lundi 22 août 2011

Internet n'a pas tué la presse francophone belge!

La presse francophone belge est en crise : les ventes plongent, c'est la catastrophe, la fin est annoncée, etc, etc... Mais est-ce que les journalistes francophones se remettent en question ? N'est-il pas plus facile de rejeter la faute sur la gratuité de la toile, ou encore de la concurrence? Qui sait, c'est peut être à cause de la chute de l'euro ou, je ne sais pas, à cause du battement d'un papillon en Papouasie-Nouvelle-Guinée ?

Je pense très sincèrement que c'est en rapport avec internet, mais pas à cause de cet espace de gratuité. Je suis également convaincu que c'est lié au fait que plus aucun quotidien ne fait d'articles fouillés ou des recherches qui me donneraient envie de payer pour apprendre quelque chose de neuf. Si cela ne suffisait pas, ils se sont tous mis au niveau de la DH. Même le Soir et la Libre sont tombés dans le caniveau du journalisme de rubrique « chiens écrasés ».

Le rapport avec internet est très simple : je peux trouver toutes les informations à la vitesse d'un clic de souris, et surtout en temps réel. Grâce à mes amis Google et Wikipédia, je peux me faire une opinion très rapidement sur un sujet qui m'intéresse. Je ne dis pas que ce sera absolument formel et exact, mais en général, j'aurai une base tout à fait correcte.

C'est un lien mais pas le motif : la cause essentielle de la chute des lecteurs est dûe au fait que ceux-ci ne trouveront rien de plus dans le journal le lendemain ! Apparemment, G&W sont les uniques amis des professionnels de l'information écrite. Alors pourquoi irais-je dépenser le moindre euro pour quelque chose que je sais déjà ? Pour la photo couleur exclusive ? Pour donner l'aumône aux pauvres pigistes ?

Grâce à internet, le journal papier aurait dû muter : vers l'excellence. C'est le contraire qui s'est passé. Il est évident qu'il est beaucoup plus facile de niveler vers le bas que de se remettre en question et décider de devenir encore meilleur. De prendre son courage à deux mains et de, par exemple, de décider de doubler le nombre de mots dans un article. Ou encore faire des approches détaillées des sujets qui font l'actualité avec des avis contradictoires.

Lorsque j'ouvre un quotidien, je suis stupéfait de voir la mise en page « plus claire, plus facilement lisible, plus je-ne-sais-quoi » mais surtout beaucoup moins d'écriture. Je me rappelle encore, lorsque j'étais jeune et que le journal était en noir et blanc, qu'il me fallait une éternité pour terminer la lecture. Je le faisais très rarement, mais j'apprenais des choses, les analyses étaient pensées et les journalistes nous éclairaient sur une situation.

Aujourd'hui, c'est tout le contraire. J'ai l'impression que je peux lire le journal complet plus rapidement qu'une bande-dessinée d'Hägar Dünor, et que le seul moment où il faut réfléchir un minium c'est en faisant le sudoku. Sans rire, est ce que vous pensez sincèrement qu'en tant que lecteur j'ai envie de payer pour cette daube ? Oui, le mot est dur : c'est de la daube, mais alors là, vraiment une grosse grosse grosse daube puante.

Il reste, parfois, un tout petit espace intéressant : l'édito. Non, je délire, l'édito est à l'image même du journal, tout aussi pourri. Il est d'un ton policé, mais avec des mots courroucés : c'est un savant mélange entre le marketing et le populisme. En gros, il nous dit : « Achetez moi : je pense comme vous » Le seul hic, c'est que le journal ne pense pas comme moi : il ne pense pas du tout.

Les grands penseurs du journalisme ont décidé que ce qui marchait bien, ce sont les « clics ». Mais ce qu'ils ne savent pas, c'est que si la plupart des informations au bout de ces fameux « clics » étaient payantes, et bien, il y aurait beaucoup moins de ces « clics ». Le lecteur les lit de la même manière qu'il lit les avis mortuaires assis sur son trône : sans réfléchir, juste pour passer le temps.

Mais c'est vrai, internet a permis de trouver des lecteurs : oui, il y a certainement de nombreuses pages visitées sur les éditions en-ligne. Là aussi, que retrouve-t-on ? Des dépêches à peine retravaillées, des « copier-coller » et des fautes d'orthographes. Bref, un professionnalisme exacerbé qui me donne réellement envie d'acheter la version papier payante.

Le plus triste, c'est que je ne demanderais pas mieux que d'acheter un journal de qualité. Oui, je suis prêt à m'abonner, même plus cher pour le recevoir à l'étranger où j'habite. Je suis même persuadé que je ne suis pas le seul qui ne veut pas jeter sa monnaie pour une feuille de choux, mais prêt à débourser pour lire du contenu qui me fasse réfléchir. Mais cette offre belge francophone n'existe pas !

Ce n'est pas internet qui a tué le journalisme, c'est le journalisme qui s'est tué en copiant internet... en espérant que les lecteurs seraient suffisamment couillons pour payer. Refuser de regarder cette réalité revient au même que de donner du crédit à la description d'un tableau inconnu accroché dans une pièce sans lumière, faite avec un masque de sommeil sur le nez et de l'acide dans les yeux.

Tiens, les journaux flamands sont en progression... Ce serait piquant si c'était en partie grâce aux lecteurs francophones... Nee ?



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