Une fois de plus, c'est la négociation de la dernière chance pour former un gouvernement. Chouette ou pfffffffff : il faut se décider. La seule chose qui est certaine à mes yeux, c'est que tout le monde va y perdre. Sauf la NVA. Et quelque part, c'est ce qu'il y a de plus drôle. Car, paradoxalement, pour une fois, les francophones ont tout à gagner. Et cela me fait plaisir.
On ne trouve pas d'accord ? Et bien BHV n'est toujours pas splitté et les flamands seront révoltés. Et alors ? Cela fait 30 ans qu'ils ne veulent pas admettre qu'ils veulent englober des territoires où la majorité de la population ne fait pas partie de la Flandre et n'en fera jamais partie. Même si les nordistes l'écrivent dans les livres d'histoire et qu'ils le scandent régulièrement, les citoyens ne sont pas flamands. Et la NVA passe la barre des 40%.
On trouve un accord ? Tant mieux. La Belgique est sauvée. Sauf que pour les flamands, ce ne sera jamais assez et que les critiques foudroyantes vont fuser de partout à l'encontre des pauvres négociateurs du nord qui ont osé brader leurs revendications unilatérales aux Wallons. La NVA passe la barre des 40%. Ah, je n'aimerais pas être à la place des Weke et De Croo en ce jour.
Et au Sud, qu'est ce que ça change. Rien. J'ai bien dit rien. Et les dizaines de milliers de francophones de la périphérie lâchement abandonnés ? Je vais y revenir, mais cela va faire leur bonheur, je suis sérieux. Il n'y a qu'un seul parti qui risque gros, très gros, c'est le MR. J'ai envie de dire que c'est déjà foutu. Mais c'est de sa faute.
Ce qui est étonnant, et très triste, c'est que toutes ces analyses se font exclusivement sur le gain ou les pertes des voix. Parce que là où il y a quelques années nous attendions des visionnaires et des hommes d’État, il n'y a plus que des calculateurs et des récolteurs de bulletins. Il y a un tel clientélisme que chaque petit nombre de voix perdues met quelqu'un au chômage. Même les chefs de partis se battent pour garder leur strapontin, comme l'ouvrier lambda dans son usine prête à être délocalisée. Triste réalité.
Il ne faut plus s'attendre à la moindre prise de position courageuse de la part de nos élus, ils n'en sont plus capables. Sauf Elio, et à l'inverse de tous les autres, cela va lui valoir un paquet de voix. Cet homme qui avait été humilié, qui est revenu de tout, est le seul véritable homme d’État autour de la table. Cela va payer aux élections, et je reste persuadé qu'il le fait pour la Belgique.
Tous les autres sont simplement des machines à voix. Point. Les yeux rivés sur les sondages, les résultats, à l'américaine. « Si je dis cela ? Ça fait combien d'intention de vote ? ». Malheureusement, les intentions de vote n'ont jamais élu personne. Face à Di Rupo, il n'y a plus que Bart qui parle avec conviction. Un discours populiste, cynique et diviseur, et cela fonctionne. L'honnêteté payerait en politique ? Il ne faut quand même pas exagérer non plus.
Ce qui est désolant, c'est que l'avenir de la Belgique, la Grande Réforme de l’État est réduite à un calcul bassement électoral. Et quoi qu'il arrive, les gagnants seront le PS et la NVA. Et paradoxalement, le FDF. Les flamands, plutôt que d'expliquer à leurs congénères que le parti de Waffelman voulait la fin de la Belgique, ont préféré s'engouffrer dans le populisme et devenir une pâle imitation, et ont donc renforcé le parti de l'évaporation. Les Wallons, quant à eux, ont tous abandonné Bruxelles à son sort.
Pour moi, le plus « amusant » vient maintenant : tout ceci me rappelle clairement un cours en sciences-po qui expliquait les tractations qui se passaient en coulisses pour les grands électeurs aux states. Chaque parti, chaque état était passé au crible, et les frontières d'influence étaient soigneusement dessinées pour que chacun soit content. Ça ne vous dit rien ? Et oui, c'est comme le split de B.H.V.
Sans les bastions du FDF, le PS sera majoritaire à Bruxelles. C'est là que le petit Michel va être heureux d'avoir rejeté Maingain. En gros, dorénavant, la fédération Wallonie-Bruxelles pourra planter des roses dans tous les parterres et parcs de ces « villes fleuries », pendant que les autres partis espéreront prendre la place de Tatie Jojo. Un grand pas pour l'avenir de la Belgique : VL à droite WB à gauche. Nous sommes faits pour nous entendre.
Et les fameux francophones de la périphérie aux droits bafoués ? Et Maingain ? Ils ont tout perdu ! On ne pourra plus voter pour eux ! Mais pas du tout : ce sont les grands gagnants. C'est magnifique : rien, mais vraiment rien, ne leur interdit de créer leur parti en Flandre, et de se faire élire aussi bien aux communales qu'au parlement flamand. Et c'est là que je jubile : j'ai une pensée pour les élus flamands de la périphérie de Bruxelles qui devront défendre leur siège face au bloc FDF...
Mais leurs droits, etc, etc... ? Ils sont tous bilingues. Je ne retourne pas ma veste en disant cela, je constate simplement que les flaflas se font clairement avoir. Ils ont tellement inventé des lois discriminatoires qu'au bout du compte, tous les francophones sont parfait bilingues. Mais non, ils ne sont toujours pas flamands. Donc oui, ils défendront systématiquement leurs droits. Et cela va avoir un effet boule de neige.
Aux communales, ce sera bel et bien des FDF qui seront élus. Pour les régionales et le fédéral, à nouveau, j'exulte. Car dans ces fameuses entités, les flamands divisés en plusieurs partis devront contrer la solidarité du parti de Maingain pour avoir une petite chance d'être élu. Le FDF peut même espérer rallier les francophones de Gand, Anvers, Leuven, de partout : jusqu'ici, ces derniers n'avaient pas d'autre choix que de voter pour des partis flamands. Comique, hein ? OUI.
Les flamands ne sont pas près de s'en remettre.
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