« À l'heure où
les attaques fusent de toutes part contre le folklore estudiantin, au
moment où les pauvres bleus se font humilier à tel point que notre
Ségolène en appelle à notre Premier Ministre, je me dois de
rappeler que notre amitié a commencé dans les bas-fonds parfois
malodorants de LLN. Alors que l'infâme bleu puant et innocent que
j'étais avait besoin d'un guide, tu es arrivé tel le Messie pour me
parrainer.
Cette bière, symbole de
ton rôle, que nous avons bue ensemble nous a mené beaucoup plus
loin que la courte aventure des bleusailles. Tu m'as donné des
conseils pour ma vie universitaire. Peut-être, aurais-je dû mieux
les suivre... Des conseils, tu en avais des tonnes. Tes explications,
tes démonstrations, tes théories, voire tes pinailles -le mot est
lâché-, j'en ai beaucoup entendues depuis.
Nous sommes partis en
vacances, nous avons skié ensemble. Je me souviens encore de tes
éclaircissements et de tes astuces pour prendre les carres alors que
tes genoux n'étaient pas axés. Ah, je me rappelle de tes lumières à propos de
presque tout et surtout sur des détails qui n'étaient rien, et
pourtant Ô combien important à tes yeux.
Puis un jour, j'ai passé
ma licence de para. Lorsque je t'ai appelé pour te dire que tu as
raison que ce sport est inexplicable, extraordinaire et
époustouflant, j'ai entendu ton expression souvent usitée :
« Je te l'avais dit... » Je t'ai imaginé avec ton petit
mouvement d'épaules, la tête légèrement penchée et tes yeux
pétillant d'avoir dit vrai. Oui, tu avais raison. D'ailleurs,
c'était bien connu, tu avais toujours raison. Depuis ce jour, nous
avons partagé cette passion. Nous avons ri, nous avons joué, nous
nous sommes jetés de cet avion. Nous étions jeunes, nous étions
ces éternels « sales gamins ».
Dans ce sport. Ton sens
du détail et de la sécurité s'exacerbaient. Tu excellais dans la
minutie à tel point que pour venir te chercher, la grande faucheuse
a dû t'attaquer sournoisement par derrière avec quelque chose que
tu ne contrôlais pas. Elle t'a emmené avec d'autres membres de
notre petit monde du para. Elle t'a enlevé dans ta passion, dans
notre passion.
Il y a quelques jours
encore, nous parlions de tes prochaines vacances au ski et d'Adrien.
Kristel, j'espère que j'aurai l'occasion d'emmener la descendance de
notre cher Berny sur les... descentes enneigées. Et que je pourrai
lui raconter sur le télésiège les anecdotes et les rires que nous
avons partagé avec son Papa.
Fanny, Benoît, Viviane,
au travers de mon amitié avec votre frère, ton fils, je vous ai
connus et rencontrés. Une famille chez qui la porte est toujours
ouverte. J'espère que nous rirons encore de bon cœur en pensant à
lui.
Les amis qui sont ici
autour, les pro et les anti baptême, 22 ans après mon arrivée au
Chigé2 où vous m'aviez appris le « fifrelain » et la
camaraderie, je peux le dire : j'ai eu de la chance d'avoir
beaucoup plus qu'un parrain de guindaille, j'ai eu un ami.
Dans ce satané avion,
cet ami est parti. Cet avion dans lequel nous étions assis,
ensemble, il y a 15 jours... Berny, tu es parti.
Le proverbe dit que les
amis se comptent sur les doigts de la main, à partir de maintenant,
je vais voir du mal à jouer au piano. »
Un de tes plus beaux textes, j'espère que quelqu'un le lira à Adrien en temps voulus :) bises
RépondreSupprimerFabuleux message Nicolas...
RépondreSupprimerHier les parachutistes formaient une grande famille elle est aujourd'hui plus soudée que jamais.
Les prochaines ascensions ne seront plus jamais pareilles, je ne parle pas de peur, tu sais tout comme moi que la pratique de notre sport est plus forte que tout, mais j'aurai à chaque saut une pensée pour eux...
Blue sky, fly free...
Nicolas ...je me permets ...avec le temps qui passe , je viens de trouver ton texte . Je l'imprime et le garde pour Adrien plus tard . Merci pour tous tes mots...
RépondreSupprimerMichèle , maman de Kristel , mamy d'Adrien
Je l'ai gardé aussi... Je le relis régulièrement, j'ai hâte de voir Adrien grandir et skier. Nico.
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