Cristina
Fernández de Kirchner a été réélue au premier tour des élections
présidentielles en Argentine. Évidemment, à part quelques dépêches
copiées/collées depuis l'AFP, rien n'a filtré sur cette victoire.
La cause en est très simple, c'est la veuve de Nestor Kirchner. Il
fut président de 2003 à 2007. Mais pourquoi donc les médias se
taisent?
Tout
simplement, parce que c'est le président qui a réussi à redresser
son pays sans l'aide du F.M.I. Pire encore, il a envoyé la prestigieuse institution sur les
roses. Cela ne doit donc pas se savoir. En effet, que se passerait-il si les
populations des pays mal gérés se rendaient compte que les requins
capitalistes étaient là pour imposer des plans de rigueur à des
taux usuriers?
Aujourd'hui, le monologue incessant de la pensée unique nous gave de «crise
économique», de «plan d'austérité», de «mauvaise gestion», de
«crise de la dette», ou encore de «solidarité de la zone euro».
Je ne sais pas si c'est parce que nos gouvernants ne connaissent pas ce pays ou qu'ils le font exprès, mais j'aimerais bien qu'ils se
concentrent sur le cas de l'Argentine.
Lorsque
ce pays, étranglé par les dettes, a atteint un taux record de la
population vivant sous le seuil de pauvreté (environ 50%) il a osé
défié le FMI et lui faire un grand bras d'honneur. C'était la plus
belle manœuvre économique et politique faite par un pays en voie de
sous-développement pour s'en sortir. Et il a réussi à sérieusement
se relancer.
Le
plan était très simple ¹
- Sans consommation pas de relance
- Un excédent fiscal est essentiel mais on y parvient seulement dans le cadre de l'expansion économique
- L'excédent fiscal devait servir à réduire la dette, avec une dure restructuration au préalable
- Les comptes publics solides permettent une gestion autonome du taux de change, avec des interventions stabilisatrices sur les marchés.
Le
plus comique c'est que le FMI n'avait pas approuvé le plan.
Les
chiffres² parlent pour nous: le chômage passe de 20,7% en 2001 à
8,7% en 2007. Le taux d'investissement (% du PIB) de 14,2 (2001) à 23
(2006) et le solde budgétaire de -5,9% en 2001 à +3,4% en 2004 et
+1,5% en 2006. Il n'y a pas besoin d'être prix Nobel en économie
pour se rendre compte que cela a été efficace.
«En
effet, sa politique centre gauche d'inspiration nationaliste, va
rapidement se traduire par une fermeté exemplaire dans les
négociations menées avec le FMI et les différents créanciers du
pays, afin de défendre les intérêts nationaux»³. Est-ce que ce
type de réussite ne pourrait pas inspirer nos leaders politiques?
J'aimerais
souligner la rapidité avec laquelle tout cela a été fait. Une
dizaine d'années seulement. Mais il faut aussi souligner qu'à la fin
des années 80 l'Argentine a appliqué les consignes du FMI à la
lettre. Au point que Carlos
Saúl Menem, président de 1988 à 1999 affirma:« l'État
fédéral ne devra plus s'occuper que de la justice, de l'éducation,
de la santé, de la sécurité et des relations internationales.»
En
2011, nous savons que le FMI n'a jamais réussi à sauver un
quelconque pays. Nous savons également qu'il est à la solde des
grands argentiers et prône une politique pure et dure, complètement
inhumaine. Alors pourquoi donc vouloir absolument continuer à avoir
confiance en cette institution?
Nous
avons l'exemple d'un pays qui a réussi à renouer avec la croissance
tout en ne laissant aucun de ces concitoyens sur le bord du chemin.
Alors pourquoi est-ce qu'il n'est pas possible de seulement étudier
cette réussite et peut-être en tirer parti? Nous avons devons nos
yeux la plus belle réforme économico-sociale jamais réalisée à
notre époque.
Faut-il
attendre que la rue gronde et que des hommes et des femmes perdent la
vie? Faut-il que la pauvreté atteigne aussi 50% des habitants
européens? Avec l'Argentine, nous avons une observation in
sitio
de ce qui se produit lorsqu'on suit les consignes du FMI et lorsqu'on
ne les suit pas. Dans la situation actuelle, mon choix est fait:
Sacrifier
le FMI sur l'autel de l'Intelligence Humaine.
¹Roberto Lavagna, ministre de l'économie et de la production de l'Argentine (2002-2005): Réduction de la dette publique: souvenons nous du désastre argentin dans les Échos du 22/07/10
² et ³ Colin Céline, La gestion de la crise argentine 2001-2002, Université Paris-Dauphiné, Mars 2009.
On sait que le FMI = les rentiers. Donc oui, acrifions ! :-)
RépondreSupprimer[Si on rase le FMI, on dira que DSK a encore eu du nez de se barrer avant l'heure ! :-)].
Excellent article. Une analyse intéressante. Nous devrions ajouter que cela a été accompagné par une forte plan d'inclusion, une forte expansion des droits des minorités et desenmarcaramiento les médias. Lorsque se demande pourquoi les médias ne parlent pas par exemple l'Argentine, la réponse est simple: Les médias sont les porte-parole des gagnants de la crise.
RépondreSupprimerSalutations de l'Argentine ...