«Démission de
Berlusconi», «la fin du Cavaliere», etc... Ce matin, les gros
titres annoncent la fin de règne du leader italien avec fracas.
C'est un peu le monde des médias qui se débarrasse d'un de ses plus
grands défenseurs. Le richissime propriétaire se fait lyncher par
ses propres salariés. Ce déchaînement permet de cacher le
principal: une injure à la démocratie.
Car c'est bien de cela
qu'il s'agit: un coup de poignard à nos libertés fondamentales du
choix de nos élus. Et il n'y a personne pour se lever contre cette
atteinte des marchés financiers qui attaquent le monde politique. La guerre
économique est bien plus importante que ce que la pensée unique
veut bien nous faire croire.
Ce n'est pas le séducteur
des prostituées mineures qui est déboulonné, mais le chef de
gouvernement d'un pays du G8. Se réjouir de la chute du trublion,
c'est surtout fermer les yeux sur la dictature de l'argent. Comment
est-ce possible que ce soient les obscurs investisseurs qui
aient le droit de choisir les dirigeants, nos dirigeants?
Ce n'est pas un problème
qu'il ait été élu malgré ses frasques et ces petites phrases
historiques. Cela aurait été
un juste retour s'il s'était fait jeter de la vie politique par la
voix des urnes. Ce qui est terrible, c'est qu'il se soit fait limoger
par les grands argentiers. Et ce qui est encore plus grave, c'est que
cela ne choque pas l'opinion publique.
Comme
si le fait d'être libertin et grossier pouvait donner les pleins
pouvoirs à des traders sans foi ni loi cachés derrière leurs
écrans. Comme si le fait de se faire turluter par une petite
donzelle puisse autoriser à livrer son pays aux mains des banquiers.
Comme si le bunga-bunga
concédait la défaite de la Vox Populi.
Dorénavant,
après une décote de Moodies ou une attaque en règle contre l'Euro,
les hommes politiques devront
démissionner. Maintenant, ce sont les bourses qui tiennent les
parlementaires par les couilles. Comment peut-on laisser faire cela?
Quelle débilitude peut atteindre les journalistes pour ne même pas
relever cette invraisemblance?
En
novembre 2011, il est possible de jeter un élu du peuple parce qu'il
refuse de faire passer des réformes obligatoires...
Réformes créées pour donner plus d'argent à l'argent. À ce jour, un président de
pays qui veut freiner le capitalisme sauvage peut être remercié par
ces mêmes brutes. Cela veut dire qu’inexorablement, la loi du
marché sera la base des Lois.
Petit
à petit, les électeurs pourront choisir entre la droite,
l'utra-droite ou l'extrême droite. Le communisme, le socialisme
seront sacrifiés sur l'autel de la monnaie unique. Les chômeurs
seront mis au ban de la société qui bénira les délocalisations
forcées. Les pauvres seront montrés du doigt pour ne pas avoir été
capables d'aider les riches.
Bientôt, il ne sera même plus réalisable de voter pour un visionnaire
qui voudra aller à contre-courant. Car lui aussi sera emporté par
la catastrophe imminente
prônée par les décideurs. Qui oserait encore se lever contre la
rigueur, l'austérité, la crise? Qui resterait en place avec un
programme de refus du modèle ricain?
Parce
qu'il ne faut pas se leurrer, si même une personne monstrueusement fortunée comme Berlusconi arrive à se faire jeter par ses propres amis,
il est peu probable qu'un François Hollande ou encore un Elio di
Rupo fasse long feu. Même le système mis en place par Silvio &
Co n'était pas assez à droite. Jusque quand le peuple européen se
laissera faire?
Il
ne faut vraiment pas se réjouir de la déchéance du Cavaliere. Cet
homme contrôle l'ensemble des médias de la péninsule, il est
milliardaire, il est le président du conseil à la plus longue
longévité, et malgré tout, les fameux marchés ont décidé qu'il
était temps de mettre un terme à sa carrière. Les marchés, oui,
le fric, le pognon, le flouze.
Ces
mêmes marchés qui ne veulent que plus de pouvoir et plus d'argent.
Ces salles de changes qui se foutent des pauvres ou des clodos. Ces
déclencheurs de guerre ou de famines ou nom du pétrole ou des
diamants. Ces fins stratèges qui sont en train de torturer
mesdemoiselles Démocratie, Justice et Liberté, de les violer
sadiquement jusqu'à ce qu'elles crèvent...
… sous
les yeux du Peuple qui s'en félicite.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire