Il y a 20 ans, lorsque j'étais en terminale, Patriiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiick chantait «Place des grands hommes». A l'époque, j'avais même été le voir en concert à Forest National avec les copains de l'académie de Braine. Nous fredonnions ces phrases en se redonnant rendez-vous pour dans 10 ans. Et nous avions la force de l'adolescence : l'insouciance d'être éternellement vivant.
Si je parle aujourd'hui de cette période, c'est parce que dans deux mois environ, je ferai partie des groupes de jubilaires du Collège Saint Vincent. Bien que la sensation d'immortalité m'a quitté il y a bien trop longtemps, je suis ravi de pouvoir retrouver mes camarades de l'époque. C'était il y a 20 ans, mais c'était simplement hier. Je pense que je pourrais retrouver mon banc et mes amis les yeux fermés.
Certains noms se perdent, mais les visages sont bien là. Je peux revoir les profs, les élèves, les éducateurs. Je me souviens de chacune des odeurs de notre collège. Je me souviens de ces escaliers en pierre bleue et du préfet de discipline qui faisait la loi depuis le grand perron. Pendant quelques heures, 20 ans après, je replongerai dans mon adolescence.
Avec les technologies modernes, comme beaucoup de trentenaires, j'ai retrouvé mes anciens compagnons via les réseaux sociaux. Bien que les contacts restent virtuels, nous aurons plus de chances de nous retrouver autour d'une bière, et de se reconnaître. En effet, comment retrouver ce camarade qui se battait pour avoir des cheveux longs alors qu'aujourd'hui, la calvitie lui a ruiné son rêve, si je n'avais pas vu sa photo de profil ?
Nous ne nous voyons pas, mais nous nous suivons. En lisant les statuts ou les twits, nous avons régulièrement des nouvelles. C'est ainsi que nous savons qu'un tel a repeuplé la Belgique avec ses 5 enfants, qu'un autre a parcouru le monde, ou encore que l'autre est maître de l'univers à la tête d'une entreprise de pétro-dollars. Nous voyons les enfants grandir, et nous nous connaissons encore. Tiens, une telle qui était championne d'athlétisme a passé le relais à sa fille, c'était donc génétique. Nous sommes toujours en contact, nous sommes « friends ».
Lorsque nous comparons les photos de profil et les photos de classe, une pointe de nostalgie commence à nous titiller. Les visages prennent de l'âge. Les adolescents boutonneux aux coiffures improbables des années 80 ont fait place à des hommes et des femmes dans la force de l'âge. Certains ont quelques rides, d'autres ont les cheveux grisonnant, voire blancs. Un autre a pris quelques kilos. Certains, comme moi, ont enfin grandi.
Mais malgré tout, il nous manque quelque chose : la voix, les interactions humaines, les rires. Et c'est pour cela que je serai là dans deux mois. Juste pour s'écouter, échanger, se souvenir, le temps d'une soirée. Je sais bien «qu'on ne peut pas mettre 10 ans sur table comme on étale ses lettres au scrabble», mais quand même, j'ai envie de revoir mes copains de classe.
Certains m'ont plus marqué que d'autres, comme partout. Les affinités se faisaient humainement, ou dans l'entraide pendant les cours. Certains profs ont fait l'unanimité de la solidarité entre élèves tellement ils étaient sévères, d'autres ne me donnent que des souvenirs de grosse rigolade et de chahut. «argh disons que tu vas me copier autant de pages que de cheveux sur la tête» est gravé en nous. Toujours est-il que j'ai envie de revoir ceux et le peu de celles qui ont partagé mes 6 années de rénové.
Il y a également des étudiants qui ont marqué toute une génération, enfin, toute une promotion plutôt. Au travers de toutes les classes de la même année, il y avait des gens qui ressortaient vraiment du lot. Des poteaux qu'on voulait revoir dans ces soirées des anciens. Toi, Gaëtan, tu en faisais partie. Évidemment, il y avait ton physique, tu devais faire deux fois mon poids. Mais moi, ce n'est pas de ça dont je me souviens. Tes caractéristiques premières étaient ta gentillesse et ton humour.
Je me rappelle d'un voyage que nous avons fait en Angleterre et nous étions avec Christophe dans une famille d'accueil. Et là, j'ai découvert ta drôlerie. Nous nous sommes réellement marrés pendant tout le voyage. Ton cœur était encore plus grand que ton physique, et ta bonté dépassait de ton pantalon. Cela devait être ton moi profond, car cela m'a marqué à jamais. Je t'ai retrouvé via FB et je me faisais un plaisir de te revoir. C'est horrible de devoir parler au passé et de savoir que je ne peux plus te conjuguer au futur.
Ton si grand cœur t'a lâché. A 37 ans. Merde.
Touchant.
RépondreSupprimermerci.
RépondreSupprimer37 ans... merde!
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