. La plupart d'entre eux arrivèrent dans la même fourgonnette bleue. Par chance, les policiers locaux aimaient reconduire les étrangers à la frontière et ils s'assurèrent que tout le monde était dans l'autocar vers la Belgique.

Le retour était très calme. De temps en temps, il était possible d'entendre quelques spasmes et hoquets de ceux qui avaient malencontreusement exagéré. Et pour continuer la fête, il y avait aussi Léa revivifiée qui montrait son minou en espérant que quelqu'un décide de l'honorer une nouvelle fois. Ses sourires mielleux adressés à Brandon en disaient long:

«Vivement le prochain voyage avec les Alcooliques Assoiffés de Warquignies»

¹Guindailleur Organisateur. Le terme G.O. n'a rien à voir avec celui de la marque au trident qui a déposé ce nom. L'auteur ne voulant pas de problèmes avec son ancien employeur rappelle que cette abréviation représente une fonction d'organisation de guindaille et non un faux sportif pseudo gentil qui essaie de se trouver une bourgeoise pleine de pognon.

Toues les aventures du héros sur la page Brandon, le Wallon

samedi 12 novembre 2011

L'armistice de Brandon.


C'est un Brandon patriotique que j'ai eu ce matin au bout du fil. En tant que militant engagé, il a toujours aimé les défilés. Alors quand il doit, en plus, se balader fièrement en la mémoire de tous les soldats tombés pour leurs différentes patries, il est prêt à tous les sacrifices. Même celui de se lever tôt, pour une fois.

Comme chaque onze novembre, il arriva vers 7h30 au Germinal, afin de retrouver les combattants de toutes les causes et d'avoir l'immense privilège de partager une petite bière avec eux. C'est un devoir de commémoration qu'il ne rate jamais. Évidemment, il est trop jeune pour comprendre la guerre, mais il se sent soldat dans l'âme.

Les discussions furent pointues et techniques. Le goût de l'Histoire avec un grand H transcendait Brandon qui regretta presque de ne pas être né un siècle plus tôt. Lorsque le Doc cita Malraux, Littel, Malherbe ou encore Saint-Exupéry, lui répliqua avec des Call of Duty, Battlefield ou Counter Strike. Après quelques bières, il savait même expliquer la vie dans les tranchées.

Car ce qu'il aime aussi dans cette période automnale, c'est l'arrivée des bières de noël au fût. Cela lui ouvre l'imagination pour parler de la guerre et de se donner du cœur au ventre pour son combat pour le socialisme. Après trois St-Feuillien et six Bush de Noël, son lyrisme légendaire tint son auditoire dévoué en haleine houblonneuse.

Il fallait le voir se lever sur son tabouret et expliquer le difficile calvaire des poilus. Il fallait l'entendre réciter la vie des résistants sous l'occupant. Sans oublier sa traditionnelle larme qui roulait sur sa joue gauche lorsqu'il relata les guerres syndicales contre le Grand Patronat. Il n'avait toujours pas compris le rôle de Jaurès, mais il savait que c'était un héros, son héros.

Une des choses les plus importantes à ses yeux, lors de ces jours fériés, c'est l'entente intergénérationnelle. Aussi, c'est en famille qu'ils vinrent au cabaret. Avec son ex femme, sa compagne, ses parents, et tous ses enfants, reconnus ou non. C'est ainsi que Ronaldo, Igor, Grichka et Hélène firent la connaissance du tavernier et de l'Amicale des Anciens Combattants.

Comme l'aîné va sur ses cinq ans, lui aussi a eu droit à une lampée de Moinette. Après quelques gorgées volées à sa maman, ses yeux ressemblèrent furieusement à ceux de son père, il n'y avait pas de doute sur la paternité. D'ailleurs, dès que la petite Hélène commença à pleurer, il lui mit 3 gifles, comme son tendre papa fait à la maison. La relève est assurée.

En voyant son fils s'occuper aussi dignement de sa demi-soeur, une énorme fierté lui a gonflé le cœur. Et c'est ainsi que Brandon décida de dévoiler la surprise pour toute la famille. Alors que toute la classe politique et les vétérans étaient sortis vers l'hôtel de ville pour écouter la Brabançonne, il annonça qu'il était temps que ses enfants découvrent un nouveau moyen de gagner de l'argent.

En effet, en ce 11.11.11, la chance leur souriait. C'est avec la bouche bée et les yeux vitreux que tous l'écoutèrent expliquer les règles du Bingo à sa progéniture. En ce jour spécial, leurs petites mains innocentes allaient lui porter chance. Jessica tenta bien de s'interposer et de lui rappeler que la moitié de son chômage passe dans ce jeu stupide, mais rien n'y fit.

Les enfants étaient déjà en train de scruter la machine qui allait les rendre riches. C'est Igor qui prit le billet de 50€ dans le sac de sa maman pour le glisser dans l'automate. Il était 11h11, et la boule devait tomber dans le 11 pour payer sur la carte 1, 4 et 6. Au moment, où elle a tourné autour du trou miraculeux, Ronaldo tapa un grand coup sur le côté, et la boule finit sa course dans le 11.

