L'homme politique De
Wever, en visite chez les nationalistes Écossais, nous a gratifié
d'une de ses petites phrases incendiaires. Une fois de plus, il
arrive à bien utiliser le marketing populiste et à se poser un
pauvre petite victime du système politique reconnu comme le moins
mauvais. Aujourd'hui, il nous déclarait fièrement «La Belgique
n'est plus démocratique».
Bien entendu, c'est à
cause de la minorité francophone qui bloque les réformes
coperniciennes dont la Grande Flandre rêve depuis des décennies.
Par contre, l'historien De Wever se tait. Il doit probablement
s'étrangler lorsqu'il entend les mots qui sortent de sa propre
gorge, mais sous l'étiquette nationaliste du leader de la NVA.
Qu'est ce que la
démocratie? Dans le dictionnaire Larousse, la définition du mot est
la suivante: «Système politique, forme de gouvernement dans lequel
la souveraineté émane du peuple.» À moins que je ne sois rentré
dans la quatrième dimension à l'insu de mon plein gré, c'est bel
est bien le cas dans la Belgique d'octobre 2011.
En général, cette
notion de «démocratie» est liée avec l'égalité entre les
individus ainsi que la liberté de ceux-ci. Ce terme est également
l'antonyme de tyrannie, despotisme, dictature, c'est à dire des
régimes qui ont clairement montré leurs limites et leurs atrocités.
À nouveau, si j'ai bel et bien les pieds dans le même espace-temps
que Bart, la Belgique est démocratique.
Pour être plus précis,
le système politique belge est une démocratie représentative. C'est à dire que les élus sont (plus ou moins) désignés suivant le nombre de voix des électeurs. Une fois intronisés, ceux-ci sont sensés former une majorité qui reflète le
choix des citoyens ayant pris part aux élections. Et oui, c'est
démocratique.
Qu'est ce qui peut bien
faire dire au leader de la NVA que «la Belgique n'est plus
démocratique»? Ah oui, la majorité flamande n'a pas assez de
pouvoir contre la minorité francophone. Ce sont certainement les
pauvres junkies du sud qui empêchent les courageux travailleurs
flamands de gérer leur région comme ils le souhaitent.
Quoique Mr De Wever en
dise, la Belgique est bel et bien démocratique. Il s'est mis
hors-jeu dans les négociations, mais il ne représente «que» 30%
de l'électorat flamand. Ce sont ces fameux schizophrènes qui sont
pro-Belgique, mais qui votent pour le parti qui en veut la fin. Mais
à côté de ces nationalistes, il y a tout de même beaucoup
d'autres alternatives.
Chez les négociateurs,
ce sont CD&V, Open VLD, SP et Groen du côté flamand et CDH, MR,
PS et Ecolo du côté francophone. Ils représentent 2/3 des
électeurs belges afin de pouvoir réformer l'État. Eux, ils ont
recherché des compromis pour rendre la demande flamande possible et
réalisable. Ce n'est pas de la démocratie, cela?
Mais, évidemment, il est
beaucoup plus facile de critiquer que de regarder sa propre réalité
en face. Parce que, bien entendu, Bruxelles bloquée
par une infime minorité de flamingants paraît tout à fait
«normal». Que la ministre Grouwels ne pèse même pas 0,5% et
qu'elle soit ministre Bruxelloise ne fait même pas réfléchir Bart.
Moi oui.
Le combat pour le
maintien de la démocratie et des libertés fondamentales est une
lutte journalière en Belgique. Et heureusement, il y a des femmes,
des hommes, des militants, des politiques et des intellectuels qui se
lèvent chaque matin pour dénoncer les aberrations du nationalisme
flamand. Parce que la marche des chemises brunes vient du nord,
pas du Sud.
Si la démocratie de Mr
De Wever, c'est interdire aux enfants de Hal de parler français sous
peine de punition, si c'est interdire l'affichage politique en
français, si c'est verbaliser la moindre phrase en français, si
c'est voler des territoires peuplés de gens parlant français, si
c'est contraindre Bruxelles à ne plus parler français,...
… Si c'est venir se
pavaner au son des «Franse Ratten», si c'est lancer des œufs
congelés à la gueule des «franskilloenen», si c'est fermer les
yeux sur les lynchages policiers lors de contrôles sur les
francophones, ou si c'est espérer mettre à genoux tous les
francophones qui se battent pour garder leurs droits de citoyens
Belges dans leur propre pays...
Alors, effectivement, la
Belgique n'est pas démocratique. Parce que la démocratie, c'est
l'égalité de tous les citoyens, c'est la liberté d'expression,
c'est la liberté de se déplacer, de se réunir, d'échanger des
idées. La démocratie, c'est aussi la tolérance, l'ouverture
d'esprit, le respect de l'autre et des ses différences. La
démocratie, c'est tout simplement l'apogée de la vie pacifique en
société.
Ce que proposent les
nationalistes, ce n'est pas la démocratie, non. Même si Bart De Wever
aimerait le faire croire.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire