Ces derniers jours m'ont été très instructifs d'un point de vue de mes connaissances en politique belge, mais également d'un point de vue personnel. Premièrement, des échanges avec des flamands m'ont très clairement démontré que je devais revoir mon jugement sur le côté «séparatiste» de l'opinion flamande, et deuxièmement qu'au lieu d'éviter à tout prix la division de la Belgique, mes propos y mèneraient.
J'en profite pour remettre la NVA sur la table. Le plus gros problème, c'est que rien que l'évocation de ce parti en Wallonie fait hérisser les poils de l'interlocuteur francophone. Moi le premier. Et donc, nous rentrons tout de suite dans l'émotion. Dans le paysage politique francophone, il n'y a pas d'extrême droite, et heureusement, il y a peu d'électeurs près à voter pour ce type de parti. Dès lors, dès que nous entendons parler de populisme, le blocage apparaît. Que ce soit légitime ou non, la question n'est pas là.
Maintenant, il faut nous mettre à la place de l'électeur flamand et regarder le paysage politique en Flandre : il n'y avait pas réellement de parti de droite. Un petit peu comme de notre côté de la frontière linguistique, l'open VLD n'est pas conservateur, tout comme le MR. Ensuite, il y avait le Vlaams Belang, et marginalement, la LDD (Lijst Dedecker). Point. Il faut donc voir que cette montée de la NVA est en partie due à son positionnement stratégique sur l'échiquier.
Deuxièmement, il ne faut pas oublier la personnalité de son leader. Entre ses petites phrases, son ironie, sa brillante participation au jeu «De slimste mens», il a séduit un électorat qui le trouvait «sympatoche». Ici, ses idées ne rentrent même pas en ligne de compte. J'ai envie de le comparer dans un tout autre registre à notre «Papa» Daerden. C'est son charisme qui a mené la NVA là où elle est. Ce qui ne me le rend pas plus sympathique pour autant, mais c'est une autre histoire.
Et le séparatisme dans tout ça? L'évaporation de la Belgique? Ces mots ont, bien évidemment, eu un beaucoup plus grand impact de notre côté du pays. En Flandre, cela n'a pas été perçu de la même manière. Je dirais que chez nous, rien que le fait d'évoquer cette fin provoque des réactions irrationnelles qui vont de la peur à la demande de rattachement à la France. Tandis que les flamands ne nous comprennent pas, car pour eux, il n'en est pas question.
Mais pourquoi n'en est-il pas question? Parce qu'ils sont belges, pardi. Comme vous, comme moi. Du moins, pour mes lecteurs belges. Combien y a-t-il de francophones rattachistes à la France? Une toute petite minorité, et pourtant, ils font un grand buzz. J'ai envie de dire que la peur du séparatisme fait vendre, et donc cela fait également partie du jeu médiatique.
Et tous ces extrémistes du TAK, du VB et les liens de la NVA avec l'extrême droite? Ils doivent continuer à être dénoncés et clairement combattus. Mais l'électeur flamand lambda n'est pas dans cette mouvance. Je pense que c'est un petit peu comme l'UMP qui essaie de chercher des voix chez Marine, et qu'il y a des élus derrière Sarko qui ont des idées nauséabondes. Pourtant, nous ne considérerons pas que l'électeur français de droite est néo-fasciste.
Et la périphérie de Bruxelles, et les bourgmestres non-nommés? Et si pour une fois j'arrêtais de hurler et je réfléchissais? Damien Thiéry était sur la première hier matin, et il a clairement dit que le seul problème que cela posait était qu'il prenait la place d'un échevin. De plus, les flamands se rendent compte que leurs attaques ne font que renforcer la dualité Fl/Fr sur les listes de ces communes et que ce n'est pas une bonne stratégie pour leurs élus. Ce ne serait donc que des manœuvres bassement électorales? Oui et non. Je pense qu'il y a la volonté de faire chier aussi, parfois l'humain prend le dessus.
Et Bruxelles? Si elle est enclavée en Flandre, que va-t-il se passer? J'ai envie de dire que ça ne peut pas être pire. Pour le moment, la capitale est vampirisée par les deux autres régions qui profitent pleinement du marché de l'emploi sans la refinancer. Bruxelles pourrait devenir Brussel? Je l'ai longtemps pensé, mais je n'y crois plus du tout. Elle a vocation à être une ville cosmopolite, j'ai envie de parler de N-Y européenne.
Et Maingain? Jusqu'à ce week-end, j'étais très content de son blocage institutionnel. Parce que j'étais persuadé que le flamand voulait aller vers la fin de la Belgique, je trouvais qu'il faisait parfaitement son travail : empêcher toute avancée dans ce sens. Aujourd'hui, je me pose une autre question : est-il capable d'un compromis? Ou bien, est-il le penchant de De Dewer: l'épouvantail contre l'autre communauté? Ces deux-là ne sont-ils pas les politiciens à qui les blocages profitent le plus?
A bien y réfléchir, je suis à nouveau persuadé que la Belgique a un avenir. Nos amis du Nord ne sont certainement pas plus séparatistes que nous. Il faut donc absolument renouer le dialogue, et surtout réapprendre à se connaître, à se lire, à se comprendre. Et sincèrement, même si certains croient que les francophones n'ont pas les capacités intellectuelles pour apprendre le néerlandais, un petit effort pour l'étudier est le bienvenu en ce moment.
Si nous ne voulons pas la fin de la Belgique, ne mettons pas le chantier de la destruction en route.
Si 50 % des Flamands votent pour des séparatistes sans le savoir, c'est que 50 % des Flamands sont des imbéciles...
RépondreSupprimerCe n'est pas qu'ils ne le savent pas, c'est qu'ils ne croient pas en la fin de la Belgique. Je pense que si dans le brabant wallon, un parti venait avec les mêmes thèses que la NVA, elle aurait du succès. Même si l'étape ultime serait le séparatisme. Mais, et c'est un grand mais, il y a déjà tellement de difficultés à scinder B.H.V., ce n'est pas demain que la Belgique sera splittée.
RépondreSupprimerJe conseille de faire un tour sur une des pages de l'excellent blog "Politique belge (et autres...)"
RépondreSupprimercliché2 les flamands veulent la fin de la belgique