Seulement, le tilt raisonna. Presque aussi rapide que l'éclair, Brandon lui décocha une taloche qui lui fit perdre sa dent de lait fraîchement poussée. Heureusement Jessica ne le vit pas étant donné qu'elle était en train de se faire inviter à prendre un ravini par Coco, dit l'Anaconda. 

Ayant déjà tâté le reptile, elle connaissait très bien l'origine du surnom, et elle s'imaginait déjà en dresseuse de serpent. Elle se rapprocha de lui, sournoisement, pour trinquer et posa distraitement la main sur sa braguette pour s'assurer que l'animal était toujours bien vivant.

Comme c'était son jour de gloire, Brandon tenta de forcer sa chance avec les derniers euros qu'Hélène trouva dans le sac de sa mère Après avoir laissé plus de 100 euros dans la machine, et au moins autant au bar, toute se famille avait disparu. Seule Jess était encore au bar et semblait très proche du vicieux serpent.

Lorsqu'il prit des nouvelles de ses enfants, elle lui rétorqua que «s'tin pauf pia d'mé couilles » et qu'heureusement sa sœur à elle était sympa. Elle les avaient ramené à la maison après que Ronaldo eut fait cul sec avec une Chimay posée devant lui pour rire. Elle le traita encore de «boyard» et d'autres joyeusetés.

Le barman dût intervenir physiquement lorsqu'elle le traita de «cornard» et qu'elle décréta que dorénavant elle habiterait avec l'homme au gros tuyau. Tout faillit basculer, mais ce dernier voulait simplement tremper son épais chicon, pas plus. Aussi, il proposa de sceller la paix dans une partie fine à trois. Les yeux pleins de Joie, ils partirent se pervertir bras dessus, bras dessous.

Brandon sait aussi négocier un armistice.

Brandon a été désigné pour organiser le pèlerinage en beaujolais: Le voyage de brandon

samedi 5 novembre 2011

Les vacances de Brandon.


C'est un Brandon épuisé que j'ai eu ce matin au téléphone. En effet, il vient de rentrer de vacances amplement méritées. Grâce à son échevin des travaux qui avait besoin d'un petit coup de main, il est parti dans le Sud-Est de la France pendant quelques jours avec ses enfants et Jessica pour se ressourcer et se réconcilier.

Avec sa famille, ils ont profité des vacances de la Toussaint pour quitter durant quelques jours la grisaille de Warquignies et aller voir la méditerranée du côté de Nice. Le fait que son ami socialiste avait besoin d'une nouvelle chaudière et qu'il y en avait justement une toute neuve dans les comptes de la commune tombait à pic.

Une erreur dans les commandes faites par une des petites mains de l'État a malheureusement mis le problème de stockage en évidence. Il était impossible d'entreposer la récente acquisition sans risquer de l'abimer. Par chance, les édiles de la ville ont pu voter majorité contre opposition la revente de cet objet encombrant pour 1 euro symbolique à l'ami de Brandon.

Brandon récupéra donc la chaudière, acheta 24 bacs de Carapils et 12 bouteilles de Ravini, et tout le monde pu s'engouffrer dans le camping-car Leyland 1980. Les enfants restèrent relativement calmes durant le trajet. Les jumeaux Igor et Grischka avaient fait boire un cocktail à base de bière et de vin cuit à la belle Hélène.

Après s'être gentiment endormie, celle-ci avait vomi sur ses demi-frères, mais ils ont préféré faire semblant de rien de peur de se recevoir une correction. Celle-ci arriva tout de même, car après 12h de voyage, lorsque Brandon ouvrit l'arrière de la roulotte pour leur proposer d'aller aux toilettes, les croûtes étaient bien sèches dans les cheveux des petits, et l'odeur était insoutenable.

Comme punition, les garçons durent récurer tout le sol à l'aide de leur brosse à dents, et utiliser celle-ci le reste des vacances pour leur hygiène buccale. Brandon savait qu'il était sévère, mais c'est la seule manière de mener les morveux dans le droit chemin de la vie. Il ne veut pas qu'ils finissent au CPAS, il doivent apprendre la rigueur du métier de chômeur professionnel.

Lorsqu'ils arrivèrent dans les faubourgs de Nice pour livrer leur colis, Jessica reconnu un journaliste de la D.H. avec qui elle avait eu une aventure la nuit de ses 13 ans. Par expérience personnelle, elle savait qu'il aimait fouiller dans le caca et prévint qu'il devait être là à cause de la chaudière.

Elle se mit à pleurer et à hurler. Brandon, qui savait comment la calmer, la gifla trois fois. Elle continua à sangloter, mais comme elle devait soigner son nez qui saignait, Brandon pouvait songer à une solution pour ne pas se faire repérer par un des pigistes qui devait être vendu au MR.

Par chance, ils rencontrèrent un groupement de gens portant des banderoles qui leur montrèrent un campement gratuit pour passer des vacances en bord de mer. L'alcool dans le sang de notre héros FGTBiste ne fit qu'un demi-tour et, déjà, il demanda s'il y avait une manifestation. Une larme roula sur sa joue gauche: le destin venait de lui faire signe.

