jeudi 25 août 2011

Les handicapés wallons profitent du système.

Ça y est, les affaires reprennent. Malgré l'obligation de discrétion des attablés de la cène Di Rupo, il est possible de se mettre des déclarations fracassantes sous la dent. Comme rien ne filtre, et que les journalistes doivent avoir quelque chose à écrire, nos amis extrémistes parviennent très bien à sortir quelques joyeusetés qui nous feraient bien rire, si elles n'étaient pas déchirantes de pathétisme.

Hier, nous avons appris qu'il y a 50% de plus de handicapés Wallons que Flamands, mais surtout qu'ils ne sont certainement pas assez « handicapés et qu'ils devraient pouvoir travailler mais ils profitent du système ». Ce qui, dans n'importe quel autre pays civilisé, serait susceptible de lynchage médiatique voire même la signification de la fin d'une carrière politique, passe chez nous pour une « simple brimade » de plus de la part de nos chers compatriotes du nord.

Allez, je vous le donne en mille. Quel parti est à l'origine de cette polémique ? Un parti néo-fasciste ? Non, évidemment. Un parti, comment dirais-je, qui frôle avec la bordure très à droite de l'échiquier politique ? Non, bien sûr. Ou encore un parti qui est à l'écoute de son peuple, mais qui écrase les autres tout en se disant de centre ? Bingo, ce sont bien les nationalistes flamands de la NVA. Je me pose quotidiennement la question "pourquoi il ne sont pas considérés d'extrême droite?", mais c'est un autre débat.

La députée Helga Stevens en profite bien entendu pour plonger sur un futur sujet brûlant : la scission de la sécurité sociale. Le bon travailleur flamand, prépensionné à 52 ans, ne doit surtout pas payer pour le chômeur wallon et encore moins pour le resquilleur wallon déguisé en mendiant tétraplégique. C'est déjà grâce à ce dernier qu'il n'y a plus de pointage car il n'arrivait pas à monter les escaliers de son hôtel de ville pour aller estampiller sa carte, alors qu'il garait sa grosse voiture sur sa place réservée pour aller jouer au football trois fois par semaine...

Chère Madame Stevens, je ne porte déjà pas haut dans mon cœur votre parti qui n'a même pas les coucougnettes assez pendues pour affirmer ouvertement qu'il est d'idéologie raciste et qu'il a le même programme que le national socialisme allemand des années 30, mais là vous venez de passer une borne de plus. Et je ne souligne même plus la lâcheté des francophones qui ne montent même plus au créneau de guerre lasse.

Par contre, je vous prends au mot, car oui, vous avez raison sur un point. Mais quel point, celui qui en vaut mille au moins, un million même ! Je reste persuadé, comme vous, qu'il y a une grande majorité qui serait tout à fait capable d'aller bosser, comme vous et moi. Mais non pas, comme vous le suggérez, parce que ce sont des grosses feignasses wallonnes dont la culture est basée sur le vampirisme de la gentille solidarité des flamands et qu'il faut donc leur mettre un gros coup de pied au cul, mais parce qu'ils en sont capables. Oui, techniquement ou intellectuellement capables.

Et vous savez quoi ? Je suis certain qu'ils ne demandent pas mieux que d'aller au bureau ou à l'usine. Oui, ils veulent s'intégrer dans la vie sociale. Ne croyez vous pas qu'ils ne se sentent pas assez assistés que pour en plus, comme vous le leur reprochez sournoisement, ils profitent encore plus de vos sous ? Croyez vous sincèrement que les épreuves de leur vie de tous les jours n'ont pas gonflé leur fierté d'être ce qu'ils sont sans qu'ils ne doivent vous demander l'aumône ?

A vous écouter, le combinard du Sud a trouvé une solution de plus pour voler le bon contribuable blond aux yeux bleus de type aryen du Nord de la Belgique: il se camoufle en manchot et prend des cours de dextérité pour l'autre main afin de faire les poches de l'âme chrétienne qui lui donne deux euros. La rumeur dit qu'il y a même un Wallon qui a fait exprès de sauter dans une chaîne de montage Flamande pour être amputé des deux jambes et oser dire que c'est un accident du travail. J'espère pour vous que votre Dieu qui vous regarde donner la charité est vraiment miséricordieux.

Ce que je vous propose, c'est de vous suivre dans votre démarche, et de les mettre au travail. Mais pas comme vos mentors à croix gammée le voulaient, non, avec la dignité et les possibilités techniques de la démocratie du XXIème siècle. En votant des dispositions légales afin de leur faciliter l'accès à l'emploi, d'aider les patrons solidaires, de construire des infrastructures permettant de partir de chez eux et d'arriver au bureau sans peine. Bref, de les intégrer aussi bien dans la société civile que dans la privée. Peut être pouvons nous également les aider pour les transports en commun ? Etc, etc...

J'ai l'impression, qu'une fois de plus, j'enfonce une porte ouverte. Et à nouveau, je n'en suis pas peu fier. Mais cette fierté, madame, n'est rien comparée à celle que j'ai vue dans les yeux des « personnes à mobilité réduites » quand elles font de leur combat quotidien une preuve de la force de l'être humain. Avec le regard qu'ils ont, Madame, je ne les imagine pas un seul instant penser à tricher sur leur condition.

Regardez dans leurs yeux madame, et répétez sans vous dérober à leur regard « Vous êtes des profiteurs du système ». Allez y, je vous écoute, et eux aussi.

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