Le secrétariat général de l'enseignement catholique flamand demande d'encadrer les francophones inscrits dans leur écoles mais aussi d'en limiter leur nombre. Cette fois, c'est l'accès à l'éducation des petites têtes blondes franskilloenen qui est attaqué. Le plus surréaliste dans cette situation ubuesque, c'est que tous ces enfants ne sont pas considérés comme francophones par l'establishment politique flamingant (75% des politiciens du Nord).
Cette situation « difficile » pour les enseignants flamands est localisée dans les communes de la périphérie de Bruxelles. Cette même situation est donc totalement inextricable et surtout intolérable pour les élus néerlandophones. Je rappelle, pour ceux qui ne connaissent pas les circonstances, que ces communes sont situées sur le territoire flamand mais qu'elles sont peuplées très majoritairement par des francophones. Officiellement, ces mêmes territoires ne sont peuplées que par des flamands : les untermensch n'y existent pas.
Vous vous doutez bien qu'il ne me viendrait jamais à l'idée de me moquer du pragmatisme efficace de l'administration de nos amis nordistes. Et pourtant, je suis contraint d'avouer que j'ai un énorme sourire qui est en train de se transformer en fou rire, et dans quelques instants je vais applaudir des deux mains, en espérant que les élus du Vlaams Parlement me suivent. En effet, pour soutenir leurs bons professeurs les élus doivent reconnaître l'existence même des francophones, ces fameux indésirables dont la présence est niée. La quadrature du cercle, ça vous dit quelque chose?
Ce sont ces mêmes élus qui aiment se pavaner dans les rues de la périphérie Bruxelloise pour rappeler le caractère flamand de toutes ces communes. Sur leur vélo étincelant, les élus démocrates se mélangent au bon peuple dans une manifestation sportive mise en place par l'organisme officiel gouvernemental, le Bloso. Ils pédalent avec leurs concitoyens pour promouvoir le bien fondé de l'exercice physique début septembre, tout en rappelant au monde entier (limité au territoire nord de la Belgique) qu'ils sont bel et bien chez eux, chez les Flamands.
Le fait que ce grand rassemblement sportif passe pour rappeler l'enclavement de Bruxelles dans le territoire flamand n'est que pure coïncidence. Le fait que les cyclistes arrivent de tout le nord du pays pour insister sur le caractère flamand des communes où les habitants sont presque exclusivement francophones est aussi dû au hasard de la programmation. Et enfin, le fait que tous ces élus qui s'érigent en grands défenseurs de la démocratie se retrouvent à scander des « Franse Ratten, Rol uw matten » ou encore « België barst » n'est que purement fortuit.
Et c'est maintenant que je m'esclaffe, parce que dans les faits, les fonctionnaires de l'éducation de la communauté flamande de Belgique demandent de l'aide à ce même monde politique qui nie la vérité. J'ai une pensée pour cette gentille maîtresse qui demande du soutien parce qu'elle a du mal à faire son travail correctement, vu que dans sa classe 80% des enfants ne parlent pas flamand... chez eux. Et elle ne peut être entendue par aucun de ses ministres de tutelle, car tous les partis flamands sont unanimes : dans la périphérie de Bruxelles, il n'y a que des flamands.
Mais ce n'est pas fini, ça c'est juste un amuse-bouche : le problème vient du fait que les francophones veulent devenir bilingues ! Les élus nordistes ont tellement peur de la tâche d'huile francophone autour de Bruxelles qu'ils ont inventé toute sorte de dispositifs pour intégrer les habitants allochtones. Ils ont dépensé des millions d'euros pour organiser des cours, ils ont inventé le concept anti-européen du « wonen in engein streek », ils ont créé la circulaire Peeters, ils ont réécrit les livres d'histoire, et ils sont fiers de montrer que cela fonctionne, mais le fait que les francophones veulent être bilingues, non, ça ce n'est pas possible, niet mogelijk hè !
Oui, vous avez bien lu, le problème c'est qu'ils veulent devenir bilingues. Pourtant avec toutes les embûches que les politicards flamands ont créé dans la périphérie, comme l'interdiction de parler une autre langue que le flamand dans tous les organes officiels du nord, et toutes ces méthodes insultantes, ils ont déjà réussi à rendre tous les francophones de la périphérie bilingues, s'ils ne l'étaient pas déjà. Mais c'est vrai que notre premier ministre démissionnaire avait annoncé que les franstaligers n'avaient pas les capacités intellectuelles pour apprendre le néerlandais... alors ça doit faire un choc.
Quoi de plus naturel que leurs enfants soient bilingues aussi ? Quoi de plus naturel que leurs enfants aillent dans une des écoles de leur commune de résidence ? D'autant plus que l'enseignement en français est, naturellement, interdit en communauté flamande. Dans n'importe quel autre pays, nous parlerions d'une intégration réussie. Dans le nord de la Belgique, c'est interprété comme de la mauvaise foi des franskilloenen. Comique, non ? Non.
Discriminer les gens sur leur origine, leur langue ou leur religion, c'est de l'extrémisme de droite. Mais pour le bon flamand, c'est du populisme national démocrate, étiqueté au centre. Décidément, la politique flamande est étrange. Dangereusement étrange.
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