Il fallait être en ordre de marche pour le vendredi matin. Il envoya Jessica et les enfants à la plage et prit les choses en main. Il sortit son étendard de la FGTB et déjà, des milliers d'Indignés se regroupèrent autour de son camping-car. Avec son porte-voix, il leur expliqua la stratégie à suivre. Les mots Socialisme et Solidarité étaient chantés dans la Joie et l’Allégresse.

Il convint la grande majorité des Indignés de la justesse du combat syndical. La plupart d'entre eux ne savaient pas que s'ils avaient été membre de la fratrie, ils auraient eu droit à un petit dédommagement pendant les grèves. Grâce aux caisses dédiées, les combattants pourraient quand même faire vivre leurs familles.

En fin de soirée, un barbecue solidaire fut organisé. Après avoir goûté à la Kro et à la 1664, Brandon tira sur ce qu'il croyait être une gitane sans filtre. Tout à coup, il était nu entouré d'hommes et de femmes dans le même état. C'est Jessica qui appela les forces de l'ordre, lorsque Brandon a voulu la louer à 7 espagnols en échange d'une Gitane.

Le GIGN présent sur place grâce à ses agents infiltrés l'appréhenda tout de suite. Il eut une érection en repensant à Siegfried Brackmar¹ et les policiers le rouèrent de coup. Ce qui eut pour effet indésirable de l'exciter encore plus et d'éjaculer au moment où un des agents lui fit une fouille corporelle.

Par chance, le juge devant lequel il a été présenté était le voisin et ami intime de l'échevin de Warquignies. Avec beaucoup de discrétion, il le libéra. Le magistrat venait justement d'avoir un petit problème de chaudière et Brandon pouvait donc la livrer et la monter chez lui. Ce qui fut fait le lendemain pendant que la famille était à la plage.

Sur le chemin du retour, Brandon se brancha sur France Info. Durant tout le trajet, il expliqua aux enfants la Joie et le Bonheur qu'il avait à entendre toute cette masse d'Indignés solidaires. Il leur parla de Jaurès, de Zola, du PS et d'André Cools. Jessica pleurait en repensant à la scène avec le policier. Brandon la trouvait belle alors qu'elle était émue à écouter ses paroles sur le Socialisme.

Brandon ne peut retenir sa fameuse larme. Elle coulait sur sa non moins fameuse joue gauche.


¹ voir l'épisode : Le secret de Brandon.

Brandon commémore l'armistice: L'armistice de Brandon

samedi 29 octobre 2011

Brandon, la Saumure.


C'est à nouveau avec beaucoup de plaisir que j'ai pianoté le numéro de Brandon sur mon téléphone ce matin. La voix gaillarde de mon interlocuteur de Warquignies était joyeuse et optimiste. Je n'ai même pas perçu le son rauque des lendemains de fête. En effet, Brandon vient de trouver du travail. Mieux, il est entrepreneur.

Quelle surprise! Il a eu une révélation cette semaine dans son splendide canapé en cuir acheté grâce à son nouveau prêt octroyé par Citibank au taux exceptionnel de 34%. En effet, il était affalé avec sa traditionnelle carapils à la main, lorsqu'il est tombé sur un documentaire portant sur un riche homme d'affaires : «Dodo, la Saumure». 

Au départ, il pensait que c'était un cuistot qui avait réussi à faire fortune grâce à la recette spéciale d'un bain fortement salé qui sert à la conservation des maquereaux. Mais il comprit rapidement qu'en fait, c'était un agent de location de chambres pour des chaudasses délurées. Elles avaient toujours envie de faire l'amour et en avaient fait leur métier.

Or, dans la DH, il a lu que ce fameux Dodo venait de se faire mettre en prison pour proxénétisme. Sa pièce d'un euro n'était pas encore tombée que Brandon se voyait déjà à la tête d'un empire immobilier pour petites cochonnes. D'une voix douce et suave, il se tourna vers Jess' qui était en train de se servir du Ravini: «Tu prendrais combien pour une pipe?»

Jess' était restée perplexe devant cette question. La seule chose qu'elle demande pour s'appliquer avec plaisir à octroyer cette joyeuseté à Brandon, son amoureux, c'est d'aller laver kiki. Elle sait qu'il n'a pas beaucoup d'hygiène et qu'elle n'a pas envie d'avoir des croûtes entre les dents. Mais à part ça, elle ne s'était jamais posé la question.

«Tcheu, çastou nié difficillll cêm kestion: combien tu d'mente pou d'une turlut?» Lorsque les lois de Newton et de la physique ont enfin fait retomber sa pièce à elle, elle lui lança son verre à la figure, après l'avoir vidé, cela va de soi. «zess bramin in pourcha. M'prenez pou dune putin? Mi djfé ça poum plésir. El protchène fois, j'vous mord voss machin!»

Cela n'a pas découragé notre futur prix nobel d'économie souterraine qu'est notre Brandon. Il a vite fait les calculs. À 25 euros la gâterie buccale, avec 10 clients par jour et deux jours de congés légaux, elle pourrait gagner 1250€ par semaine, un petit 5000€ mensuel. Donc, il pourrait légitimement lui louer le débarras à 2000€ par mois.

En aménageant la remise dans le jardin, il pourrait même proposer à une de ses maîtresses de venir travailler pour lui, ce qui doublerait ses revenus. Il enivsagerait enfin ne plus travailler au bar du Germinal durant les week-ends. Il se voit déjà au volant de sa Seat Ibiza 1,4l de 180 chv, son music-tune-kit-beat-bass-3000 jouant le rap de Sopranal.¹

Pour fêter cela, il décide d'ouvrir une bouteille blanc de blanc à 6,27€ la caisse de six. En tant que futur néo-entrepreneur, il y avait droit. Les bulles étant plus nombreuses dans sa coupe que les neurones dans son cerveau, il se retrouva vite en étant d'ébriété avancée et il sombra dans un doux rêve businesso-érotique.

Il imaginait la création d'une maison de passe parisienne du XIXème siècle, les filles accueillantes, les poitrines aguicheuses et le champagne qui coule à flot. Les clients fortunés qui affluent. Il se voit en train de danser entre ses tables et entend les rires joyeux des hommes prêts à monter dans des cabines aménagées avec soin.

La seconde d'après, Brandon chevauchait les routes de la Wallonie pour retrouver son pied à terre au bord de la Semois: Ze Brandon Mansion. Il était entouré de toutes ses fidèles coquines prêtes pour une orgie buccale organisée à l'occasion de l'inauguration de son jaccuzzi géant. Les nouvelles hôtesses qui désiraient rejoindre son empire de la fellation lui démontraient leurs talents.

Le lendemain, il se refusa sa grasse mat' de chômeur professionnel et il se leva à 11h45 pour se rendre dans le premier magasin de bricolage le plus proche. Il s'acheta une jolie lanterne pour mettre au dessus de la porte de sa maison. C'était le code pour signaler la présence d'un bordel. Et il lança sa campagne de marketing via le web.

Le succès a été phénoménal. Dès le premier jour, son planning était rempli avec ses 10 clients. Le seul hic, c'est que Jessica refuse toujours de vouloir travailler avec lui. Elle ne voit pas pourquoi elle quitterait son école d'apprentie coiffeuse pour le milieu de la prostitution. Alors, Brandon a dû improviser.

C'est donc Brenda et sa perruque rose qui accueille les clients. Pour le moment.


¹L'album de Sopranal, Wallifornie Love sera dans les bacs le 5 novembre. L'artiste sera au Derby à Binche pour une séance de dédicaces. Sopranal, el site officiel. N'hésitez pas à visionner le tube "Leffe Leffe" feat. Lucien El Rapia.

Retrouvez tous les épisodes de la vie de de Brandon sur sa page : Brandon, le Wallon.

samedi 22 octobre 2011

L'orthographe de Brandon

Comme chaque samedi, c'est avec beaucoup d'impatience que je tape le numéro de Brandon sur mon téléphone. Ce matin, il m'a fallu plusieurs tentatives pour le réveiller, et lorsque ses grognements sont parvenus jusqu'à mes oreilles, les effluves de l'alcool ont court-circuité nos appareils électroniques.

Heureusement, il avait une anisette à côté de son lit et il a pu faire un bain de bouche rafraîchissant avant que nous ne puissions entamer notre conversation hebdomadaire. Brandon s'excusa de ne pas s'être réveillé, mais il a une nouvelle sonnerie de téléphone et il avait l'impression d'être en concert. En même temps, il faut le comprendre, il n'a pas l'habitude de se lever avant midi.

Je lui demande donc si il a toujours l'intention de devenir prof d'histoire, et c'est avec une grande joie mêlée à de la compassion inspirée qu'il m'apprend que oui, il veut se préparer pour la rentrée 2012. Il en a d'ailleurs parlé à Dora l'institutrice, son ex. Bien qu'elle soit sceptique, elle lui a dit que d'abord il devait apprendre à écrire.

C'est ainsi qu'il fonça au «Germinal» et décida d'aller rencontrer celui qui était surnommé «le Doc». C'était lui qui avait été le plus loin dans ses études. En effet, il a été à Louvain-la-Neuve. Il a même réussi à rentrer à l'Université. C'est vrai qu'au bout de quatre premières, il est revenu la queue entre les jambes dans sa région natale, mais au moins, il avait tenté sa chance.

«Le Doc» a une quarantaine d'années. C'est une personne vraiment à part, personne ne sait vraiment ce qu'il fait. Il se dit même qu'il n'a pas sa carte de la FGTB. Il passe dans toutes sortes de boulot, depuis l'animation, jusque barman, il a beaucoup voyagé, mais est toujours revenu boire sa St-Feuillien à Warquignies. En tous cas, il a toujours un livre près de lui.

Brandon et ses amis aiment lui demander conseil. Il les aidait à progresser, et une solution était trouvée pour leur lacunes en écriture. Lorsque l'on veut apprendre quelque chose, il faut de la motivation. Comme le singe de Pavlov qui guidait les rats dans une cage électrique: il faut récompenser plutôt que de sanctionner. En plus, en groupe, cela marche beaucoup mieux.

