C'est un Brandon
réellement fatigué que j'ai eu ce matin au téléphone. Car cette
semaine, il a eu l'occasion de partir en voyage en France. En effet,
chaque année, avec les A.A. de Warquignies, ils partent faire un
pèlerinage du côté de Lyon, à Beaujeau plus précisément. Depuis
maintenant 38 ans, la tradition est respectée.
Et quand on parle de
folklore ou de transmission, Brandon qui rêve de devenir prof
d'histoire, est toujours le premier participant. Cette année, c'était lui qui était en charge de la
sortie des A.A. Heureusement, l'organisation, ça le connaît. Lui
qui jongle entre son ex et sa sœur, sa maîtresse et quelques
extras, les plannings, il
gère.
Pour
25 euros par personne, il y a l'aller-retour en autocar semi luxe 2
étoiles avec toilettes portables, radio-cassette. Ventes de
carapils à 20 centimes d'euro durant le trajet. Sac à vomissure
spécialement conçu pour les reflux liquides gracieusement fournis
par le chauffeur. Départ le mercredi 18h, retour plus ou moins le
vendredi aux alentours de 20h.
Grâce
aux subsides de la commune, de la fondation Fabiola pour déficients
mentaux et à l'office de tourisme de la ville de Beaujeau, le tarif
exceptionnel leur permet également de bénéficier de trois visites
de caves, le jeudi matin et après-midi, et le vendredi matin. Les
participants ont le droit également à un verre collector et une
bouteille de beaujolais par personne.
Il
va sans dire que les 48 places ont été vendues en moins de 10
minutes et que de nombreux camarades se contenteront de fêter
l'arrivée du beaujolais nouveau lors de la non moins traditionnelle
soirée au café Le Germinal. Le bistrot en profite d'ailleurs pour rappeler que le rouge
est non seulement la couleur du vin, mais aussi celle du sang et du
socialisme.
Brandon
peut être fier de lui, car la petite excursion a été un succès du
début à la fin du voyage. La convivialité et la célèbre
joyeuseté des habitants du borinage a de nouveau été démontrée
et exportée. Tous les voyageurs sont rentrés fatigués mais très
satisfaits de leur sortie annuelle. Tous ont plébiscité notre héros
et ont déjà réservé leur place pour l'année prochaine.
Pourtant,
tout ne fut pas facile pour notre apprenti G.O.¹ Le départ fut
épique, à 18h15, la plupart des voyageurs étaient encore en train
de vider leurs bières en faisant les adieux à leurs familles qu'ils
avaient peur de ne jamais revoir. Mais lorsqu'ils ont vu le nombre de
carapils dans les soutes, ils sont rentrés dans le car qui put
finalement démarrer à 18h17.
À
peine sortis de l'entité, ils savaient déjà qui paierait sa
première tournée de vin. Et oui,... comme à son habitude Ghislain,
dit vomito, a inauguré les nouveaux sacs à gerbe. Après les
applaudissements de circonstance, il fit cul-sec avec une de ses
canettes et tout était rentré dans l'ordre. Et c'est à coup de
«Elle me l'avou toudis promis » que les joyeux lurons
passèrent la frontière.
Vers
6H du matin, ils entrèrent dans leur Mecque du vin. Pile à l'heure
pour attaquer le petit déjeuner vinifié aux raisins régionaux.
Comme chaque année, c'est au bar P.M.U qu'ils furent accueillis avec
leur bouteille tant espérée de la cuvée 2011. Seul, notre Ghislain
dû rester dehors. Officiellement parce qu'il fumait.
Officieusement,
tout le monde connaissait son surnom et il avait bien démontré chez
les camarades français que son appellation contrôlée n'était pas
usurpée. Mais le patron du bar se rappelait surtout de lui, parce
qu'il avait essayé de trousser sa femme alors qu'elle s'était
penchée pour ramasser le vomi... Et cela ne lui avait pas réellement plu, car il ne lui avait pas demandé la permission.
Après
leur sustentation locale, ils attaquèrent la visite de la première
cave, puis de la seconde, et ensuite tout se brouilla dans l'esprit
de notre tour opérateur guindaillesque. Il se rappelle que petit à petit,
l'autocar se remplissait de vin tandis que le groupe se dispersait.
Des couples étranges se formaient aussi.
C'est
un peu cela aussi les voyages: la découverte des autochtones, de
leurs coutumes, de leurs mamelles. Tandis qu'il perdit son groupe,
Brandon lui se retrouva au fond d'une cave entouré de gens tous nus.
L'image d'après, il se voit en train de lécher les seins de la
patronne du vignoble qui ressemblait furieusement à une de ses
connaissances.
L'après
trou noir fut particulier, car il s'est réveillé dans la cave, nu
comme un ver en train d'embrasser une des participantes de son village: Léa, 74 ans, qui avait retiré son
corset et son dentier. Plutôt que de se poser des questions
embarrassantes, les jeunes amants décidèrent de boire le vin au tonneau
avant de retrouver leur car du retour. L'odeur de vieille bientôt
morte collait à la peau de Brandon.
Le
démarrage fut beaucoup plus laborieux, car de nombreux voyageurs
n'étaient pas à l'heure. La plupart d'entre eux arrivèrent dans la
même fourgonnette bleue. Par chance, les policiers locaux aimaient
reconduire les étrangers à la frontière et ils s'assurèrent que
tout le monde était dans l'autocar vers la Belgique.
Le retour était très calme. De
temps en temps, il était possible d'entendre quelques spasmes et
hoquets de ceux qui avaient malencontreusement exagéré. Et pour continuer la fête, il y avait aussi Léa revivifiée qui montrait son minou en espérant que quelqu'un décide de l'honorer une nouvelle fois. Ses sourires mielleux adressés à Brandon en disaient
long:
«Vivement
le prochain voyage avec les Alcooliques Assoiffés de Warquignies»
¹Guindailleur Organisateur. Le terme G.O. n'a rien à voir avec celui de la marque au trident qui a déposé ce nom. L'auteur ne voulant pas de problèmes avec son ancien employeur rappelle que cette abréviation représente une fonction d'organisation de guindaille et non un faux sportif pseudo gentil qui essaie de se trouver une bourgeoise pleine de pognon.
Toues les aventures du héros sur la page Brandon, le Wallon
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