jeudi 20 octobre 2011

Aujourd'hui, c'est l'été.

Aujourd'hui, c'est l'été. Les journées s'allongent, mais la fin de l'année est plus proche que le début. Les journées ensoleillées s'enchaînent et pourtant, inexorablement, le mouvement vers l'automne est entamé. Les rayons puissants vont s'attaquer à la couleur des branches, les fleurs vont se faner et les feuilles vont tomber. C'est pour demain.

Hier, c'était encore le printemps. Avec les bourgeons sur les branches, les premières chaleurs qui laissent les vestes aux porte-manteaux ou la nature qui fait naître la vie au son des gazouillis d'oisillons. Sous les effets de la belle saison, j'oublierais presque que la nature s'éveillait il y a seulement quelques heures, hier.

Lorsque je me rase le matin, je vois encore ce bel adolescent boutonneux qui cherchait ses quelques poils à faire disparaître avec ses premières lames. La coupe de cheveux est passée par différents stades, et pourtant, c'est bien le même garçon qui se regarde dans le miroir. La peau lisse a cédé la place aux premières rides, et la barbe scintille de gris.

Maintenant que je profite de mon été, je ne peux m'empêcher de repenser à mon printemps, si proche et pourtant si lointain. Le peu de différence est saisissant. Néanmoins, il y a bel et bien 20 ans qui me séparent de mon moi jeune étudiant. J'ai à peine vu passer la saison de l'éveil que je suis déjà rentré dans celle du labeur.

Je me souviens encore du goût des baisers fougueux sur mes lèvres, de ces embrassades où nous nous jurions de ne jamais nous quitter. De la découverte des premiers émois, du doux toucher d'une poitrine ou de l'exploration souvent maladroite et rugueuse du sexe de l'autre. Que sont devenues ces mains qui se sont tant serrées?

Je me rappelle des relations passionnées, il n'y avait pas de nuances: Aimer ou Haïr, Vivre ou Mourir, Être ensemble pour l'éternité où s'Éteindre à jamais. Les conquêtes, les révélations, les trahisons torturaient jusqu'à la déchéance. Qu'est-il advenu de ces amants qui se sont tout donné, qui se sont Aimés à en crever?

Je sais maintenant que le whisky ne se mélange pas avec du coca, que le bon vin se laisse désirer et déguster, que la musique classique n'est pas chiante, que l'opéra se savoure, que les meilleurs livres ne sont pas de Marc Lévy. Je sais aussi que ce sont dans les nuances que se trouve le trait de génie des artistes, ou que la palette des sentiments ne se limite pas au blanc ou au noir.

Je connais la texture de ces seins qui ont été délicatement refaçonnés par le temps, je ressens les variations des baisers qui susurrent bien plus que des missives. Mais les mots Amour et Toujours ne sont plus nécessairement écrits avec des majuscules lorsqu'ils sont dans la même phrase. Les corps se donnent passionnément, sans se promettre de futur éternel.

Au printemps, les fruits à peine mûrs se dégustent sans regrets tandis que durant l'été, c'est la préparation de l'automne qui est entamée. Alors qu'il y a quelques jours, l'Amour se vivait sans réserve, il faut maintenant le réserver, le préserver. Être raisonnable est souvent beaucoup plus important que d'être enflammé, aimer pour la vie prévaut sur Aimer pour l'Éternité.

Petit à petit, les adultes se résignent à entrer dans l'automne le plus confortablement possible, eux qui savent déjà qu'ils ne passeront pas l'hiver. Mais est-ce cela Vivre avec une majuscule? Accumuler ses fruits, son vin et son blé tout en protégeant ses noisettes? Je ne mange pas de ce pain là. Quitte à ne pas connaître la fin de l'automne, je veux encore brûler sous le soleil d'été.

Je veux encore avoir ces coïts clandestins derrière les buissons, ces pelotages jouissifs car furtifs. Je veux encore vivre ces étreintes qui sont belles car immortelles. Je veux encore sentir mon cœur qui bat par Amour car il t'a reconnue. Je veux encore et toujours que le temps s'arrête pour ces âmes inséparables qui se donnent forever and ever. Je veux encore Vivre d'Aimer.

Manger les fruits à peine mûrs au milieu à la fin de l'été, croquer ses dernières réserves de jeunesse quitte à mourir de vivre. Embraser son grenier pour une embrassade. Serrer la main de sa maîtresse et être de ces amants qui se damnent pour se retrouver. Malgré l'arrivée de la pluie, et bien que ce soit la fin de l'été, je veux encore Aimer à en Crever.

Parce que l'hiver sera vite là.

4 commentaires:

  1. Aimons-nous vivants !
    :-)

    [L'âge c'est quand on commence à stocker du bois plutôt qu'à y foutre le feu ! :-) Beau texte ! :-)].

    RépondreSupprimer
  2. merci pour le compliment. Je suis donc encore jeune:)

    RépondreSupprimer
  3. Superbe texte, merci ! Je m'y retrouve, la barbe scintillante en moins...

    RépondreSupprimer
  4. @Myriam.Z merci, et effectivement je ne t'imagine pas en femme à barbe:)

    RépondreSupprimer

Et on démarre une autre histoire....

Une page se tourne aujourd'hui avec la fin de mon blog en cet endroit. En effet, j'ai décidé de ne plus l'alimenter à cette adr...