«Le Doc» lui expliqua que tout seul, il va vite abandonner, mais que s'il se fait aider par ses amis, et que s'il arrive à les emmener dans cette démarche, c'est tout l'ensemble de leur petite communauté de franche amitié qui va en sortir par le haut. C'est une circonstance unique où leur groupe de référence pourrait se retrouver dans une situation positive transcendée par la réussite.

Brandon en retint le principal: pour apprendre à écrire, il avait besoin d'un bac de carapils. Il en profita pour commander deux St-Feuillien mais «le Doc» arrêta Christian, le barman, dans son élan. Et regarda Brandon en lui tendant un sous-verre et un bic: dorénavant, les commandes se feraient par écrit. Si c'était bien écrit, il avait droit à sa collation.

Christian glissa un clin d’œil au «Doc» et c'est ainsi que toute l'équipe de joyeux lurons commença a apprendre les joies de l'écriture par la motivation. Comme notre tenancier avait une bonne cinquantaine d'année, il avait très bien appris a écrire le français, et donc, c'est avec beaucoup de plaisir et d'abnégation qu'il se transformait en correcteur d'orthographe.

Comme nos amis n'avaient pas beaucoup d'autres choses à faire de leurs journées, les progrès furent fulgurants. Aujourd'hui, ils savent même que l'on peut écrire cacahouète ou cacahuète, ou encore chips et non tchips, et il y en a même qui se lancent à lire la Nouvelle Gazette ou la DH à haute voix. C'est cela aussi, la solidarité dans le Hainaut.

Mais Brandon a même réussi à convaincre Dora à venir jouer avec eux hier soir. Après quelques tournées de démonstration, elle a eu droit à jouer avec eux aux «défis de l'orthographe». Chacun donnait un mot, et il fallait l'écrire sans faute. Le dernier à le faire payait la tournée. Au bout de quelques pils, Dora proposa la version «Strip».

Non seulement il fallait régler l'addition, mais en plus, il fallait retirer un vêtement. Presque tout le bistrot avait déjà tâté la voluptueuse poitrine de la belle institutrice, mais la regarder se déshabiller elle même, était le comble de l'inspiration orthographique. Tandis que les hommes étaient tous presque nus et saouls, et qu'elle était encore toute habillée, Brandon décida de jouer un joker.

Il proposa un dernier défi à Dora: il a droit à un seul mot, et si jamais elle ne l'écrit pas correctement, elle doit faire un strip-tease intégral, et ils peuvent même un petit peu la toucher. Les quelques jus de houblon ingurgités la déridèrent, et elle leur proposa même de leur faire une turlute si elle ne réussissait pas. Par contre, elle demanda un mot utilisé régulièrement, dans la vie de tous les jours, et orthographié correctement par tous les participants.

C'est ainsi qu'elle épela «Hougaarden».


Tous les épisodes de la vie de notre anti-héros sont sur Brandon, le Wallon.

samedi 1 octobre 2011

Le travail de Brandon

Lorsque j'ai eu Brandon ce matin au bout du fil, il était de très bonne humeur. En effet, l'étau se resserre soi-disant sur les chômeurs professionnels, mais lui n'a pas été inquiété. Cette semaine, il va nous expliquer pourquoi c'est le cas: Brandon a décidé de lever le voile sur une partie très importante de sa vie : le travail.

Il ne faut pas croire que Brandon est un feignant ou un inactif qui attend chaque fin de mois que l'aumône de l'État lui tombe dans la main. Loin de là, comme il le dit si bien lui même: «i'n fô nin croire ke s'possip de vif avou 1000€ avou 4 gamins!». Alors, pour se sortir de la misère, il accumule les petits boulots.

Mais avant tout, la première chose à faire, c'est de s'assurer de garder le droit aux allocations. Il ne faut vraiment pas prendre les fonctionnaires pour des imbéciles. Il faut leur montrer qu'on cherche du travail et répondre à toutes leurs invitations. Par contre, au moindre doute, il faut sortir sa carte de la FGTB, cela marche à tous les coups.

Le super truc du stratège, c'est de se faire passer pour un demeuré. Et quand on s'appelle Brandon et qu'on habite à Warquignies, franchement ce n'est pas difficile. Rien que quand il donne son prénom, les gens ont déjà pitié. Alors, il en rajoute. Son autre ficelle, c'est de solliciter un travail qu'il n'aura jamais. Une bonne tactique, un peu de comédie, et l'alloc est garantie.

Un jour, il s'est fait convoquer au bureau du forem pour l'aider dans ses démarches. Là, il a fièrement annoncé qu'il venait de postuler à un poste d'ingénieur en radioprotection. Devant l'ahurissement de l'assistante sociale, il a fait le benêt. Pour elle, c'était inimaginable qu'avec un diplôme de primaire quelqu'un puisse postuler à cette annonce. Et Brandon l'avait fait.

Quand il lui a expliqué qu'il pensait que c'était un poste d'ingénieur du son sous protection de gardes du corps, que depuis tout petit il rêvait d'être DJ, et que là il voyait enfin la porte de la chance s'entrebâiller... qu'il imaginait déjà que son père (mort d'une cirrhose le jour de son huitième anniversaire) le regardait fièrement du ciel et que ses quatre enfants pourraient avoir à manger tous les jours...

