Je ne veux pas être Grec. Je devrais plutôt préciser : je ne veux pas être dans la situation des Grecs d'aujourd'hui. Je vais même encore ajouter : je ne veux pas me faire attaquer de toutes parts par les requins des finances et du monde richissime qui veulent me manger tout cru. Je ne voudrais pas voir l'arrivée des prédateurs qui ont appauvri mon pays pour mieux me le voler.
C'est très facile pour l'Europe et le monde entier de venir pointer le doigt sur la mauvaise gestion du pays et la corruption latente. C'est très simple de venir accuser le peuple Grec dans son ensemble et venir lui imputer tous les maux. Bien sûr, il est évidemment beaucoup plus agréable de rejeter la faute sur le plus faible.
Mais avoir la lâcheté de venir dire que les citoyens lambdas sont responsables de la crise de l'Euro et de toutes les calamités qui tombent sur le continent est d'une facilité déconcertante que je refuse de cautionner. Car l'Europe, justement, est fautive. C'est la Communauté Européenne qui doit donc assumer sa honteuse collaboration à la ruine du pays.
Revenons rapidement sur l'Histoire contemporaine grecque. La dictature des colonels se termine en 1974, en 1980 elle réintègre l'O.T.A.N. et en 1981 elle intègre la C.E.E. La pauvreté du pays était bien connue, mais qui aurait pu aller contre l'intégration du berceau de la démocratie? Le pays était catalogué socialiste et stratégique dans la situation géopolitique des Balkans.
Dans les années de 1994 à 1999, le Hainaut (ma région) avait été aidée par la Communauté Européenne. Je me souviens très bien qu'à l'époque nous n'étions pas fiers d'être aidés au même titre que la Grèce ou le Portugal... Tiens donc, c'est bien avant l'Euro, non? Ce que je veux dire par là, c'est que nous savions tous quelle était la situation de la Grèce.
Je n'étais pas très content de la gestion de ma province à l'époque, mais que se serait-il passé si à l'époque j'avais été un citoyen Grec? Et surtout qu'est ce que j'aurais pu faire? Qu'est-ce que j'aurais pu mettre en oeuvre si mon gouvernement avait détourné tout cet argent et que j'aurais été incapable de l'en empêcher? Rien, probablement.
Car tout est là, durant plus de vingt ans, les gouvernements grecs qui se sont succédés à la tête du pays ont été corrompus par les dirigeants européens et par les différents lobbies. Qui a continué à donner de l'argent sans contrôle? Qui a fourni de l'armement? Qui a donné les jeux olympiques? Qui a laissé faire tout cela sans jamais intervenir?
Toute personne qui a voyagé en Grèce sait que les habitants avaient les yeux bien ouverts. Tout le monde savait ce qu'il se passait, c'est vrai. Qui peut me faire croire que nos dirigeants, eux, ne savaient pas? Qui ose venir me dire que personne ne voyait rien et que c'est en toute ignorance que l'Europe a laissé faire?
Si vous aviez eu 30 ans en 1990 et que vous aviez connu le régime dictatorial des colonels, est-ce que vous auriez osé sortir dans la rue? Est-ce que vous auriez risqué d'être torturé ou tué alors que l'avenir semblait radieux? Est-ce que si, au même moment, vous aviez eu l'Europe qui vous vendait de l'espoir, vous n'y auriez pas cru?
Au début du deuxième millénaire, l'Europe justement a continué à déverser des millions d'euros à fonds perdu. C'est pourtant cette même Europe qui a accepté que la Grèce entre dans la zone euro. Est-ce que c'était un choix judicieux? A qui profitait le crime? Et quels intérêts étaient en jeu pour accepter cette aberration? Est-ce que le citoyen lambda, pour en revenir à lui, pouvait donner son avis?
Si j'étais Grec en 2011, je vomirais l'Europe. Oui, sincèrement. L'Europe, l'Euro et le F.M.I. Je ferais un beau gros doigt d'honneur à tous ces états qui veulent soi-disant m'aider. Parce que ce sont ces mêmes états qui ont laissé la situation actuelle se dégrader. Ce sont eux qui ont soutenu et parrainé la décadence de mes gouvernants, sans qu'ils ne me laissent intervenir.
Si j'étais Grec, que devrais-je penser de Sarkozy qui m'impose la terreur des plans de rigueur tout en ayant des contrats d'armement dans sa mallette? Que devrais-je penser de Merkel qui voudrait me prêter de l'argent à taux usurier tout en voulant me refourguer des sous-marins? Si j'étais Grec, j'exècrerais ces personnages.
Si j'avais été ce grec lambda pendant les années 80, 90 et 2000, j'aurais été dégoûté de voir mon pays corrompu, mais l'optimisme et la soif d'un projet d'avenir m'auraient probablement porté vers une aspiration de solution. J'aurais eu l'assurance que la commission européenne aurait fait cesser ces actes de haute trahison de mes propres édiles.
Mais si j'étais Grec aujourd'hui, en septembre 2011, et qu'après toutes ces années d'aide au pillage, de sauvegarde du système de détournement et de soutien au pourrissement de mon pays, les Européens oseraient me demander de leur vendre mon pays, et bien je les enverrais chier. Point. Comment pourrait-il en être autrement?
Si j'étais Grec, je mettrais mon pays en faillite et j'enverrais toute l'Europe se faire voir... chez les Grecs.
Voici une vidéo qui illustre mon billet du jour on-news.gr