... L'assistante sociale se répandit en sanglots. Il ne faut pas croire que ce sont des machines qui veulent caser les chômeurs, non, ce sont des êtres humains fragiles. Et là, il avait touché la corde sensible de sa «jobcoach». Lorsque, au bout d'une heure trente, elle s'arrêta de pleurer, il lui expliqua qu'elle était certainement en burnout et qu'elle devrait aller voir la F.G.T.B.

Ce qu'elle fit. Elle se mit en arrêt maladie pendant 6 mois pour dépression, mais ses collègues en ont profité pour dénoncer le stress ambiant et la difficulté de travailler dans la misère humaine. Ils se mirent donc en grève et refusent encore aujourd'hui de radier les chômeurs. La grogne sociale a été suivie dans tout le pays.

Tous les chômeurs de la commune se sont réunis pour un grand lâcher de ballons afin qu'elle puisse voir depuis sa chambre d'hôpital que la ville pensait à elle. Ce sont des milliers de ballons rouges qui se sont envolés avec les espoirs. Depuis qu'elle est sortie, Brandon lui rend visite une fois par semaine, il sait maintenant qu'elle s'appelle Vincianne et qu'elle a un piercing sur son clitoris.

Maintenant qu'il a assumé le principal, Brandon peut aller aider les copains de temps en temps. Chaque week-end, il travaille dans un bistrot, mais il livre aussi des pizzas, il va tondre des pelouses, ou encore bêcher les jardins. Ça lui arrive aussi de faire des courses pour les petits vieux de Jessica, mais ce n'est pas toujours facile de nouer les deux bouts.

Il regrette quand même son premier vrai travail. Par un de ses copains, il avait réussi à rentrer dans une entreprise de pompes funèbres. Carrière assurée, plus besoin de tricher ou de mentir pour faire rentrer les deniers à la maison. Il se voyait même refaire sa vie avec Dora, et pourquoi pas, un enfant serait venu concrétiser leur amour...

Mais voilà, le moteur de sa Citroën ZX venait d'exploser, et son ami Ayrton du Tune-Shop-Garage de Wasmes avait besoin de le remplacer. Un week-end, ils sont partis dans une casse pour en récupérer un, et tandis qu'ils le chargeaient, Brandon fut licencié par téléphone : son patron n'avait pas du tout apprécié l'utilisation du corps-billard pour ce type de transport.

Mais Brandon ne désespère pas, il sait que la roue de la fortune ne tourne pas que sur TF1.


Ce billet est spécialement dédicacé à mon ami Georges. Bisous.


Brandon aimerait que sa fille Hélène s'en sorte mieux que lui et l'inscrit dans un concours de beauté : Brandon et les Mini-Miss .

vendredi 23 septembre 2011

Le secret de Brandon

Ce matin, j'ai téléphoné à Brandon un peu plus tôt que d'habitude, et c'est sa douce voix toute enrouée qui m'a répondu. Il est 10h45 et je peux sentir l'odeur de son haleine post-ripaille au travers de mon GSM. Je dois attendre quelques instants, le temps qu'il se verse une anisette. Il paraît que ça fait le même effet que de se brosser les dents. Parfois, il préfère le Get 27, ça marche aussi.

Je lui explique qu'il a dorénavant de nombreux fans et qu'ils me demandent de ses nouvelles. Je lui propose donc, s'il veut bien, de répondre à une question par semaine. « Mi dj'veu bi. Mais dins touss ces foleuw up, inda bi kelke koumer ? Passke mi si c'est poukelle pass doussi, non hein ! Inda des lieuss pu discress, ça oui, mi d'chui toudi priess pour une fiess». Les filles, il y a message : en gros il est dispo mais discrètement.

Je lui pose donc la question qui nous brûle les lèvres depuis une semaine. Celle qui nous empêche de dormir : «Brandon, pourquoi n'aimes tu pas les flamands?». (Cher lecteur, à partir de maintenant, je vais faire la traduction de ses dires, sinon, nous ne sommes pas sortis de l'auberge.) Grande nouvelle : ce n'est pas que Brandon n'aime pas les flamands, c'est qu'ils lui ont fait du mal.

Brandon a été amoureux d'une flamande. En effet, lorsqu'il avait 14 ans, son beau-père, Didier, et son demi-frère, Kevin, lui ont appris à draguer en Flandre. Parfois, Didj était un peu en brisbouille avec la jeune Natasha, maman de Brandon. Alors, il emmenait les garçons faire un tour, le temps que celle-ci se remaquille après être tombée dans les escaliers.

C'est ainsi, que presque chaque samedi soir, ils partaient faire un tour à Anvers. Pour Brandon, c'était noël chaque semaine. En effet, il voyait des femmes, des vraies, à moitié nues dans les vitrines. Comme il n'avait que quatorze ans, il n'avait pas le droit de les toucher, mais rien que de les voir, il était déjà tout ému.

Un beau soir d'automne, il rencontra la belle Anneke. Elle partageait son kot avec Thérèse, une travailleuse qui arrivait directement du Rwanda. Un jour que cette dernière s'occupait de Didj et de Kevin, Brandon a eu le droit de les attendre dans le couloir. Anneke est arrivée et lui a servi un verre de coca. Il n'avait jamais été aussi proche des seins d'une femme autre que sa mère.

Encore aujourd'hui, il lui arrive de penser à la belle Anneke. Il se souviendra toute sa vie qu'il a eu le droit de toucher et d'embrasser ses têtons. Il aurait aimé faire beaucoup plus avec sa dulcinéa, mais il n'avait que 14 ans et c'était déjà beaucoup pour son âge. En plus, il venait de lui donner ses 150€ pour goûter à ses seins, et il n'avait plus d'argent. C'était son premier amour.

Malheureusement, un soir les policiers sont venu chercher Didj. Cette plaie de Natasha en avait marre de tomber sur les marches et elle a inventé qu'il la frappait. Mais Brandon savait très bien que c'est parce qu'elle était saoule qu'elle perdait l'équilibre. Il l'a même dit au juge, mais Didj n'est plus jamais revenu et plus personne ne l'a emmené voir sa chère Anneke.

Depuis ce jour, il en a toujours pincé pour les flamandes. Alors, lorsqu'en janvier il a entendu que le mot de l'année était «tentsletje», son sang n'a fait qu'un tour. Malgré le froid, il devait retourner dans le Nord du pays et retrouver son Anneke (ou une autre, plus jeune). Il a donc été chercher son camping-car Leyland 1980, a rempli le frigo de carapils et est parti à La Rocca.

La petite Jessica voulait venir avec lui, mais il devait y aller seul et changer de vie. C'est ainsi qu'il abandonna ses familles et monta à 80 km/h sur l'autoroute. Après 4h de route, et grâce au GPS de son iphone 4 qu'il a gracieusement échangé à un enfant de 8 ans devant son école contre une gifle, il arriva sur le parking de la disco.

Là, ses ennuis commencèrent. En effet, les vigiles ne voulaient pas le laisser se garer avec son vieux tacot. Après avoir partagé une carapils entre hommes à l'arrière de sa caravane, ils ont réussi à lui trouver une place à 3km de la discothèque. Il lui ont même dit qu'il aura certainement la chance de trouver une «mobilhomeslejte». Il était plein de courage, notre Brandon.

Il se regarda une dernière fois dans le rétroviseur. Casquette Justin Bieber, cheveux péroxydés, veste en (fausse) peau de mouton blanche, chemise rouge standard de liège. Sans oublier ses petites fesses bien moulées dans son slim taille basse à 168€ trouvé à Ville 2. Son string est bien visible, il est prêt à trouver son Anneke.

Mais voilà, arrivée à l'entrée, on lui signifia que ses converses bleues ne sont pas admises. Il s'est fait refouler comme un sale vagabond, notre Brandon! Ses chaussures qu'il avait spécialement achetées chez Brantano pour une grande occasion comme celle-ci le bloquaient vers son Amour. Il a voulu insister, le malabar ne l'entendait pas de cette oreille et lui a mis une petite torgnole. Il s'est réveillé au poste de police, sans sa casquette fétiche.

Il s'est retrouvé en cellule avec un certain Siegfried Brackemar qui lui a expliqué le terme « kerkersletje »... Le lendemain, les flics l'ont reconduit à son véhicule. Ils l'ont verbalisé pour mauvais stationnement. Ensuite, ils l'ont arrêté 250m plus loin quand il a brûlé le stop tout en buvant une carapils au volant : défaut d'assurance, défaut de contrôle technique, et conduite en état d'ébriété.

«Dj'peu nin m'impécher de braire...em mopilhôôm çastou m'vie! Mi les flamins, hin...».

*Je ne peux pas m'empêcher de pleurer... mon mobile-home, c'était ma vie. Moi, les flamands, hein...


Il ne faut pas croire que Brandon est le roi de la glande : le travail de Brandon

samedi 17 septembre 2011

La vie de Brandon.

J'ai eu la chance d'avoir été lu par Brandon, de Warquignies. Il m'a contacté afin que je puisse l'aider à retranscrire son quotidien. Accessoirement, il me demande explicitement d'ajouter ceci : « Vé djir à c'ti barakis d'flamins kéminga mî d'j'nin né ri à fout' d'leur gueû et ki n'ont ka viff sur dleu planess et kiz aret de nou fair tchi ».

Pour la petite histoire, j'ai reçu son mail il y a 15 jours, et je viens de plus ou moins comprendre ce qu'il voulait dire. En gros, et très poliment, si j'ai bien suivi, notre nouvel ami désire faire un doigt d'honneur aux flamands qui l'enquiquinent. J'ai bel et bien essayé de lui demander par courriel s'il pouvait me confirmer mes dires, mais apparemment, j'écris en hiéroglyphes.

J'ai décidé de le contacter par téléphone, mais j'avoue que ma mission a été ardue. Si je l'appelais avant de partir au boulot, il ne répondait pas. Si je le sonnais au retour, je pouvais sentir l'odeur de la carapils à travers mon gsm. Heureusement, la patience est une de mes vertus, et ma prévoyance légendaire m'a murmuré de l'appeler un samedi vers 11h30. Bingo!

Brandon, jeune habitant d'une commune du borinage, a 20 ans, des rêves à foison, mais malheureusement, la société ne l'a pas beaucoup aidé. Il y a même une certaine frustration qui l'habite. Avec bonheur, sa force de caractère lui a permis de rependre l'activité de ses parents. Un métier de petites gens, un boulot simple, mais important dans sa cité : chômeur professionnel.

Lorsqu'il m'a raconté cela, j'ai senti un tremblement dans sa voix. J'ai pensé au drame humain qui devait briser ce petit-enfant de Germinal, mais j'ai compris quelques instants plus tard, que c'est la fierté qui l'envahissait. En effet, de toute sa classe, c'est le seul qui a réussi. Tous les autres sont au CPAS, mais lui, il est au chômage. Et ça, c'est une vraie victoire.

Pendant toute sa jeune vie, il a été moqué, raillé. Il a entendu à chaque coin de rue : «Ouskelle est Brenda?», et justement, les Brendas, elles étaient partout! Toutes amoureuses de Dylan. Il y en avait cinq, rien que dans sa classe. Toutes des putes. Et lui, il a passé sa vie d'enfant déjà rejeté par ses camarades. Il aurait tellement préféré s'appeler tout simplement Jean, comme Jaurès.

Déjà gamin, il surclassait ses camarades : il a réussi à écrire son prénom avant tous les autres. Il avait 8 ans, et est rentré à l'école. A 18 ans, après s'être acharné durant des années, il a réussi à obtenir son diplôme de primaire. Il y a longtemps que ses comparses avaient été abandonnés par le système, mais lui, s'était accroché. Il arrive même à écrire son nom, maintenant.

Mais voilà, dans la jungle hostile du marché du travail, il a été très vite rejeté. Certains disent qu'il a décroché son diplôme uniquement parce qu'il a couché avec Dora, l'institutrice, et que c'est pour cela qu'il n'a pas réussi à trouver de travail. Mais Brandon m'explique que c'était tout de suite le grand amour : il l'a coincé après le cours, et c'était fait.

Lorsque Ronaldo est né, il a fallu qu'il trouve une voie professionnelle. Et c'est tout naturellement qu'il a suivi les conseils avinés ou avisés de ses parents. D'abord, il s'est marié avec Dora. Puis ils ont vite divorcé. La prof a gardé son boulot et est venue acheter à droite des parents de Brandon. Attention, il faut suivre.

Lui, a bénéficié d'un prêt social pour racheter la maison d'ouvrier juste à gauche de celle des ses parents, où il est domicilié, avec Jessica, la petite soeur de Dora qui a 16 ans et dont il a la garde en plus de celle de son fils Ronaldo. Avec son ex, ils ont tenté de sauver leur couple, et cela à donné naissance aux jumeaux et Igor et Grischka. Mais leur union était impossible sous le même toit.

En effet, un soir de mélange de Carapils et de Ravini, Brandon a reconnu la Dora qu'il avait aimée en se couchant près de Jessica. Cette bonne poire tomba malencontreusement enceinte et elle donna naissance à la belle Hélène. Celle-ci est née de père inconnu, mais grand seigneur, notre Brandon l'accueillit sous son toit.

Brandon a vraiment réussi à faire tourner sa petite entreprise familiale. Il a sa maison, et son ex-épouse aussi. Lui est indemnisé d'environ 1600€ par mois, et elle perçoit un salaire de 1250€ et les allocs pour les jumeaux. La petite Jessica réussit bien à l'école. Elle aimerait finir son apprentissage professionnel de coiffure l'année prochaine, en attendant, elle va chez « ses p'tits vieux » pour 25€ la coupe. Elle a 10 clients par semaine.

Brandon est vraiment fier de lui. Comme il dit, il n'a pas été aidé par la société, mais il a réussi à se faire aimer par sa famille. Il aimerait bien s'acheter une Seat Ibiza 1.4l de 180 chv, mais il doit coupler ça avec l'achat de son nouvel écran plat et son home cinema, parce qu'ainsi, il pourra se mettre en surendettement et ne devra pas payer les intérêts.

J'aurais voulu l'encourager à devenir comptable ou encore à apprendre à écrire un peu mieux pour qu'il fasse des études d'assistant social, vu ses talents innés, mais je n'en ai pas eu le temps: on est samedi et il va aider dans un cabaret. Il a raison, il touche 15€/h pour servir et boire des pils et il fait une vingtaine d'heure par week-end. Il faut bien, les temps sont durs.

« N'oubli nin d'leu dirrrr : les flamins mi djlé inmert' »*. Je pense que le message est passé, oui.

*N'oublie pas de leur dire : les flamands, moi, je les scrogneugneux. Ces propos n'engagent que Brandon. NDT.


Pour savoir pourquoi Brandon déteste les flamands, lisez le secret de Brandon

Et on démarre une autre histoire....

Une page se tourne aujourd'hui avec la fin de mon blog en cet endroit. En effet, j'ai décidé de ne plus l'alimenter à cette adr...